Confusion et panique chez les hommes d’affaires

Partager

Issad Rebrab et les frères Kouninef ont été arrêtés, hier, par la brigade des investigations de la Gendarmerie nationale de la wilaya d’Alger. Pour leur implication supposée dans des affaires de corruption, les quatre frères Kouninef, hommes d’affaires réputés pour leur proximité avec le frère de l’ex-président de la République, Saïd Bouteflika, et le P-DG de Cevital, Issad Rebrab, ont été conduits à la brigade de la Gendarmerie nationale de Babjdid, dans la capitale.

Selon l’information rapportée dans la matinée d’hier par la chaîne de télévision publique, Issad Rebrab devrait répondre aux enquêteurs de la Gendarmerie au sujet de suspicion qui pèse sur lui en rapport avec «de fausses déclarations relatives au transfert de capitaux de et vers l’étranger et de surfacturation dans les opérations d’importation de matériel et importation de matériel usagé alors qu’il avait bénéficié d’avantages douaniers, fiscaux et bancaires», précise la Télévision nationale.

Quelques heures après la diffusion de cette information, le concerné a démenti l’information de son arrestation, via un tweet posté à 12h25, où il a indiqué qu’il s’est présenté de lui-même à la brigade de Babjdid dans le cadre «des blocages» du projet EvCon : «Dans le cadre des blocages de notre projet EvCon, je me suis présenté de nouveau ce matin à la brigade de gendarmerie de Babjdid. Nous poursuivrons l’étude de l’affaire de nos équipements retenus au port d’Alger depuis juin 2018». Quelques minutes avant, c’est le directeur de communication du groupe Cevital qui a donné les précisions de cette affaire à nos confrères de TSA : «Rebrab n’a pas été arrêté.

On s’est présentés ce matin à 9h30, il est en train d’être entendu sur le blocage EvCon». En milieu d’après-midi, la chaîne privée Ennahar a retransmis les images de véhicules de la Gendarmerie qui s’apprêtaient à accéder à l’intérieur du tribunal de Sidi M’hamed. Une image présentée comme celle du patron de Cevital à l’intérieur du fourgon cellulaire de la GN, dont l’authenticité est difficile à établir, a été également diffusée.

Cela étant, l’information de la Télévision nationale, largement reprise par les médias privés et publics, souligne qu’Issad Rebrab sera déféré devant le procureur de la République près le tribunal de Sidi M’hamed. A 15h53, pendant que Rebrab se trouvait au parquet, un nouveau tweet attribué au patron de Cevital a, une nouvelle fois, démenti son arrestation : «Je tiens à vous informer que cette nouvelle n’est qu’une information mensongère.

En effet, je me suis présenté à la gendarmerie dans le cadre de l’enquête qui se poursuit concernant le blocage des équipements du projet EvCon afin de tenter de résoudre cette affaire», est-il écrit dans le second tweet de la journée d’hier. Néanmoins, la forte présence de journalistes, de curieux, mais aussi de soutiens de Rebrab, à l’image du président de la JSK, Cherif Mellal, témoigne de la présence d’Issad Rebrab au tribunal. Par ailleurs, la même brigade a interpellé, dans la même matinée d’hier, les hommes d’affaires Kouninef.

Il s’agit des frères Reda, Abdelkader, Karim et Tarek, suspectés, selon la même source, de «non-respect des engagements contractuels dans la réalisation de projets publics, trafic d’influence avec des fonctionnaires publics pour l’obtention de privilèges et détournement de fonciers et de concessions». Pour ce cas, aucune image n’a été diffusée, ce qui nourrit le doute sur la véracité de l’information et fait enfler la confusion.

Qu’à cela ne tienne, la source d’information souligne que les quatre frère Kouninef devraient être déférés devant le procureur de la république près le même tribunal, une fois l’enquête des gendarmes finalisée. Selon la même source, la Brigade des investigations de la Gendarmerie nationale «poursuit ses enquêtes préliminaires à l’encontre de plusieurs hommes d’affaires, dont certains font l’objet d’interdiction de sortie du territoire national».

L’ENTV a également fait savoir que la même brigade avait procédé à «la remise de convocations avec PV à l’ancien Premier ministre, Ahmed Ouyahia, et au ministre des Finances, Mohamed Loukal, pour comparaître devant le Procureur de la République près le tribunal de Sidi M’hamed». Pour rappel, MM. Ouyahia et Loukal ont été convoqués par le tribunal pour dilapidation des deniers publics et privilèges indus.

Il est à indiquer, par ailleurs, que les anciens ministres FLN, Djamel Ould Abbès et Saïd Barkat, font l’objet d’une procédure de levée de l’immunité parlementaire par le bureau des affaires juridiques du Sénat à la demande du tribunal de Sidi M’Hamed. Les deux sénateurs du tiers présidentiel sont soupçonnés de détournement de fonds lorsqu’ils étaient à la tête du ministère de la Solidarité nationale.

Si Djamel Ould Abbès garde, pour l’heure, le silence et s’affaire à tenir la réunion du CC du FLN aujourd’hui même, Saïd Barkat ne voit pas d’inconvénients à ce qu’il soit déchu de son immunité pour se présenter «libre» devant le tribunal, selon ses déclarations faites, avant-hier, à nos confrères du Soir d’Algérie.

M. A. T.

Partager