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DJOUDER MOKRANE, directeur de l’hydraulique de Tizi Ouzou : «La cote d’alerte n’est pas encore atteinte»

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La Dépêche de Kabylie : Nous avons appris que le niveau de certains forages, puits et barrages est en baisse. Qu’avez-vous fait pour pallier à la situation ?

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Djouder Mokrane : En effet, à Aït Yahia Moussa, le niveau des deux forages est en baisse. C’est peut-être lié au voile d’injection en réalisation, au niveau du projet du barrage qui se trouve en amont. Mais je tiens tout de suite à rassurer la population, il y a un nouveau forage que nous allons mettre en service incessamment, en remplacement de ces deux forages. Il faut savoir aussi que ce n’est pas la première fois que nous avons ce genre de tracas. Pour ce qui est du niveau des puits, il dépend de la pluviométrie. Il est à rappeler également que nous comptons 130 forages dans la wilaya. Donc, ces deux cas sont un peu spécifiques. Nous allons d’ailleurs les suivre et les observer de très près. Nous étudions pour l’instant la corrélation entre la baisse du niveau de ces puits et les travaux du barrage. Une solution palliative a été trouvée. S’agissant du taux de remplissage du barrage de Taksebt, il est de 63%. La situation ne prête donc ni à l’alarmisme ni à l’inquiétude. Nous rassurons la population que l’eau est disponible.

Si la sécheresse perdure, que fera la Direction de l’hydraulique pour garantir la disponibilité de l’eau dans les foyers ?

Nous avons fait un examen de la quantité d’eau emmagasinée et du niveau du barrage depuis 2011 à ce jour. Le graphique montre que la situation d’aujourd’hui est meilleure que celles de 2015, 2016, 2018 et 2019. La seule année où nous avons enregistré des taux faibles, c’était en 2017. Nous espérons bien sûr que la tendance sera haussière, car la pluviométrie durant les mois de mars et mai sera meilleure. La saison des pluies n’est pas encore finie et peut durer jusqu’au mois de mai. Pour le moment, la cote d’alerte n’est pas atteinte. En plus de cela, le taux actuel, on peut le gérer d’une façon sereine. En tout cas, nous sommes en sécurité jusqu’à l’automne prochain. Maintenant, s’il faut faire quelques restrictions et prendre quelques mesures, on le fera. Mais je tiens à préciser que nous n’en sommes pas encore là. Tout n’est pas perdu. L’abondance est encore de mise et la vapeur peut être renversée avec une bonne pluviométrie.

Mais la demande sur l’eau est plus importante, en comparaison avec les années précédentes…

C’est vrai, la demande a augmenté sur l’eau, puisque les villes et villages s’agrandissent et la population augmente. Et c’est surtout l’arrosage agricole qui consomme le plus d’eau. Néanmoins, cette pratique n’est pas importante chez nous. D’ailleurs, aucun conduit d’arrosage ne sort du barrage de Taksebt. Certes, dans certains barrages, dont Djebla, Draâ El-Mizan et Tizi Ghennif, on pompe de l’eau pour l’agriculture, mais la cote d’alerte n’est pas atteinte. De même, des dispositions sont prises. Un comité existe au niveau du ministère qui gère la répartition de l’eau d’une façon rationnelle et stricte.

Si la situation reste telle quelle, va-t-on aller vers plus de rationnement et d’économie d’eau ?

Je le redis encore une fois, nous n’en sommes pas encore là. On peut tenir jusqu’au début de la saison hivernale prochaine, en toute sérénité. Les quantités d’eau disponibles sont suffisantes et aucune restriction n’est prévue.

Qu’en est-il du projet de transfert d’eau à partir du barrage de Tichy Haf ?

Le projet avance. Ses travaux ont atteint un taux de 40%. Mais nous avons toujours trois oppositions pour le passage des conduites. D’ailleurs, nous avons favorisé le dialogue avec les propriétaires terriens pour leur levée. Nous essayons de comprendre et de rassurer les villageois. Il y a aussi la station de pompage n° 04 qui nous prend du temps et enregistre un certains retard à cause, surtout, des propriétaires terriens. Sinon, pour le reste des travaux, ils se poursuivent normalement. Nous fournissons beaucoup d’efforts pour lever ces oppositions et livrer ce projet cette année, car il y a une redynamisation au niveau central, pour le prendre en charge.

Où en sont les travaux de la station de dessalement de Tamda Ouguemoun ?

L’idée de la station de dessalement de l’eau de mer de Tamda Ouguemoun est nouvelle. Cette eau sera acheminée à partir de Djinet, dans la wilaya de Boumerdès. Sur le territoire de notre wilaya, tous les travaux sont faits mais au niveau de la wilaya de Boumerdès, nous avons enregistré des problèmes monstres. Il était donc impossible de franchir le premier pas. À cet effet, il a été décidé d’abandonner le projet, au profit de la wilaya de Boumerdès. Pour la nôtre, il a été inscrit la réalisation de la première tranche de la station de Tamda Ouguemoun, étant donné que c’est un investissement lourd. Et une fois la première tranche lancée, ce sera au tour de la deuxième.

Y a-t-il d’autres projets de stations de dessalement d’eau de mer ?

Il est connu que l’eau de mer est pérenne et ne manque pas. Certes, il se peut que germe l’idée de réaliser de nouvelles stations dans le but de sécuriser notre wilaya, mais pas pour le moment. Une chose est sûre, c’est une idée qui donne à réfléchir et qui doit être défendue et intégrée dans un schéma directeur pour assurer aux populations l’eau potable, en cas de sécheresse.

Il y a aussi les stations d’épuration de l’Office national d’assainissement (ONA) qui vous ont été transférées…

Effectivement. Il y a exactement huit stations d’épuration anciennes et six nouvelles. Ces dernières ont pour rôle le traitement des eaux usées et la protection du barrage de Taksebt. Mais ces projets ont été retardés, puis gelés et enfin dégelés et relancés. Il est vrai qu’ils nous ont été transférés mais jusqu’à présent, cela ne s’est pas concrétisé. Quant aux études, elles ont été faites bien avant. Il y a aussi l’ovoïde des Ouadhias. Un projet que nous avons lié à celui de la station d’épuration. Ils seront lancés, en même temps. Si on nous les confie, on fera de notre mieux pour rattraper le retard. Et si on arrive à mener tous ces projets à bon port, la situation va s’améliorer significativement et les besoins de la population en matière d’eau seront garantis.

Entretien réalisé par H. T.

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