Quel Aïd avec 3 000 DA ?

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Ils sont pas moins de 6 800 personnes à Tizi Ouzou à faire vivre leurs familles en travaillant dans le cadre du dispositif IAIG (Indemnité d’activité d’intérêt général) en contre partie de 3 000 Da par mois.

Ils ne bénéficient que de miettes, d’un soi-disant salaire, et pourtant, à travers les postes de travail qu’ils occupent, ils s’acquittent de tâches qui méritent une rémunération beaucoup moins médiocre que celle qui leur est attribuée. Eux, ce sont les fonctionnaires recrutés par les communes dans le cadre du filet social IAIG. Il s’agit de chômeurs, pères de famille, orphelins, handicapés aptes à travailler qui sont recrutés dans les mairies, les écoles et autres administrations. Le plus souvent, ils travaillent dans le cadre de l’entretien des établissements scolaires et des administrations, mais aussi dans les cantines scolaires et au niveau des associations. Pour un salaire de misère, les employés IAIG se retrouvent à bosser à temps plein, cinq jours par semaine, de huit à seize heures, comme n’importe quel autre fonctionnaire. Avec une telle prime, on imagine facilement la précarité dans laquelle ils vivent, on se demande même comment ils font pour assurer leurs besoins les plus primitifs. Sans compter les dépenses imposées par les multiples occasions qui se présentent à l’image des rentrées scolaires, du mois de Ramadhan ou de l’Aïd. Avec les prix des produits alimentaires qui s’envolent, en plus de ceux affichés chez les vendeurs d’habillement qui ne sont même pas à la portée des fonctionnaires ordinaires… Ainsi, et à la veille de cette fête religieuse, beaucoup de travailleurs, dans le cadre dudit dispositif, préfèrent faire l’impasse sur ces occasions. “L’opportunité ne m’est vraiment pas donnée pour me permettre le luxe de m’approvisionner comme le font certaines personnes. Je n’ai pas les moyens et je ne peux pas faire autrement que d’éviter le supplice d’aller faire les courses», déclare un fonctionnaire d’une administration recruté dans le cadre du dispositif IAIG. Par ailleurs, le surplus de travail pour une fin de mois des plus médiocre est le constat de la plupart des bénéficiaires. Une jeune fille qui travaille dans un bureau d’état civil à la mairie du centre-ville dira : “Je commence le travail à 9h du matin, pratiquement pendant tous les jours de la semaine, pour ne bénéficier à la fin du mois que de 3000 DA. Des fois, je me retrouve à faire un travail beaucoup plus dur que les autres employés qui, eux, perçoivent plus que moi. Avec ce qu’on me donne à la fin du mois, je n’arrive même pas à subvenir à mes propres besoins. Alors, que dire des chefs et des mères de famille qui ont à leur charge des enfants à nourrir et à habiller, et qui n’ont d’autres ressources que ces 3000 dinars en guise d’indemnité mensuelle”. C’est le cas notamment d’un quadragénaire qui, lui fait du gardiennage au niveau d’une école primaire. Il est père de cinq enfants et, pour lui, ça devient de plus en plus difficile de subvenir à leurs besoins. La vie chère n’aidant pas, il fait du mieux qu’il peut pour faire vivre sa famille et joindre les deux bouts.

D’ailleurs, il n’y ait pas allé par trente-six chemins pour affirmer que “les fins de mois ne sont pas que difficiles pour moi, mais bien plus pénibles. Mais je préfère ça que de rester au chômage sans aucune ressource”. Notre interlocuteur ajoutera : “J’ai la chance d’avoir l’aîné de mes enfants qui m’aide un peu en faisant des petits boulots un peu partout au cours des vacances, cela nous aide, moi et ma famille, à boucler les fins de mois.”

Pour quand une augmentation de IAIG ?

Un jeune chômeur bénéficiaire du dispositif de l’IAIG qui travaille pour une association avouera quant à lui : “Ce que je gagne, je le dépense en une journée à rembourser mes dettes. Ce qui atténue un peu mon désarroi c’est le fait que je bénéficie d’une couverture sociale.”

Par ailleurs, le dispositif de l’IAIG, qui a été créé dans le but d’aider à l’insertion sociale de ces défavorisés de la société en mettant à leur disposition des chantiers d’intérêt général avec une couverture sociale, s’est par la suite transformé en une exploitation sans pareille. Ainsi, ces travailleurs se retrouvent souvent à remplir d’autres tâches qui ne relèvent pas de leurs fonctions, sans pour autant pouvoir faire autrement que de les accomplir. Dernièrement, il a été décidé d’appliquer une augmentation de l’indemnité mensuelle des personnes insérées dans le cadre du dispositif d’activité d’intérêt général (IAIG). Celle-ci devait passer de 3 000 à 6 000 DA à partir du début du mois de juillet 2011. Il s’agirait d’un jumelage qui sera réalisé entre ledit dispositif et celui de DAIS (Dispositif d’activité d’insertion sociale). Ainsi, les travailleurs dans le cadre de l’ IAIG vont se soumettre à un contrat à durée déterminée de deux ans, renouvelables deux fois. Une chose qui n’a pas encore été mise en application et que nous n’avons pu confirmer auprès de la direction des actions sociales au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou. Or, si cette augmentation “symbolique” venait à être appliquée, beaucoup de bénéficiaires y verraient un plus conséquent, eux qui n’ont bénéficié jusqu’à présent, que de 3000 DA. Un geste qui atténuerait un tant soit peu la précarité dans laquelle vivent ces travailleurs.

T. Ch.

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