Le conflit du FFS affecte l’APW

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La session ordinaire de l’APW de Tizi Ouzou convoquée pour hier, avec au menu notamment le vote du budget supplémentaire, n’a pu avoir lieu, faute de quorum. Seuls une vingtaine d’élus étaient présents au lieu des 25 formant la majorité.

Six élus du FFS ont carrément boycotté la session, faisant ainsi exploser la majorité du parti qu’il formait avec les groupes du FLN et du RND. Il faut signaler aussi que des défections ont été enregistrées même du côté du FLN et du RND. Les six éléments absents du FFS se sont joints au groupe du RCD resté à l’extérieur de la salle où ils ont partagé un rassemblement pour réclamer la libération des détenus dont l’élue à cette même assemblée de wilaya de Tizi Ouzou, Samira Messouci.

Six élus FFS se démarquent Ainsi, le groupe FFS protestataire, composé de six personnes, a exprimé de nouveau sa démarcation vis-à-vis du président de l’APW et du reste de ses fidèles. C’est dire que le conflit interne au FFS a fini par déteindre sur le fonctionnement de l’Assemblée et la déchirure est désormais assumée au grand jour avec cette session avortée hier.

Pour rappel, à travers une déclaration rendue publique il y a plusieurs semaines, ce groupe des six, composé des Atek Djouher, Msela Mohamed, Sadok Ali, Sahli Youcef, Smaïl Nabila et Tayeb Salima, avait clairement affirmé «ne plus accréditer les orientations tendancieuses et machiavéliques d’un groupe d’élus, à leur tête Youcef Aouchiche, malheureusement érigé en secte afin d’exécuter des stratégies étrangères et contraires aux nobles missions de gestion des affaires ordinaires de notre wilaya». Et d’ajouter : «Nous sommes affligés et scandalisés de constater que ce groupe d’élus de l’APW de Tizi Ouzou s’est focalisé sur un travail de sape qui se traduit par des réunions clandestines et répétées dans l’enceinte même de cette institution qui por te le nom de feu Aïssat Rabah ex-P/APW, afin de neutraliser le FFS et ses instances légitimes».

La longue déclaration finit de la sorte : «En conséquence, nous nous démarquons totalement du pr ésident de l’APW, M. Youcef Aouchiche, et de son groupe et réaffirmons notre indéfectible soutien à la direction légitime du FFS représentée par son instance présidentielle et le camarade Hakim Belahcel, premier secrétaire». La déclaration date du 28 juin mais n’a été rendue publique que fin juillet dernier. Hier donc, la cassure a été définitivement assumée et le FFS a désormais perdu sa majorité à l’APW. Me Nabila Smail, présente au rassemblement observé par les boycotteurs de la session, estime qu’il est «indécent de tenir une session, alors qu’une des élue de l’assemblée est en prison». Elle a dénoncé également «la programmation de la session un mois d’août, période des congés, en dehors du calendrier prévu par le code de wilaya ».

À propos de l’ordre du jour, Me Smail note qu’il n’est pas normal de venir discuter d’une question aussi sérieuse en été, pendant les vacances, en dehors du calendrier prévu par le code de wilaya». Comme elle n’a pas manqué de pointer du doigt «l’administration pour avoir cautionné cette date, la session n’étant pas extraordinaire pour qu’elle soit convoquée un mois d’août !». Le budget, insiste-t-elle, «est une question très sérieuse, avant de l’adopter, ils doivent d’abord rendre des comptes sur les budgets que nous avons déjà adoptés. Où est parti l’argent», s’est-elle interrogée. «Le rôle d’une assemblée n’est pas seulement d’adopter et de délibérer, c’est aussi de demander des comptes. Nous voulons savoir où est passé l’argent adopté par les APW précédentes. Nous voyons l’état des routes, l’état des écoles, l’éclairage, les structures de santé ! Où est l’argent de la wilaya ?». Me Smail, au nom du groupe FFS des six, dit refuser de passer pour des «faire valoir», «des employés». «Voter et repartir, ça ne se passera plus comme ça», avertitelle. « L’heure est à la comptabilité ! On ne votera plus jusqu’à ce qu’on nous donne les comptes ! Y’en a marre de la politique de l’autruche». «Le fonctionnement de l’APW, on s’en démarque entièrement», déclare-t-elle.

«On est des élus du FFS, c’est une APW FFS, mais nous nous démarquons de son fonctionnement ! Nous voyons tout ce qui se passe dans la gestion de tous les secteurs, rien ne fonctionne». À noter par ailleurs que lors du rassemblement, une minute de silence a été observée, à la mémoire des cinq victimes des bousculades ayant eu lieu lors du concert de Soolking jeudi dernier. Le RCD dénonce une APW mise sous scellés depuis six mois Le groupe RCD de son côté a fustigé, dans une déclaration, lue sur place, le président de l’APW et son exécutif du FLN et du RND, accusés d’avoir «mis sous scellés depuis six mois (…)» l’APW pour en convoquer enfin «une session un 25 août».

Commentant l’ordre du jour retenu, le groupe RCD le qualifient de «bricolé pour la circonstance et cache mal la seule volonté du P/APW et de ses alliées des partis d’El 3issaba de répartir la rente». Ils ont pointé du doigt notamment l’augmentation du «fameux budget de la restauration de 4 millions de DA, à l’occasion de ce BS, à 14 millions DA pour l’exercice en cours». Et d’ajouter, «l’inscription alibi d’un point relatif au constat (encore un) sur les dégâts occasionnés par les incendies qu’a connus notre wilaya cet été témoigne de l’imprévoyance et de l’incompétence du P/APW et de ses alliés du FLN et du RND».

«Notre région connaît chaque été des incendies ravageurs, il aurait fallu examiner ce risque avant l’été et prendre à l’avance des mesures pour en limiter les dégâts. Malheureusement, rien n’a été fait», souligne-t-on. Revenant au contexte général et politique «exceptionnel» dans lequel la session est programmée, les élus RCD ont rappelé que l’élue Samira Messouci, membre de l’assemblée, est encore en prison et qu’il est «inacceptable de se réunir comme si de rien n’était».

À Signaler par ailleurs que la session est donc de fait reportée de cinq jours comme le prévoit la réglementation et devrait donc être convoquée à nouveau pour le lundi 2 septembre prochain.

Kamela Haddoum

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