Le handicapé : de la surdité à la cécité de la société

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Par Ali Boudjellil

Puisqu’il n’est nullement indiqué de s’apitoyer sur le sort d’un être qu’accable un quelconque handicap, l’Algérie, toutes institutions confondues, œuvre à ne plus ranger cette frange en marge de la société. Cependant, la Journée internationale des personnes aux besoins spécifiques, qui coïncide avec le 3 décembre, tarde à commuer avec chaque jour que Dieu fait. Il y a certes des avancées, mais qu’offre-t-on réellement à ces personnes qui ne demandent que leurs droits -droits qui vont beaucoup plus aux dégourdis-, au détriment de ceux qui sont en droit d’attendre un geste louable et noble de toutes les institutions étatiques ? Permettre aux handicapés moteurs un accès idoine aux différents guichets et services est pourtant consigné dans tous cahiers de charges, mais sur le terrain, que dalle !

Rares les édifices publics qui honorent cette prestation. Il en est de même pour les recrutements où les atermoiements à enrôler un chômeur aux besoins spécifiques sont légion, bien qu’en sourdine. Près de 28 000 handicapés sont recensés dans la wilaya de Tizi Ouzou, dont plus de 14 000 aliénés mentaux et plus de 8 000 «survivants» avec un handicap moteur. Seulement, il faut se remettre à l’évidence que ces chiffres souffrent d’exactitude puisqu’il y a un nombre, peut-être effarant, de personnes qui ne sont pas recensées parce que cachés.

L’État peut-il à lui seul agir et réagir pour que l’autiste, l’enfant de la lune, l’aveugle, le muet, le sourd, le schizophrène… retrouvent le sourire ? Non, c’est un chantier que toute la société se doit de prioriser. Du maire au président d’association ou de comité jusqu’au voisin de palier et au lointain cousin, il y a urgence à dire qu’il n’y a de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Leur offrir une place dans nos cœurs est certes une belle chose mais c’est leur insertion dans le monde du travail et au cœur de l’Algérie qu’ils attendent de tout un chacun.

A. B.

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