L’aboutissement d’un combat long et juste

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Il a fallu trente-six ans après les événements du Printemps berbère pour que tamazight soit enfin reconnue, dans la Constitution algérienne, comme langue nationale et officielle. Il s’agit de la concrétisation d’une revendication, certes légitime, mais le pouvoir algérien a persisté à la rejeter pendant plusieurs décennies malgré la mobilisation de millions d’Algériens en sa faveur.

C’est au mois d’avril 2016 que la décision de reconnaître enfin tamazight comme langue officielle dans la Constitution algérienne a été prise par le président de la République après la pression continuelle de la rue et un combat mené avec persévérance par plusieurs générations de militants dévoués. Une génération qui, de Benai Ouali à Matoub Lounès, n’a jamais abdiqué ni renoncé à aller de l’avant. Mais, incontestablement, c’est le Printemps berbère d’avril 80 qui a constitué l’étape charnière de cette lutte.

C’est la première fois, depuis l’indépendance du pays, que la revendication identitaire amazighe est ainsi brandie de manière aussi spectaculaire. La reconnaissance de l’identité amazighe a été la locomotive des revendications scandées pendant le printemps de 1980. Malgré le retentissement incontestable qu’a eu le printemps berbère, on s’étonnera toutefois que le pouvoir n’a pas daigné satisfaire, ne serait-ce que de manière minime ou même symbolique, la revendication inhérente à la question amazighe.

La première fois que le pouvoir algérien a décidé de répondre concrètement aux exigences des militants du mouvement berbère c’est en 1990. C’est à dire, dix années après le Printemps berbère. C’était après la marche historique du 25 janvier 1990 à Alger. Après cette action spectaculaire, le pouvoir a décidé d’ouvrir deux départements de langue et culture amazighes dans les universités de Béjaïa et Tizi-Ouzou. Après quoi, il fallait attendre jusqu’au mois d’avril 1995. Des négociations ont été engagées entre les représentants du MCB et ceux du pouvoir dans le sillage de l’année de la grève du cartable ayant paralysé toutes les écoles et universités de Kabylie.

Trois décisions importantes ont été prises en faveur de la réhabilitation de l’amazighité. Il s’agit de l’introduction de la langue amazighe dans l’école algérienne pour la première fois dans l’Histoire, de la création d’une institution étatique rattachée à la présidence de la République et chargée de promouvoir et de réhabiliter la langue et culture amazighes et, enfin, le lancement d’un journal télévisé en tamazight.

L’institution en question est le Haut Commissariat à l’Amazighité (HCA), créée par décret présidentiel en juin 1995. Mohand Ou Idir Ait Amrane a été désigné président de cette institution. Le combat pour tamazight n’a pas cessé après cette première «conquête». Les actions pour la reconnaissance de la langue amazighe dans la Constitution se sont poursuivies. Après les événements du Printemps noir de 2001, le pouvoir décide, en 2002, d’octroyer le statut de langue nationale à tamazight. Il faut attendre quatorze ans pour qu’enfin le statut de langue officielle, tant revendiqué, soit accordé à tamazight dans la Constitution de 2016.

A. M.

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