La mobilisation ne faiblit pas à Béjaïa

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Au moment où le pouvoir en place multiplie les propositions de sortie de crise, les manifestations de rue continuent. Pour un 6e vendredi de suite, à Béjaïa, ils étaient des milliers, hier encore, à sortir dans la rue. Une forte mobilisation qui reflète le besoin de la population pour le changement. Avant la manifestation, une banderole géante, accrochée sur le fronton de la maison de la culture de Béjaïa, donne le ton : «Pour une 2e République.

Une Algérie meilleure, la démocratie n’est pas protégée par l’armée.» Sur le perron du même bâtiment, des jeunes préparaient un couscous géant. Un peu plus loin, deux autres jeunes distribuaient des dattes aux passants. L’initiative a été surtout saluée par les milliers de jeunes, venus des régions éloignées du chef-lieu de wilaya de Béjaïa pour prendre part à l’acte 6 des manifestations antisystème. Les drapeaux amazigh et algérien, en sus d’autres produits aux couleurs nationales, se vendaient, hier, sur les trottoirs, comme des petits-pains.

À 13h, l’esplanade de la maison de la culture et les rues adjacentes étaient noires de monde. 13h20, juste après la sortie des fidèles de la mosquée d’Aâmriw, raz-de-marée sur la rue de la Liberté. Difficile de se mouvoir parmi une foule serrée de plusieurs milliers de manifestants. Agitant des drapeaux ou portant à bras-le-corps des banderoles et des pancartes sur lesquelles étaient inscrites les revendications de la rue, la procession humaine s’ébranla presque silencieuse. «Nous avons déjà tout dit ; nous avons crié haut et fort, et ce depuis le 22 février : système dégage.

Cette fois-ci nos banderoles, nos pancartes et nos post sur les réseaux sociaux suffisent pour leur rappeler que seul le peuple décide de son avenir», tranche un marcheur. Belle référence, le tube de Soolking «La Liberté» accompagne la foule immense jusqu’au rond-point de Daouadji. Devant le siège de la wilaya, la foule s’immobilisa pour écouter l’hymne national, version Matoub Lounes. Vers 14h, des milliers de manifestants ont commencé à affluer vers le centre-ville. Ils sont venus des différentes communes de la wilaya pour participer à la marche.

Les vrombissements des motocycles rendaient, par moment, la manifestation assourdissante. Contrairement aux précédentes marches, des vieilles femmes, drapées de drapeaux algériens, étaient plus nombreuses, hier, dans les rues de Béjaïa. Pour le 6e vendredi, la population a tenu à réaffirmer son rejet du système et le départ de toutes ses figures.

«Dégagez tous, laissez-nous reconstruire l’Algérie», «Ni Pharaon, ni Ramsès en Algérie ; un seul héro : le peuple», «Pour l’élection d’une assemblée constituante représentative des masses populaires», «Le peuple réclame l’application de l’article 7 de la Constitution», «Non à l’application de l’article 102», «Nous sommes unis, vous êtes finis», «Partez tous», «Bouteflika vous êtes partant, emmenez avec vous Salah et Ben Salah», «57 ans de système pourri barakat !», «Le peuple veut la chute de la mafia», «1962 indépendance de la terre Algérie, 2019 indépendance du peuple d’Algérie», «La souveraineté au peuple», pouvait-on lire sur des banderoles et pancartes brandies par les manifestants.

«Grandiose, impressionnante, historique», a-t-on qualifié la marche d’hier. Marchant lentement, les manifestants ont parcouru plusieurs kilomètres pour le départ du système, le changement et la démocratie. Aucun incident ni dépassement n’a émaillé cette imposante marche qui s’est déroulée, encore une fois, dans le calme et une ambiance bon enfant. Il est à signaler que des centaines de travailleurs de l’entreprise Naftal et des fonctionnaires d’autres secteurs publics ont marché, avant-hier, dans les rues du chef-lieu de wilaya de Béjaïa pour réclamer le départ du système. La rue a encore une fois dit son mot : «Nous ne sommes pas dupes, partez tous».

F. A. B.

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