«Il faut traiter le corps social dans sa totalité»

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Le directeur de recherche au sein du CREAD (Centre de recherche en économie appliquée pour le développement), Mohamed Saib Musette, a appelé, hier, les experts, les consultants et les membres de la société civile à aider afin de trouver la parade au flux migratoire qui se pose en «phénomène de société».

Celui-ci signale que ce phénomène, dans sa globalité, ne concerne pas exclusivement les jeunes, mais également des familles «qui prennent le risque de partir». «La harga n’est qu’un symptôme, une petite hémorragie dans le corps social. Nous avons d’autres hémorragies comme la fuite des cerveaux», a affirmé Mohamed Saib Musette lors de son passage, hier, sur les ondes de la chaine III de la radio nationale. «Ce n’est pas seulement en soignant une petite plaie qui fait mal actuellement qu’on va arrêter le saignement.

Il faut traiter le corps social dans sa totalité, que ce soit en termes de mobilités ou de migration internationale», a-t-il encore indiqué. Il relève, d’autre part, qu’aucune recherche n’a été entreprise pour tenter de connaître les raisons motivant des personnes à s’exiler, quitte à mettre leur vie en danger. Parmi les instruments qui contribueraient à connaître les raisons à l’origine parfois de drames humains, l’intervenant estime qu’ «il faudrait préalablement élaborer un diagnostic stratégique du phénomène dans toutes ses dimensions. Une fois cela fait, on peut sortir avec un plan d’action puis une stratégie de communication».

Des solutions qui auraient pu, selon lui, contribuer à appréhender les causes intrinsèques du phénomène de la «harga». M. Saïb Musette fait état de l’élaboration d’une politique nationale de la jeunesse, «dont on n’a cessé de parler depuis une dizaine d’années et qui, en définitive, n’a pas été mise en place». Commentant les divers dispositifs d’emploi, à travers lesquels, dit-il, «on pensait régler les problèmes de la jeunesse», l’intervenant observe qu’ils n’ont pas réussi ni à traiter les problèmes rencontrés par cette frange de la population, ni à donner lieu aux résultats escomptés.

De ce fait, M. Saïb Musette estime qu’il est encore temps de revenir sur ces politiques, mais en les mettant en phase avec les réalités et l’évolution de la société algérienne. Évoquant, par ailleurs, le forum sur le phénomène de la harga, organisé samedi dernier sous les auspices du ministère de l’Intérieur, l’invité de la radio nationale dira que «l’organisation de cette rencontre traduit, pour la première fois, la volonté de l’État de prendre à bras le corps ce problème».

L. O. CH

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