La DSA sensibilise contre le brome

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Dans le cadre de la lutte contre les mauvaises herbes qui envahissent les cultures céréalières, la Direction des services agricoles (DSA) et la Chambre d’agriculture (CA) de Bouira ont organisé, hier matin, une journée de sensibilisation sur la lutte contre le brome. Une mauvaise herbe qui impacte négativement le rendement des céréales à travers plusieurs parcelles de blé dur et d’orge, comme constaté lors de la dernière campagne de moisson battage à travers les 68.500 ha emblavés.

Dans ce sens, selon M. Zemouche, secrétaire général de la Chambre d’agriculture de Bouira, cette initiative a été prise dans le cadre de l’une des missions de la Chambre qui consiste à sensibiliser les agriculteurs : «Face à la propagation récurrente du brome, nous avons décidé avec la DSA d’organiser cette journée pour que les céréaliers prennent conscience de l’impact négatif de cette mauvaise herbe qui entraîne des pertes sèches dans les cultures. En plus, après les moissons, les récoltes sont refusées par la Coopérative de céréales et de légumes secs (CCLS) de Bouira.

Les céréaliers s’indignent alors à cause de ce refus.» Pour M. Kahlal Aïssa, président de l’Association professionnelle des producteurs de céréales de cette wilaya, il s’agit d’un fléau que doivent combattre de manière efficiente les agriculteurs. «Il existe actuellement près de 7 000 céréaliers à travers la wilaya de Bouira et rares sont ceux qui peuvent se vanter d’avoir éradiqué le brome dans leurs cultures. Nos adhérents, près d’un millier, se plaignent souvent de voir réapparaitre cette plante dans leurs champs, et ce malgré les traitements chimiques effectués pour éliminer les mauvaises herbes», indique M. Kahlal.

A noter que lors de l’établissement du bilan de la campagne de moisson battage, le DSA de Bouira avait donné des instructions fermes pour sensibiliser les agriculteurs afin qu’ils luttent contre le brome, vu les dégâts occasionnés, notamment au niveau des fermes-pilotes Haicheur d’Aïn Bessem et Si L’Hachimi d’El Hachimia. Aussi, lors de cette journée de sensibilisation, les agriculteurs ont pu prendre connaissances des données techniques relatives à la lutte contre le brome.

Les orientations des experts de l’ITGC de Médéa et de l’INPV de Tizi-Ouzou

Dès lors, les experts de l’Institut technique des grandes cultures (ITGC) de Beni Slimane de Médéa ainsi que Mme Hasnaoui Naïma de l’Institut national de la protection des végétaux de Draâ Ben Khedda (INPV) de Tizi Ouzou se sont succédé à la tribune pour expliquer les moyens préconisés pour venir à bout de cette mauvaise herbe. Pour Mme Hasnaoui, le brome n’est pas une fatalité. En suivant certaines recommandations, il peut rapidement être maîtrisé, voire éradiqué. Il en est de même si l’on respecte un itinéraire technique avec rigueur.

«Avec la saison automnale humide, il faut se préparer à une lutte intégrée contre le brome. L’humidité favorise la pousse des mauvaises graines qui ont une levée échelonnée de l’automne jusqu’au printemps. Pour cela, il y a des mesures agronomiques à prendre. Des mesures consistant à effectuer un faux semis sur trois à dix centimètres, ensuite retarder le semis pour lutter mécaniquement contre le brome. Le faux semis permettra de ce fait d’éradiquer 50 % des mauvaises herbes au sol et après un labour profond, cela permettra d’enlever 95 % du stock semencier du brome enfouis sous terre.

Il faut savoir que le brome est capable de germer et demeure actif jusqu’à quatre ans, si la superficie n’est pas traitée de manière convenable. D’où l’intérêt et la nécessité d’alterner les cultures. S’il y a eu emblavement de céréales pour cette saison, l’année prochaine, il faudra faire de la pomme de terre ou du fourrage pour éviter la multiplication du brome», expliquera l’intervenante. Pour cette dernière, la lutte chimique à elle seule ne suffit pas et il faut une lutte intégrée, en incluant la rotation des cultures, les labours et les traitements chimiques.

Egalement préconisé, l’identification du brome, ses caractéristiques, sa période de dormance pour pouvoir intervenir efficacement dans son éradication, ainsi que le nettoyage des moissonneuses et des semoirs pour éviter que les graines de brome se retrouvent dans les parcelles. D’autre part, à l’intention de certains agriculteurs qui dénonçaient le peu d’efficacité des traitements chimiques contre le brome, les experts souligneront qu’il s’agit uniquement d’une étape parmi l’ensemble du processus à respecter.

Les céréaliers présents ont également déploré la cherté des produits phytosanitaires relatifs à la lutte contre les mauvaises herbes. Certains se plaindront même de la semence qui, selon eux, contiendrait des graines de brome. «Il faut savoir que le flacon d’un herbicide spécifique coûte jusqu’à 10.000 dinars. En plus de cela, il n’est pas rare que ces produits soient frelatés, ce qui diminue de leur efficacité», témoignera un céréalier confronté à la prolifération de brome dans sa parcelle.

Hafidh Bessaoudi

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