Ils débarquent en général d’ailleurs !

Partager

La ville de Béjaia a vu s’accroître d’une manière inquiétante le nombre de mendiants déferlant de jour comme de nuit dans chacun de ses coins et recoins surtout en ce mois de Ramadhan. Ce fléau a cependant donné naissance à un phénomène déjà connu dans d’autres régions du pays mais qui en est qu’à ses débuts dans la wilaya. Il s’agit en effet, de l’exploitation de ces mendiants par des gens dépourvus de scrupules pour des fins lucratives. Nombreuses sont les fois où des individus ont été aperçus en train de débarquer de leurs voitures ou de l’arrière de leurs camionnettes des mendiants, des femmes en général, qu’ils exploitent sans réserve en leur subtilisant à la fin de chaque journée la recette durement amassée. Ces individus mal intentionnés choisissent des périodes très spéciales, comme le mois de ramadhan pour accomplir leur triste dessein parce qu’ils savent parfaitement qu’en ce mois de miséricorde même les âmes les plus austères s’assouplissent et n’hésitent pas à mettre la main dans la poche. En pensant tout naturellement accomplir ainsi un acte de cœur, les gens ignorent qu’ils contribuent indirectement, sans le savoir ni le vouloir, à l’épanouissement d’une entreprise opportuniste et malsaine. Les quelques sous offerts par des généreux sont normalement censés faire le bonheur de ces femmes souvent soumises, auxquelles on dicte une ligne de conduite pour rapporter plus d’argent et faire le bonheur du “patron”. Ces malheureuses doivent user inlassablement des formules les plus pitoyables, de toutes les astuces persuasives et osées qui existent rien que pour pouvoir rassembler tant bien que mal quelques pièces dont la totalité ou presque est destinée à remplir les comptes du boss. Des avocats à la cour de Béjaia affirment qu’ils n’ont jamais eu auparavant affaire à un délit du genre, car même si les auteurs de ce délit existent vraiment la police ne peut pas mettre la main dessus vu le manque de preuves tangibles qui peuvent envoyer ses derniers en prison. Néanmoins, ce phénomène épineux qui a toujours existé et qui dépasse de loin les barrières morales, de la loi ainsi que des valeurs humaines, pose dans chacune de ses manifestations le même problème éthique quant à l’authenticité des quémandeurs. Les gens dans la rue ne peuvent pas distinguer entre le « vrai » mendiant et le mendiant « utilisé ». On remplit de pièces d’argent toutes les paumes des mains tendues sollicitant toute âme charitable sans penser si tel ou tel mendiant est exploité ou pas. De toutes les façons, ils méritent tous aumône sauf les quelques malhonnêtes appâtés par le gain facile qui se déguisent pour tromper les gens. Ces derniers sont cités par le code pénal dans l’article 195 : « est puni d’emprisonnement d’un à six mois, quiconque ayant des moyens de subsistance ou étant en mesure de se les procurer par le travail ou de toute autre manière licite, se livre habituellement à la mendicité en quelque lien que ce soit ». Pour que le phénomène de l’exploitation des mendiants puisse être éradiqué un jour, il faudra que ses auteurs finissent par attirer l’attention des autorités compétentes qui condamnent sévèrement ce genre de pratique.

Mohand Hamed Ahmed

Partager