L’association des Oulémas et l’école

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Par S. Ait Hamouda

L’association des Oulémas ne déroge en rien à son ancêtre éponyme. Bien plus, elle redouble de férocité et s’acharne comme jamais sur la ministre de l’Éducation. Après les protestations mesurées de son président Guessoum Abderrazak, c’est au tour de son vice-président, Ammar Talbi, de reprendre le crachoir pour tomber à bras raccourcis sur Benghabrit et la directrice de l’École algérienne de Paris, les accusant, tenez-vous bien, de terrorisme !

Qu’à cela ne tienne, ils affirment, en somme, que la prière à l’école est un devoir national et fait partie des constantes consignées dans la Constitution. Mais ce qu’ils ignorent, c’est que l’école n’est pas un lieu indiqué pour prier mais pour apprendre les sciences, la philosophie aristotélicienne et la citoyenneté.

Cela est, en principe, une chose établie, et il n’y a pas à revenir dessus, à moins de vouloir transformer l’établissement en un foutoir où le radicalisme, le wahabisme et le salafisme jouent des bras et se disputent les concepts islamiques à qui mieux mieux.

L’association des Oulémas se moque, en fait, des constantes de l’algérianité, ce qui l’intéresse est clair comme l’eau de roche : ancrer dans l’esprit de l’élève l’obscurantisme le plus noir. Heureusement qu’elle ne gère pas l’enseignement, la pédagogie et l’orientation de la population scolaire, autrement où en serait-on ?

«La manière dont les questions de religion et d’identité sont traitées par les responsables est inacceptable», dit M. Guessoum, sans rougir. C’est que le sieur trouve l’école, au niveau où elle est actuellement, parfaite, à condition que l’on y prie. Voilà pourquoi, en fait, on exagère et on outrepasse les règles minimales du raisonnement et on s’en prend à la tutelle.

Quoi qu’il en soit, c’est à un débat creux et non-fécond auquel on invite l’Algérien : faut-il prier ou non dans les cours de l’école ? Faut-il aligner les élèves, étaler un tapis et faire sa prière comme à la mosquée ? Non, l’école est faite pour apprendre les sciences profanes et pour autre chose. Il leur faut aux membres de cette association une école sur mesure, à l’aune de leur religiosité obscure, c’est ce qu’ils veulent faire du futur algérien. Mais ils ne pourront pas transformer l’école selon leurs désidératas, quoi qu’ils fassent !

S. A. H.

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