“Libérez Mourad !”

Partager

En plus de la daïra de Beni Douala qui a été hier, totalement paralysée, les cours ont été gelés à l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, en solidarité avec la famille Billek et pour exiger la libération «immédiate» du jeune Mourad, enlevé Mercredi dernier sur les hauteurs de la commune d’Ath Aïssi.

Hier, 9 heures, la station des fourgons desservants la ligne Beni Douala –Tizi Ouzou était déserte. Les transporteurs ont décidé de faire grève en solidarité avec la famille du jeune kidnappé. Un signe avant coureur de la mobilisation et de l’adhésion massive au mot d’ordre de grève générale, deux plutôt, par la coordination des comités de villages de l’Aarch n’Ath Douala. Tout au long du chemin qui monte vers le chef-lieu de Beni Douala, la circulation était fluide et les véhicules se faisaient rares. Arrivés une demi heure après au chef-lieu de Beni Aïssi, à moins de quinze kilomètres du centre-ville des genêts, il était aisé de constater la très large adhésion populaire au mot d’ordre de grève, en solidarité avec la famille du jeune kidnappé. Même si la peur et l’appréhension se lisaient sur les visages des citoyens, la détermination, mais aussi la solidarité agissante que montre la population, prouvent, une fois de plus, que la région a dépassé ses réticences et ses hésitations pour se mettre « pleinement » aux cotés de la famille Billek dont le fils, âgé d’à peine 18 ans, est entre les mains de ses ravisseurs depuis Mercredi dernier. L’action d’hier a été décidée, nous apprend un membre de la cellule de crise installée Vendredi passé à l’effet de suivre l’évolution de la situation, au cours d’une réunion tenue Samedi au centre-ville de Beni Aïssi. Hier, aux environs de 10h, une caravane qui a regroupé plusieurs dizaines de véhicules s’est dirigée vers le chef-lieu de daïra où attendait, déjà une foule nombreuse, à l’affût de la moindre information sur le jeune Mourad. Une virée aux quatre coins de la région nous a permis, en effet, de constater que c’est toute la daïra de Beni Douala qui a été paralysée par la grève générale, initiée par la coordination des comités de villages en signe de solidarité avec la famille du jeune Mourad Billek, enlevé Mercredi dernier non loin du chef-lieu communal de Beni Aïssi.

« Beni Douala, ville morte… »

Les quatre chefs lieux des communes de la daïra des Ath Douala offraient, en effet, l’image de villes « fantômes ». L’appel, diffusé avant-hier par ladite coordination, a recueilli une forte adhésion de la part des citoyens de la région qui ont massivement suivi le mouvement de grève. Ainsi, Ath Aïssi, Beni Douala, Aït Mahmoud et Ath Zmenzer, ont été complètement paralysées. L’on voudra pour preuve les commerces restés fermés durant toute la journée. Aux environ de 10h du matin, les membres de la cellule de crise, ainsi que la famille de la jeune victime de cet énième rapt en Kabylie, ont improvisé une brève prise de parole au centre-ville de Béni Aïssi, invitant toute la population à se joindre à la caravane de sensibilisation et à participer au rassemblement prévu au chef-lieu de la daïra de Beni Douala. C’est justement dans la grande place publique de centre-ville d’Ath Douala qu’a eu lieu le rassemblement de soutien et de solidarité avec la famille Billek. À l’occasion, le maire d’Ath Aïssi remerciera, au cours d’une intervention faite devant une forte présence de citoyens, que le phénomène du kidnapping doit « s’arrêter » pour permettre à la région de « respirer » et à ses enfants de « vivre en paix ». Le président de l’APC d’Ath Aïssi remerciera, dans la foulée, l’Aarch n’Ath Douala pour « le soutien , la solidarité et la conviction que les citoyens ont montré dans cette pénible épreuve que traverse non seulement la famille Billek mais toute la région », déclare Hayouni Berchiche, maire d’Ath Aïssi, qui n’omettra pas de citer également l’implication des commerçants et, aussi, des employés des différents secteurs, publics ou privés, pour la réussite de cet acte de solidarité « la population exprime, par l’adhésion massive à cette action de solidarité son ras le bol », avant d’appeler à la « libération immédiate du jeune Mourad ». visiblement très ému, le frère du jeune Mourad Billek qui, pour rappel, a passé hier sa huitième nuit en captivité rendra hommage à toute la population qui a montré sa solidarité agissante, « je remercie toute la population qui a respecté le mot d’ordre de grève en solidarité avec notre famille. La mobilisation continuera jusqu’à la libération de Mourad », déclare t-il. Le frère du jeune Mourad ajoutera que la mobilisation ira au delà de la libération du jeune kidnappé Mercredi dernier, par un groupe armé opérant à visages découverts et arborant des tenues militaires, « les kidnappings, le racket, les vols, l’insécurité tout ça doit cesser dans la région », clamera t-il devant une foule nombreuse. Les membres de la cellule de crise nous ferons savoir qu’une réunion d’évaluation de la grève générale devait se tenir en fin de l’après-midi d’hier pour, également, préparer la caravane qui partira aujourd’hui, aux régions limitrophes des massifs forestiers de la région. Dans le même sillage, on apprendra qu’une marche populaire aura lieu demain, Jeudi, au chef-lieu communal d’Ath Aïssi. Par ailleurs, on ignore si des contacts ont été noués avec les ravisseurs dans l’optique de recueillir leurs exigences.

«Résistance contre le fatalisme, la Kabylie montre le (bon) chemin …»

La wilaya de Tizi-Ouzou aura vécu l’un des mois les plus pénibles sur le plan sécuritaire. Le mois de mars a été marqué par plusieurs actes du genre, qui ont jeté l’émoi dans les coeurs et la peur dans les esprits. En moins de quatre ans, la Kabylie a enregistré plus de soixante cas d’enlèvements. Le phénomène a pris de l’ampleur, semant psychose et terreur sur les routes de la région. La population tente, quant à elle, de résister et de garder le moral. Que ce soit à Beni Douala, Mechtras, Ath Aïssi ou Boghni, nous avons eu, surtout, à constater de prés ce formidable élan de solidarité affiché par les citoyens. Ces derniers ne voient guère le kidnapping comme une fatalité bien au contraire, ils ont exprimé leur entière désapprobation et leur volonté de surpasser cette sérieuse épine. Au delà de peur, du reste légitime, la Kabylie respire toujours le courage d’antan. Sur les routes du kidnapping à Tizi-Ouzou, la peur ne prend jamais la place de la résistance et du courage. C’est la Kabylie qui refuse de sombrer dans les méandres de l’insécurité.

A. Z.

Partager