Accueil Évènement «Le mouvement d’avril 1980 n’a pas été spontané»

IDIR AHMED ZAID, universitaire et un des 24 détenus de 1980 : «Le mouvement d’avril 1980 n’a pas été spontané»

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À chaque fois qu’il est question d’évoquer le printemps berbère, le témoignage d’un des vingt-quatre détenus s’avère toujours indispensable. Car, sans enlever rien à l’apport de tous les autres militants, les 24 détenus du printemps berbère sont, en quelque sorte, le symbole vivant de cette tranche de l’Histoire du combat identitaire. Idir Ahmed Zaid, enseignant à l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou depuis des décennies, en fait partie. Son témoignage dans le cadre du colloque initié par les militants Said Chemakh et Ahmed Sadi, à Tizi-Ouzou, est des plus importants donc.

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Des plus enrichissants aussi. Avant d’entamer sa conférence, Idir Ahmed Zaid a tenu à rendre hommage aux militants de la cause berbère décédés ainsi qu’à des militants anonymes, dont on ne se souvient jamais ou rarement. «Malheureusement, ces militants qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour le combat identitaire ne sont plus là pour assister aux fruits de leur contribution», a affirmé Idir Ahmed Zaid. Les militants de la cause berbère, a souligné Ahmed Zaid, sont tous des enfants de l’Académie berbère, de Mouloud Mammeri et de Jean El Mouhouv Amrouche.

«Le mouvement d’avril 1980 n’a pas été spontané. Il s’agit d’une construction intergénérationnelle qui s’est traduite par la transmission de la manière de comprendre l’identité algérienne», a expliqué Idir Ahmed Zaid. Ce dernier a indiqué que la révolte d’avril 1980 a été la conséquence de toutes les pressions qui se sont accumulées depuis la période coloniale jusqu’à après l’indépendance avec l’interdiction de la culture amazighe et l’opposition de la culture officielle.

L’orateur a rappelé, en outre, que ce combat a été mené sur un double front, celui de la lutte politique et celui de la production culturelle, notamment celle réalisée par Mouloud Mammeri, entre autres. Mais aussi par les activités de l’Académie berbère et la radio kabyle, chaine II. «La radio kabyle (chaine II) a contribué énormément dans la production culturelle berbère. Même s’il s’agit d’une production culturelle sonore, elle n’en demeure pas moins qu’elle a été considérable et a joué un rôle très important», a souligné le conférencier.

Ce dernier a estimé que la chaine II de la radio nationale a été pour beaucoup dans le processus de réappropriation de la culture amazighe. Quant à l’Académie berbère, même si elle avait activé de façon informelle, elle faisait toutefois office d’une véritable institution. «L’Académie berbère avait jeté les premiers jalons pour le recouvrement de l’identité amazighe. Son apport a été incommensurable», a-t-il affirmé. Quant aux événements du printemps berbère, ils ont été la source de l’éveil, de la prise de conscience et de tous les acquis enregistrés dans l’ensemble des pays où existe une communauté amazighe.

A. M.

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