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Bouira : Déferlante humaine dans la communion

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Pour le cinquième vendredi de suite, des dizaines de milliers de citoyens sont sortis dans la rue, pour réclamer le départ du système, en scandant des slogans hostiles à tous les partis politiques, notamment ceux de l’alliance présidentielle. Un nouveau slogan a même fait son apparition, lorsque les marcheurs, arrivés devant le siège de la wilaya, se mirent à crier «Wali dégage !».

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La marche s’était ébranlée vers 13h de l’ancienne ville de Bouira. Dès la matinée, des dizaines de bus arrivaient en provenance des localités, même les plus éloignées, des communes de Lakhdaria, d’Aghbalou et de Sour El Ghozlane. Des centaines de citoyens se sont déplacés vers le chef-lieu, malgré la pluie diluvienne de la matinée. Le marché hebdomadaire n’a d’ailleurs pas pu se tenir, tant le site s’était transformé en un marécage boueux.

Mais la météo fut plus clémente au moment de l’entame de la marche, avec un beau soleil qui fit son apparition. Et de nombreuses familles se sont jointes ainsi à la marée humaine qui s’apprêtait à déferler à travers les artères du chef-lieu de la wilaya. Comme les vendredis précédents il y avait foule, seuls les vêtements des marcheurs ont changé, pluie oblige.

Les banderoles affichaient les mêmes slogans, pour une deuxième République et contre les formations politiques ayant opté pour prendre part au gouvernement. «Système dégage !», «Ansuf Tilleli !» ou encore «Freedom», pouvait-on lire, avec comme illustration des poignets menottés mais dont les chaînes sont brisées. D’autres banderoles portaient les noms des partis politiques de la coalition versés dans une poubelle.

Ambiance festive et conviviale et revendications fermes

Arrivés devant le siège de la wilaya où des policiers étaient en faction, les manifestants leur ont crié «Retirez vos casquettes et rejoignez-nous». Les hommes en bleu, impassibles, leur souriaient. «Djoumhouria machi memlaka» (République et pas royaume), «Klitou lebled y a serraqin» (Vous avez pillé le pays bande de voleurs), tels étaient, entre autres, les slogans qui fusaient des différents carrés des marcheurs drapés fièrement dans les couleurs nationales ou de l’emblème arborant le Z amazigh.

Un drapeau algérien géant, de plusieurs mètres carrés, était tenu à bout de bras par les marcheurs qui scandaient leur amour de la patrie en lançant des appels à la fraternité. D’autres manifestants criaient des messages adressés aux instances internationales les priant de ne pas s’ingérer dans la révolution pacifique en cours. Avec humour, certains marcheurs chantaient «Lgaz ntaâna, nghelqou âalih lvanna» (nous allons fermer les vannes de notre gaz), mais dans l’ensemble ce sont des messages à l’union et la fraternité qui ont pris le dessus.

Aux abords des différents ronds-points de la ville de Bouira, des centaines de citoyens s’étaient regroupés pour reprendre en chœur leurs doléances dans une ambiance particulière avec des chants et danses accompagnés par le son des Vuvuzelas, des cornes de 60 centimètres de long popularisées il y a quelques années par les supporters des clubs de football dans les stades.

Chaque carré de marcheurs y allait avec ses revendications, mais ce vendredi, arrivés devant le siège de la wilaya, ils étaient nombreux à demander le «départ du wali» et «la dissolution de l’APW». Une APW à majorité RND et dont les élus se sont faits très discrets, pour ne pas dire invisibles, devant la vox populi de plus en plus hostile envers leur parti. «FLN dégage» et «RND dégage» se sont faits insistants devant le siège de la wilaya avec des prises de paroles de certains manifestants qui demandaient aux membres de l’APW d’exprimer leur appartenance au mouvement populaire en «remettant leurs mandats et en rejoignant les manifestants».

Il faut dire que jusqu’à maintenant, hormis les élus FFS et RCD, omniprésents dans les marches, aussi bien à Alger qu’à Bouira, aucun des autres élus de l’APW ne s’est clairement prononcé sur les manifestations populaires enclenchées depuis le 22 février dernier.

Hafidh Bessaoudi

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