La crise s’intensifie au FFS

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En marge de la révolution populaire nationale, la crise organique qui secoue le FFS prend des proportions très poussées avec une autre salve de suspensions prononcées par la direction à l’encontre d’au moins six parlementaires de Tizi-Ouzou et Béjaïa.

Six nouvelles suspensions (le nombre pourrait être revu) ont été en effet prononcées, le week-end dernier, à l’égard de parlementaires et cadres du parti accusés par la direction d’être initiateurs de «réunions clandestines et fractionnelles» en dehors de l’agenda du parti. Deux Conseil fédéraux ont été organisés vendredi dernier à Tizi-Ouzou et Béjaïa en dehors du programme du parti et sans la présence des responsables locaux officiels.

Déjà, la veille, la direction du parti dénonçait et mettait en garde à travers un communiqué : «Une fois de plus, le FFS dénonce les agissements nocturnes d’une certaine catégorie de gens qui s’autoproclament responsables du parti, en persévérant dans leurs appels, en dehors des instances officielles du parti, à tenir des conseils fédéraux illégaux et persistent dans un travail fractionnel ayant pour objectif la déstabilisation du FFS dans un moment crucial de la vie du peuple et de la nation algérienne.

Aucun conseil fédéral n’a été convoqué dans les wilayas de Tizi Ouzou et Béjaïa pour le vendredi 29 mars 2019. Les auteurs de ces appels assumeront leurs actes vis-à-vis du parti et de ses militants», était-il mentionné à travers le document diffusé sur le site du parti le 28 mars dernier. Il faut rappeler que ce n’était pas là une première, puisque quelques jours auparavant, des cadres et militants du parti avaient également tenu, au siège de la fédération d’Alger, un conseil national également dénoncé par la direction nationale.

Chose qu’a d’ailleurs rappelée, avant-hier vendredi, le premier secrétaire, Hakim Belahcel, lors de sa prise de parole à la session extra ordinaire de la fédération d’Alger. «(…) J’ai tenu à être avec vous, afin de vous parler aussi de la situation interne du parti. Depuis notre décision salutaire de boycotter activement l’élection présidentielle qui annonçait, d’emblée, un autre simulacre électoral, notre parti a commencé à subir les contrecoups de son audace politique.

(…) Cet acharnement s’est largement exacerbé au lendemain de notre décision de retirer nos parlementaires des deux chambres.

Chers amis, nous sommes aujourd’hui réunis dans une salle qui fut, vendredi passé, le théâtre d’une réunion fractionnelle et illégale.

A travers un communiqué, la direction nationale du parti avait dénoncé l’utilisation de ce siège fédéral par effraction pour y tenir une réunion clandestine et fractionnelle.

Nous nous sommes aussi démarqués de toutes les décisions et résolutions émanant de ce regroupement.Aussi, au même moment, nous avions dénoncé la création frauduleuse et criminelle de nouvelles pages électroniques FFS, qui voulaient parasiter le message officiel du parti.Pis encore, aujourd’hui, deux conseils fédéraux, l’un à Tizi Ouzou et l’autre à Béjaïa, sont illégalement convoqués.Je vous informe que face à ces deux nouveaux coups de force, les deux CAF qui gèrent officiellement les affaires de ces deux fédérations concernées ont dénoncé, hier par voix de communiqués respectifs, la convocation de ces deux rencontres fractionnelles et anti-statutaires».

Continuant sur sa lancée en dénonçant «une machination du pouvoir pour neutraliser le parti», il ajoute en pointant un doigt accusateur :

«Je suis en droit de m’interroger, ici et devant vous, sur la facilité déconcertante avec laquelle ils ont pu avoir les autorisations administratives pour tenir ces deux rencontres fractionnelles dans des salles publiques et dans un moment pareil ?».

Et de confirmer en fin de son intervention les sanctions arrêtées contre les auteurs de ces initiatives : «Le FFS, qui depuis sa création fait du libre débat interne une devise indépassable et du respect des statuts une ligne rouge intransgressible, ne laissera jamais ce genre de comportements irresponsables passer sans mesures disciplinaires. Nous sommes dans un parti organisé qui est régi par des règles imposables et opposables à tous !».

La décision du retrait des parlementaires, l’option qui envenime la situation ?

Dans l’autre camp, il faut dire qu’autour des parlementaires désormais suspendus, du beau monde a participé aux deux conclaves de Tizi-Ouzou et Béjaïa. Les militants en réunion dans les deux wilayas qualifient, chacun de son côté, les «regroupements» de conseil fédéral extraordinaire, parmi eux des cadres et élus locaux, très en vue sur la scène politique, à l’image des deux P/APW, dont celui de Béjaïa qui s’est présenté, hier à la fin des travaux de la dite rencontre, devant les journalistes, comme Premier secrétaire du parti.

L’ancien maire d’Akfadou (2012 – 2017), tout en saluant, à l’occasion, la mobilisation citoyenne, a appelé au maintien du «Hirak» à travers des marches populaires, mais aussi des rencontres pour réfléchir ensemble et débattre de la situation politique du pays. «Il faut persévérer dans cette dynamique populaire, afin d’imposer le changement d’une manière pacifique», a-t-il affirmé, sous les applaudissements de l’assistance.

La présence des quatre députés et des deux sénateurs FFS de Béjaïa, ainsi que du chef du groupe parlementaire FFS, Saddek Slimani, élu député de la circonscription d’Annaba, conforte quelque part la position revendiquée par M’henni Haddadou, en dépit de la nomination de Hakim Belahcel, le 15 mars dernier, comme nouveau 1er secrétaire national du parti, selon le communiqué publié le jour même, par l’instance présidentielle, signifiant du coup la fin de l’intérim confié jusque-là à Haddadou.

«L’ensemble des députés et sénateurs FFS de Béjaïa étaient présents à cette session extraordinaire du conseil fédéral. Sur les 23 membres du conseil national issus de la wilaya de Béjaïa, 15 ont pris part aux travaux de cette session. En outre, douze maires FFS sur les 19 que compte notre wilaya ont assisté à cette rencontre.

Tout cela montre, on ne peut plus clairement, que M’henni Haddadou jouit d’un soutien indéfectible des militants du FFS», dira Azibi Mabrouk, élu du parti à l’APW de Béjaïa et président de la commission éducation au sein de l’assemblée. À noter que l’instance présidentielle du FFS a appelé, le 15 mars dernier, à la tenue d’un conseil national extraordinaire pour le 13 avril. Un conseil qui s’annonce sous haute tension.

Amar A et B. S.

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