«Il faut un marché de l’orange à Béjaïa»

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Akli Amzal , président du Conseil interprofessionnel de la filière agrumicole de la wilaya de Béjaïa et membre du Bureau national de la filière, parle des problèmes que rencontrent les agrumiculteurs.

La Dépêche de Kabylie : Pour commencer, comment se déroule

la campagne de récolte des oranges ?

Amzal Akli : La récolte des oranges vient de démarrer. Elle semble très prometteuse, mais on ne peut pas encore donner de chiffres. La récolte des oranges commence généralement à la fin du mois de décembre et ici à Béjaïa, dans la vallée de la Soummam, on a commencé le 23 décembre. Néanmoins, les oranges n’arrivent à pleine maturité qu’à partir du 15 janvier. C’est à partir de cette date que l’orange devient très sucrée. Je ne parle évidemment pas de ceux qui ont commencé à cueillir leurs oranges et à les vendre dès le mois de novembre. Là, les fruits sont encore très acides et, normalement, ils ne sont même pas commercialisables.

Quels sont les principaux problèmes que rencontrent les agrumiculteurs dans la wilaya de Béjaïa ?

Les problèmes que rencontrent les agrumiculteurs à Béjaïa sont nombreux et variés. D’abord, il y a le problème des inondations des vergers, qui revient chaque année dans la vallée de la Soummam. A Amizour, les agrumiculteurs se plaignent du problème des forages qui ne donnent pas assez d’eau. Ce sont souvent d’anciens forages qui, par manque d’entretien, sont bouchés ou envasés. Mais comme ce sont généralement des petits forages de 30 à 40 mètres, la solution peut facilement être trouvée avec les services de l’agriculture et ceux de l’hydraulique. Mais la plupart des fellahs ignorent l’existence de ces services et ne savent pas à qui s’adresser.

Mais le vrai problème auquel font face les agrumiculteurs, c’est celui de la salinité de l’eau. Et il est surtout palpable à Timezrit, à El-Kseur et dans toute la vallée de la Soummam. C’est un problème très grave et très sensible, mais dont on n’en parle pas souvent. On en ignore encore les causes, mais la salinité de l’eau d’irrigation peut causer la mort de tous les vergers. Une bonne nouvelle cependant pour ceux qui ont squatté les rives de la Soummam en y plantant des orangers : il y a une note ministérielle qui va leur accorder des concessions et les régulariser.

La main d’œuvre est-elle disponible pour la cueillette des oranges ?

Non. Les agrumiculteurs font face à un grand problème de main d’œuvre. Pour cueillir leurs oranges, ils font souvent appel aux membres de leurs familles, c’est-à-dire aux enfants, aux neveux, aux cousins et autres. Ils font aussi appel aux étudiants, surtout ceux qui ont fini leurs études et qui sont dans l’attente d’un emploi.

Parlez-nous de l’organisation du marché de l’orange…

On ne peut pas parler de marché de l’orange à Béjaïa, il n’existe pas. Les agrumiculteurs de la vallée de la Soummam vendent leurs oranges à Chalghoum Laid, dans la wilaya de Mila, et les marchands de Bejaia se déplacent jusqu’à Chalghoum Laid pour les acheter et les revendre aux consommateurs de Béjaïa. Alors qu’il serait plus simple et plus rentable de vendre les fruits sur place aux consommateurs. Les marchands des autres wilayas viennent chercher les oranges à Béjaïa, comme les marchands de Béjaïa vont à Batna pour s’approvisionner en pommes. Il n’y a pas de marché de gros pour l’orange à Béjaïa et il est nécessaire d’en créer un. Et c’est très facile. Les agrumiculteurs n’ont besoin que d’un terrain vague clôturé et d’un minimum de sécurité pour y vendre leurs oranges. Et chacun y trouvera son compte.

Qu’est-ce qui empêche la création de ce marché ?

Le problème est que la grande majorité des agrumiculteurs de la Vallée vendent leurs oranges sur pied. Et les acheteurs viennent souvent hors de la wilaya. Ils arrivent avec leurs ouvriers, ils cueillent les oranges et les vendent là où ça les arrange le mieux. L’orange de Béjaïa est de très bonne qualité, c’est l’une des meilleures du pays, si ce n’est la meilleure. Mais malheureusement, les agrumiculteurs de la wilaya ne sont pas organisés pour la défendre et la mettre en valeur.

Entretien réalisé par B. Mouhoub.

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