Par Ali Boudjelil
Quelle partition peut bien jouer un quatuor assis à même le sol, en chaussettes noires, devant un beau rayonnage de livres de collection sur la religion ? Une mélodie en sol mineur ou simplement parler de la pluie qui ne tombe pas et du beau temps qui ne part pas. Quelle question poserait un ancien moudjahid qui a combattu la France à un djihadiste qui a fait tout pour que ses disciples égorgent des jeunes et des intellectuels de son pays ? L’un libéré par contumace et l’autre condamné par la masse ne peuvent forcément pas parler de la prière qui a remplacé Anzar. Il est fort à parier que leurs propos tourneraient autour du Hirak, qui vient de célébrer, de manière appuyée, son premier anniversaire et de l’Algérie qui vient de s’offrir un habit neuf. Le terrorisme est certes résiduel, mais l’islamisme et aux abois. On l’a vu lors des premiers vendredis des marches, ostentatoirement puis discrètement quand cette révolution du sourire lui a signifié pacifiquement que les traumatismes de la décennie noire continuent de peser sur les neurones et de tarauder les esprits.
L’islam, cette religion claire, limpide et belle comme son Messager, est adoptée même par nos oliviers, car l’Algérien sait, un peu plus que d’autres, que pour vivre, il faut mourir. Il a fait le mort pendant de longues années pour qu’aujourd’hui il vive ces moments où il dit non à la Issaba et non à l’intégrisme islamiste et à toutes formes d’extrémisme. «Le Diable entra en Iraq et y satisfit ses besoins puis se rendit en Syrie et en fut chassé. Ensuite, il alla en Égypte où il pondit, couva et s’installa solidement», résumait quelqu’un en parlant du wahabisme. Quant au salafisme djihadiste, qui appelle aux armes et à la violence, l’on dira qu’il veut s’installer même dans les hameaux où nos mères n’adoraient qu’un Dieu, unique, clément et miséricordieux. L’Algérie est vaste, tout comme ses projets et ses espérances, et son peuple, après avoir fait regretter beaucoup de choses à ses envahisseurs, sait que lutter contre toute exaction et barrer la route aux obscurantistes est une forme de croyance.
A. B.