Le FLN et le RND au creux de la vague

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Après un peu plus de 20 ans d’alternance à la tête du gouvernement et de partage tacite des commandes des deux chambres du Parlement, le FLN et le RND continuent de s’associer, comble de l’ironie, dans le pire. Attelé par le système politique régurgité avec fracas par des millions d’Algériens, le duo FLN-RND vit les pires heures de son cycle de vie. Jamais ces deux formations, unies par le joug d’attelage depuis 23 ans, n’ont eu à traîner les pires araires que celles qui leur font mal aux chevilles ces dernières semaines.

Alors qu’ils étaient maîtres de décisions, que ça soit au gouvernement ou dans les deux chambres du Parlement, ces deux partis politiques, dont l’un est l’usurpation du sigle historique de l’Indépendance et l’autre l’incarnation de la spoliation du premier, sont catégoriquement et ouvertement rejetés par le peuple.

Pourtant, c’est de ce dernier que le FLN et le RND se targuaient d’avoir acquis leur légitimité et leur force de gouverner. Dopés de faux muscles et érigés en patriarches de la scène politique nationale, il aura suffi d’un séisme populaire pour qu’ils s’effondrent tel le colosse de Rhodes !

Si Ahmed Ouyahia, chef du RND et Premier ministre, fut le premier à être vociféré depuis la ville d’Annaba avant que son nom ne soit hurlé dans toutes les manifestations populaires que connaissent toutes les régions du pays, le «FLN dégage» est devenu le slogan par excellence des Algériens depuis le 23 février, jour durant lequel Mouad Bouchareb s’était laissé pousser une aile de plus pour un envol raté.

La phrase qu’il ne fallait surtout pas prononcer continue de hanter les nuits des caciques du FLN par la faute d’un novice imposé contre les éléphants, à l’image de Bouhedja à l’APN, et d’autres noms beaucoup plus chevronnés pour la prise des commandes du parti. Le «même les enfants rêvent…, bon sommeil», prononcé par Bouchareb à Oran à l’adresse des partis de l’opposition, s’est retourné tel un boomerang qu’aucune tête au sein du parti n’est en mesure de défier. Mieux, d’aucun garde son torse sous la table dans l’attente de voir passer la colère.

Au FLN, c’est justement sous cette table antichoc que la guerre fait rage pour déposséder Bouchareb et requinquer la façade du parti. Le 13 mars dernier, soit deux jours après l’annonce du report de l’élection présidentielle par Bouteflika, l’une des figures du redressement au sein du FLN déballe sur le site d’information en ligne, TSA, tous les maux cultivés dans sa maison politique. Rappelé pourtant pour renforcer les rangs du parti, Abdelkrim Abada jeta l’éponge 24 heures plus tard et s’en prit méchamment à l’instance dirigeante du parti, mais aussi au président de la République.

Il sera d’ailleurs la première voix «flniste» à soutenir le mouvement populaire et à dénoncer les mesures prises par Bouteflika le 11 mars. La fronde et les coups bas, sève nourricière des dirigeants du FLN, s’accélèrent dans une tentative d’abluer le sigle pour mieux rebondir. «Pas si sûr d’y parvenir tant les manifestations crient le départ du système et de ses enfants», nous dit-on.

Idem pour le RND qui vit ses dernières heures sous la menace d’un coup d’Etat contre son secrétaire général, Ahmed Ouyahia, poussé à la démission de son poste de Premier ministre, laissant derrière lui un gouvernement désarçonné. Hier, le parti a démenti la démission d’Ouyahia qui aurait été forcé à le faire par le clan de Belkacem Mellah qui réclamait sa tête depuis qu’il fut débarqué de l’Exécutif. «Une chaîne de télévision, qui prétend tenir son information de bonne source, rapporte une rumeur selon laquelle le secrétaire général serait sur le point de déposer sa démission.

Nous apportons un démenti catégorique à cette rumeur et affirmons que M. Ahmed Ouyahia poursuivra sa mission pour laquelle il a été élu démocratiquement par la majorité des congressistes par bulletins secrets», a rapporté, hier, un communiqué du RND. Celui-ci poursuit en se félicitant «de l’attachement de ses militants, de ses cadres et de ses élus aux structures organiques et à sa Direction, avec à sa tête M. Ahmed Ouyahia, secrétaire général», comme pour apporter une ferme opposition aux desseins de Belkacem Mellah.

Or, ce n’est pas qu’à ce dernier que le RND d’Ouyahia devrait faire face. Les cascades de démissions et la multiplication des appels à renverser le fils de Bouadnane du haut du parti se font entendre de partout. Plusieurs députés et élus municipaux y adhèrent d’ailleurs, fragilisant encore davantage les structures de base de ce parti qui vient de fêter ses 23 ans, il y a tout juste un mois.

En tout état de cause, le FLN et le RND sont condamnés à partager leur sort tant le joug d’attelage, qu’ils portent depuis longtemps, reste solidement attaché par la ligne politique qu’ils ont toujours adoptée face à un peuple berné et asservi. Et puis il y a cet appel, comme un coup de massue, de l’ONM lancé hier pour mettre le parti (FLN) au musée, qui ne fera que remettre davantage en cause la survie du parti plus que jamais dans le tumulte.

M. A. T.

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