Accueil Évènement "10 camions à bennes tasseuses sont en panne"

Entretien avec Allaoua Mouhoubi, vice-président de l’APC de Béjaia, chargé de l’hygiène et de l’environnement : "10 camions à bennes tasseuses sont en panne"

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Des tonnes de déchets ménagers s’entassent ces derniers jours dans les différents quartiers de la ville de Béjaia, Allaoua Mouhoubi, dans cet entretien, nous en donne les causes, nous fait de la gestion des moyens dont dispose l’APC et nous promet une amélioration pour les tout prochains jours.

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La Dépêche de Kabylie : Depuis quelque temps, des citoyens constatent et s’en plaignent des amoncellements énormes d’ordures dans plusieurs quartiers de la ville et de la périphérie. Qu’avez-vous à dire là-dessus ?

Allaoua Mouhoubi : Effectivement, il n’échappe à personne que la collecte des déchets ménagers s’est dégradée nettement ces derniers jours, notamment depuis dimanche 17 juillet. On l’a constaté dans de nombreux quartiers de la ville et dans la périphérie. On peut donner comme exemple les 1000 logements, les 600 et les 300 logements à Ihadaden, la cité tobbal, les quartiers de Sidi-Ahemed, le Plateau Amimoun, Dar Djebel et d’autres quartiers de Béjaia et voire même dans les villages comme Amtik n’Tafat. Ce problème s’est posé avec une grande acuité depuis surtout le dimanche. Et nous avons bien entendu le devoir d’informer les citoyens sur les raisons de cette dégradation qui revêt un caractère gravissime en cette saison estivale. .

Quelles sont, justement, selon vous, les raisons de cette dégradation subite du système de la collecte des ordures ?

La raison majeure et unique réside dans l’immobilisation de pas moins de 10 camions à bennes tasseuses qui interviennent de jour comme de nuit dans tous les secteurs de collecte qui sont au nombre de 18. Le parc matériel n’a donc fonctionné qu’avec 20% de ses capacités, soit seulement 5 camions de capacité réduite de surcroît. Le pic de l’immobilisation, jamais atteint à ce jour, revêt un caractère historique puisque la commune n’ jamais connu un tel niveau de pannes et qui a touché de plus des camions à bennes tasseuses d’acquisition récente de surcroît puisqu’ils sont achetés en 2010 ou en 2011 seulement . Si des immobilisations prolongées pour certains camions peuvent se justifier par l’importance de la panne, comme la détérioration du pont arrière, des pannes plus légères portant sur des plaquettes de freins ou des kits d’embrayage soulèvent par contre de nombreuses questions et posent incontestablement le problème de gestion des moyens logistiques.

Quelles sont d’après vous les raisons de ces pannes récurrentes ?

