«Ce que j’ai dit à Zidane…»

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Idir était parmi les amis et frères de sang auxquels la légende du football international, Zenedine Zidane, vouait respect. Ce dernier a tenu à ce qu’il l’accompagne, d’ailleurs, alors qu’il répondait à une invitation officielle de la présidence de la République algérienne en décembre 2006. Fidel à sa disponibilité au journal, il avait alors accordé cet entretien.

La Dépêche de Kabylie : Bienvenue chez vous, ça fait un bon bout de temps que vous n’êtes pas rentré au bled…

Idir : Et bien, je suis venu avec Zidane, je l’accompagne à titre amical. Je l’aide dans tout ce qu’il entreprend officiellement, parce qu’il y a tout un programme. Il a besoin de certains de ses amis qui sont autour de lui maintenant, ils lui servent un peu de repères, et lui permettent d’être un peu en confiance

Que pensez-vous de toute cette ambiance ?

Zidane est une figure internationale. Regardez comme tout le monde est content de le voir. «Koul thighilt ath tsoughou» (ça crie de partout).

Comment trouvez-vous l’Algérie, après cette longue absence ?

J’ai trouvé que ça a changé beaucoup, enfin le peu que j’ai vu, puisque je suis sur un circuit officiel. Je ne peux pas dire toute la vérité, mais je vois les constructions, l’engouement des gens. Ça a l’air bien, maintenant, il faut fouiller un peu plus. Alger a complètement changé, des ponts, des tunnels, je trouve qu’elle est encore plus belle qu’avant. J’ai beaucoup plus vu la joie des gens de recevoir Zidane, le fait qu’il ait rendu les gens heureux, pour moi, c’est suffisant.

Je pense que le fait de vivre en France ne vous a pas du tout éloigné de l’Algérie, n’est ce pas ?

Un gars de chez nous, qui a été le compagnon du général de Gaulle, et qui a travaillé au conseil d’État, disait que la France lui a apporté quelque chose, et que la langue française lui a permis d’aiguiser ses sens et ses analyses. Mais tout compte fait, quand il rentre chez lui, les larmes qui coulent sur son visage sont algériennes. Donc, nous aussi, quand on rentre chez nous on est Algériens, on ne peut faire autrement, même si on travaille avec des Français. L’Algérie est mon identité, l’Algérie on ne l’oublie jamais. On est Algérien par l’âme, par le cœur et par l’identité. On a fait un certain nombre de choses pour ce pays, et on reçoit souvent des gens d’ici en France. Il y a toujours un contact avec l’Algérie, même s’il n’est pas physique.

Où en êtes-vous dans la musique ?

Je ne sais pas. On est en train de chanter et on continue de le faire, voilà ! Sinon, je suis actuellement en train de préparer un disque en France, qui s’appellera, “La France des couleurs”. C’est un disque que je partage avec des jeunes artistes du rap et du hip hop. Je fais notamment des duos avec Diams, Sinik, Teenager et autres.

Comment avez-vous eu cette idée ?

Il y a quatre mois, ça ne me disait rien. Je ne connaissais pas ce milieu. Mais j’ai appris à connaître ces chanteurs de rap. Il est vrai que j’appréhendais au début, mais après, quand j’ai commencé à les fréquenter, j’ai saisi leur sensibilité, et c’est là qu’on a commencé à élaborer des choses ensemble, et ça m’a permis d’apprendre beaucoup de choses avec eux.

Comptez-vous préparer un autre album après celui-là ?

Oui absolument. Juste après celui-là je ferai un album solo. Je ne peux fournir plus de détails parce qu’il faut d’abord terminer celui qui est en chantier.

Pensez-vous revenir prochainement en Algérie?

Bien sûr que je reviendrai dans mon pays, je serai là au printemps prochain pour une tournée. Et puis je suis très content de l’accueil qu’on réserve à Zidane, qu’on nous réserve à nous tous d’ailleurs. Cette admiration, teintée de respect, m’encourage beaucoup.

D’après vous la mission de Zidane est-elle accomplie ?

Pour moi, la mission de Zidane est largement accomplie, car il est venu voir les siens. Il a joué au ballon avec des jeunes. Il a rendu les gens heureux, c’est extraordinaire. Je ne connais pas encore un autre homme qui ait connu pareil parcours dans sa vie.

Que pensez-vous de lui comme joueur ?

Je joue mieux au ballon qu’il ne joue de la guitare ! Je le lui ai dit récemment.

Kabylie ?

C’est ma région natale, celle qui m’a offert ma première lumière. Elle est ma raison de vivre. Pour moi l’Algérie est magique.

La Dépêche de Kabylie ?

Un journal qui nous apporte les nouvelles de Kabylie, que je consulte souvent d’ailleurs via le net.

Berbère Télévision ?

C’est une bonne chose qu’elle existe, et puis je suis en contact constant avec ceux qui y travaillent. On est en train de développer un département de musique ensemble.

Entretien réalisé par Kahina Oumeziani

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