«B; B; B; dégagez !»

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Peu avant midi, la place publique de la ville de Bouira était déjà pleine à craquer avec des centaines de citoyens qui attendaient paisiblement le coup d’envoi de la marche.

«Une forte mobilisation due aussi au fait que la route vers Alger a été fermée par les forces de l’ordre peu avant dix heures», fera savoir Faycel, un marcheur refoulé à quelques encablures de Dar El-Beida avec ses compagnons. Ne pouvant accéder à la capitale, les protestataires ont donc rebroussé chemin afin de manifester à Bouira pour la 7ème marche populaire organisée depuis le 22 février dernier.

Issus de la wilaya mais aussi de Béjaïa, des centaines de citoyens ont choisi la ville de Bouira pour dire non encore au système, même après la démission de Bouteflika : «Nous refusons que la vitrine du pouvoir soit la seule à sauter, nous voulons le démantèlement de tous ceux qui sont la cause et à l’origine du malheur que nous endurons», s’emporte H’med, un jeune universitaire de Béjaïa. Peu avant 13 heures, les marcheurs ont commencé à brandir leurs pancartes en cette journée de vendredi.

Des slogans, comme «Le peuple est la source de tout pouvoir», «Libérez l’Algérie, vous avez assez pillé, bandes de voleurs», «Bannissons la légitimité historique et bâtissons la légitimité populaire», ont ainsi été inscrits sur des pancartes au pied levé, quelques minutes avant la fin de la prière du vendredi. C’est ainsi que dès la sortie des fidèles des mosquées, le chef-lieu de wilaya a connu une effervescence particulière.

A chaque rond-point de la ville de Bouira, des milliers de marcheurs s’étaient rassemblés pour scander : «Bedoui dégage !», «Bensalah dégage !», «Belaïz dégage !», «RND, FLN dégage !», «Djich, chaâb, khaoua khaoua !», «Les 128 martyrs du Printemps noirs répondent Ulac S’mah Ulac !», «Y en a marre de ce pouvoir !»… Des slogans repris en cœur par des milliers de voix tout le long de l’itinéraire menant de la place publique de Bouira vers le siège de la wilaya.

La veille déjà, plusieurs pages Facebook avaient lancé des appels pour qu’un nouvel itinéraire de la marche soit respecté avec le regroupement devant le siège de la wilaya, jusqu’à la place publique de la vieille ville de Bouira, en passant devant le siège de l’ADE. Mais les manifestants, craignant sans doute une manipulation, ont préféré faire comme les semaines précédentes, en empruntant le trajet habituel et quelques improvisations, car le flux des marcheurs ne pouvait être contenu par le boulevard principal menant vers le siège de la wilaya.

Une immense banderole représentant des figures de héros de la Révolution, dont Abane, Amirouche et Si L’haoues, était accrochée fièrement devant le centre des Impôts de Bouira. Les marcheurs, arrivés devant cette bannière, ont fièrement entonné l’hymne national, en signe de reconnaissance du sacrifice révolutionnaire des Moudjahidine et Chouhada. Comme à l’accoutumée, il y avait une forte présence féminine qui, en cœur et à l’unisson, exigeait le départ du système «pour construire pacifiquement et durablement une deuxième République». «On veut une Algérie nouvelle, sans corruption ni passe-droits. En définitive, la démission du président Bouteflika n’aura en rien entamé la détermination populaire à démanteler le système en place. Le remaniement partiel du gouvernement n’aura pas, non plus, apaisé la colère de la rue.

Hafidh Bessaoudi

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