Ces pannes récurrentes et qui restent injustifiables par leur durée ont à notre sens trois origines. Premièrement, il y a la dégradation de la voirie. Dans certains quartiers à l’instar de Tizi, Takliet, Ihadadène Ouada et Ihadadène Oufela ainsi qu’Ighil -Ouchaallal, les routes sont tellement crevassées qu’elles sont à l’origine de beaucoup de dégâts graves comme l’endommagement de ponts arrières des camions à bennes tasseuses. Ces voiries sont tellement défoncées qu’elles font souffrir quotidiennement les citoyens et les engins de la collecte des ordures ménagères. Comme deuxième point, il y a lieu de citer l’état de la route de la décharge publique de Boulimat qui fait embourber plusieurs camions et qui pose des risques sérieux pour les chauffeurs. La situation de la décharge est franchement problématique puisqu’on est contraint de façon périodique à faire appel à des entreprises pour la location d’engins d’intervention sur la décharge alors que, paradoxalement, la commune dispose d’un bulldozer qui accuse une panne éternelle et dispose d’un budget de 31 millions de DA pour l’acquisition d’un nouveau bulldozer mais qui n’a connu aucun engagement concret à ce jour, ce qui pose des interrogations sur la gestion. Le troisième point à signaler, c’est le mode de gestion du parc matériel qui ne dispose même pas d’un fusible ou d’une quelconque lampe en dépit de l’enveloppe de 26 millions de DA inscrite au BP 2011 pour la pièce de rechange mais qui subit des lenteurs de procédures pour son engagement. Certes la réparation rapide des camions à bennes tasseuses immobilisés, ou du moins en ce qui concerne les pannes légères, la situation tend à s’améliorer progressivement puisque deux camions sont déjà libérés et mis à la disposition du parc de nettoiement. De plus la réception imminente de cinq nouveaux camions à bennes tasseuses permettra sans doute d’atténuer l’impact du taux d’immobilisation. De même que la mise en œuvre du marché portant sous- traitance et externalisation aux opérateurs privés de 5 secteurs difficiles comme Ighil-Ouchalal, Tizi,Ihadaden-Ouada, Taklait, Ihadaden-Oufela, Laazib-Oumaamar, Dar-Djebel, Tala-Merkha et Taghezouyt qui apportera sans aucun doute un grand plus dans le nettoiement de la ville par le récupération des engins et du personnel employés actuellement dans ces secteurs. A signaler aussi la reprise de la collecte du carton dans trois secteurs par les propres moyens de la commune, dès lors qu’il a été constaté la défaillance des deux jeunes entreprises conventionnées par la commune pour la récupération et la valorisation dans le cadre d’une stratégie de la collection sélective, les contrats de ces entreprises feront bien l’objet d’une résiliation. Par ailleurs, la commune assurera la collecte des gravats et mettra sur pied deux équipes supplémentaires pour dupliquer la collecte dans deux axes majeurs de la ville. Mais ça va poser aussi le problème de la gestion des moyens logistiques en ce qui concerne la réparation des camions à bennes tasseuses acquis en 2010 et 2011 sur lesquels des interventions rapides devraient être effectuées de manière à réduire le taux d’immobilisations surtout pour des pannes légères.

Tout à l’heure, vous avez dit que la situation de la décharge publique de Boulimat est l’une des causes de l’immobilisation des camions à bennes tasseuses, qu’en est-il exactement de cette situation ?

La situation de la décharge publique de Boulimat pose énormément de problèmes en dépit de tout ce qui a été injecté là-bas comme investissements pour retaper la voierie, on se retrouve très souvent, vu l’accès très difficile de la décharge, dans la situation où nos camions reviennent de là-bas avec des ponts arrière endommagés. Et la commune malgré les moyens dont elle dispose est contrainte malheureusement de recourir, à chaque fois, à des prestataires extérieurs pour louer un bulldozer pour intervenir de façon épisodique et dégager des plateformes. En dépit donc du fait d’une part la commune dispose d’un bulldozer qui est en panne depuis des lustres et d’autre part elle dispose depuis 2008 d’un enveloppe de 31 millions de DA pour d’acquisition d’un bulldozer et qui n’est pas encore engagée à ce jour. Et le problème de la décharge de Boulimat a tous les ingrédients pour durer vu le caractère hypothétique que tend à prendre la réalisation du CET de Sidi Bouderhem dont l’exploitation apparaît totalement aléatoire en dépit de l’achèvement des travaux relatifs aux casiers destinés à recevoir les déchets. Mais en l’absence de la voierie d’accès à au site du CET de Sidi Bouderhem, le projet soulève moult interrogations.

Malgré toutes les difficultés que vous venez de citer, peut-on espérer tout de même une amélioration dans la collecte des ordures pour les prochains jours ?

Tout à fait. Et conformément aux engagements que nous avons pris devant les citoyens et plus particulièrement devant les représentants des associations de certains quartiers qui ont exprimé dernièrement leur ras le bol au niveau de la commune pour dénoncer les différents problèmes qu’ils vivent, nous escomptons une amélioration de collecte des ordures ménagères à très court terme à travers des actions comme celle l’affectation du personnel récupéré de l’externalisation des secteurs suburbains pour densifier davantage le réseau de balayage toucher de nouveaux quartiers. A signaler aussi, et c’est tout à fait nouveau, la mise en œuvre très prochainement, de la formule  » contrat, formation, insertion  » CFI qui concernera 60 jeunes qui seront employés dans différents quartiers de la ville pour le désherbage et le nettoiement.

Un dernier, si vous le voulez bien

Nous poursuivrons les efforts déjà engagés pour redorer le blason terni de Béjaia en matière d’hygiène et de propreté. Ca demande de la persévérance. Mais fort de cette conviction, rien ne pourra nous décourager.

Entretien réalisé par B. Mouhoub

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