Belaïz cède et démissionne

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Tayeb Belaïz a présenté, hier matin, au chef de l’Etat, sa démission de son poste de président du Conseil constitutionnel. Kamel Feniche, membre du Conseil constitutionnel, a été désigné à sa place par le chef de l’état, dans la soirée, selon l’ENTV.

Tayeb Belaïz, une figure très contestée par le peuple algérien qui réclame la démission des «4 B», Belaïz Tayeb a fini par se soumettre à la demande populaire et à la pression l’invitant à remettre sa démission afin de permettre de sortir du «piège» constitutionnel et amorcer un début de sortie de crise. Abdelkader Bensalah, lui aussi contesté, devra désigner le successeur de Belaïz.

Mais avant d’en arriver là, le Conseil constitutionnel doit se réunir sous la présidence du vice-président du Conseil pour acter cette démission conformément aux dispositions de l’article 81 du règlement intérieur de cette institution. La désignation du successeur de Tayeb Belaïz sera très scrutée par le peuple car, au vu du discours du chef d’Etat-Major de l’ANP, Ahmed Gaïd Salah, le départ de Belaïz semble obéir à un besoin pressant d’aller vers le changement via la satisfaction des revendications populaires.

Tout laisse à croire donc que la personne qui sera désignée au Conseil constitutionnel sera celle-là même qui mènera la transition, après que Abdelkader Bensalah aura cédé lui aussi à la pression et quitté son poste. Ce dernier doit, néanmoins, procéder d’abord à l’application de l’article 184 de la Constitution qui ouvre la voie à une personnalité consensuelle d’accéder au poste du président du Conseil constitutionnel : «Les membres du Conseil constitutionnel élus ou désignés doivent être âgés de quarante (40) ans révolus au jour de leur désignation ou de leur élection ; jouir d’une expérience professionnelle de quinze (15) ans au moins dans l’enseignement supérieur dans les sciences juridiques, dans la magistrature, dans la profession d’avocat près la Cour suprême ou près le Conseil d’Etat, ou dans une haute fonction de l’Etat». La démission de Belaïz devra désormais être suivie par celles des «trois B» restants, à savoir Bensalah, Bedoui et Bouchareb, afin de permettre d’enclencher le processus de transition politique sans pour autant sortir du cadre constitutionnel.

C’est, en somme, le contournement légal de la voie juridique sans toutefois porter préjudice aux énoncés de la Constitution que d’aucuns dénoncent, à juste titre, pour les pièges qu’elle contient dans ce cas précis de la situation politique du pays. Selon la politologue Louisa Dris-Aït Hamadouche, interrogée hier par nos confrères de TSA, la démission de Tayeb Belaïz «est la preuve que la démarche constitutionnelle amorcée par les tenants du pouvoir est impossible à mettre en œuvre.

C’est la première démonstration parlante que les élections dans les 90 jours est politiquement impossible». La politologue explique que «ce que la population demande c’est que soit amorcé un véritable processus de transition avec un gouvernement neutre et crédible». Un processus qui vient ainsi d’être enclenché à la faveur du départ de Belaïz qui «signifie que le Premier ministre pourra difficilement tenir», croit savoir Louisa Dris-Aït Hamadouche.

M. A. T.

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