Le niet des étudiants et enseignants à Tizi-Ouzou

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La décision du ministre de l’Enseignement supérieur, Tahar Hadjar, d’avancer les vacances de printemps de 10 jours a provoqué la colère à l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou. Administration, étudiants et enseignants affichent leur rejet de la décision.

Le climat était des plus tendus, hier matin, au campus Hasnaoua. Les étudiants se sont regroupés, très tôt, devant la bibliothèque principale où ils ont tenu un sit-in. De leur côté, les enseignants et personnel de l’université ont organisé une assemblée générale, pour discuter de la situation politique du pays, mais aussi de la dernière décision de la tutelle qui semble les contrarier au plus haut point.

Du côté des étudiants, le mot d’ordre était «le refus catégorique de la décision du ministre». Pour tous les intervenants lors de ce rassemblement, les choses sont claires : «La décision est strictement politique, elle vise à essouffler la mobilisation populaire en renvoyant les étudiants chez eux».

Les étudiants sont en effet une partie prenante très active du mouvement de contestation, avec notamment une participation massive aux marches populaires organisée chaque vendredi. La réponse des étudiants est un niet clair et net : «Nous refusons de nous soumettre à toute décision qui chercherait à nous soumettre», affirment-ils.

L’ambiance n’était pas très différente du côté de l’auditorium de Hasnaoua, où se tenait l’assemblée générale des enseignants, en présence de beaucoup d’étudiants. L’ensemble des intervenants se sont accordés à dire que la décision est «anti-pédagogique».

Les enseignants, de différents départements de l’université, ont exposé chacun leurs points de vue, allant jusqu’à revendiquer, pour certains d’entres eux, «le départ du ministre Hadjar», dont la décision est qualifiée d’«irresponsable».

Les travaux de cette assemblée générale ont été sanctionnés d’une déclaration lue à l’assistance et approuvée par les présents, dont nous détenons une copie. «Au moment où le peuple algérien s’est prononcé sur sa volonté irréversible d’en finir avec ce système, voilà que le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, puisant dans le répertoire des pratiques du système, vient commettre un acte de mépris envers toute la communauté universitaire en essayant de vider le mouvement populaire de sa substance intellectuelle et avant-gardiste par la modification arbitraire du calendrier des vacances universitaires», lit-on sur le document.

Les rédacteurs poursuivent : «En commettant cet impair, le ministre a démontré son positionnement en fidèle caporal de l’oligarchie maffieuse, envers et contre la volonté populaire, source de toute souveraineté politique». «En réponse à cette ignominie, la communauté universitaire du l’UMMTO, (ATS, enseignants et étudiants), réunie en assemblée générale ce jour (…) rejette catégoriquement l’arrêté n°220 du 9 Mars 2019 portant modification du calendrier des vacances universitaires», lit-on encore.

Les enseignants et étudiants de l’université Mouloud Mammeri déclarent «ne pas reconnaître l’autorité de ce ministre». Ils appellent à «occuper massivement les espaces universitaires et à demeurer partie prenante du mouvement populaire pour le départ du système et l’avènement d’une vraie République démocratique et plurielle». La communauté universitaire appelle à «redoubler de vigilance pour déjouer toute tentative de dévoiement de ce mouvement». Elle appelle en outre, à «reprendre le rôle phare» qui a été le sien, en accompagnant le mouvement par sa «force de propositions».

Kamela Haddoum.

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