C’est le temps des labours !

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Par Rachid Oulebsir

La pratique du labour avec des bœufs dressés qui comprennent la langue Kabyle se perd rapidement. Le dressage est un savoir-faire qui périclite, car il y a de moins en moins de dresseurs qui peuvent transformer des taureaux en paires de labour. J’ai vécu les dernières fêtes du lancement de l’année agraire dans les années 70. Iweǧǧiven (Les devoirs ou les obligations), c’est l’ouverture de l’année agraire par les labours-semailles. C’est une fête où nous sortions dans les champs pour tracer le premier sillon propitiatoire. On utilisait une paire de jeunes bœufs fraîchement dressés conduits par un jeune homme sous la surveillance de paysans confirmés.

C’était l’école de la pratique agricole, la transmission du savoir et de la maîtrise. On labourait donc quelques sillons, puis place à la fête. Un pique-nique dans les champs où on chantait les chants agraires en l’honneur de dame nature. On mangeait les fruits secs de l’année qui vient de s’écouler (grenades, figues sèches, miel, œufs durs, azéroles). La gelée de caroube à l’huile d’olive est un mets divin. On rivalisait dans la confection du yaourt aux fruits (Abouglou ou agugli), lait de chèvre caillé instantanément avec du latex de figues, ou de la sève de chardon. Saupoudré de poussière de caroube, abouglou a une saveur de paradis. Les paysannes rivalisaient dans la confection de fromages frais au persil (Tiklilt).

Nous passions l’une des plus belles journées de l’année. C’était au début octobre, après les premières pluies qui rendaient la terre meuble prête au labour. Après la fête, on s’adonnait au nettoyage d’automne obligatoire : Ruisseaux, routes, sentiers, placettes du village, tout était passé au peigne fin. Place alors aux préparatifs pour la cueillette des olives qui débutera à la mi novembre.

R. O.

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