«Le pays n’est pas en crise, mais dans l’impasse»

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Lila Hadj Arab, députée du RCD, a animé dans la soirée d’avant-hier samedi une conférence intitulée «Situation politique actuelle en Algérie et perspectives», au niveau de l’aire de jeux de la nouvelle ville de M’Chedallah. D’emblée, la conférencière trace les contours de la crise politique que connaît le pays, laquelle trouve son origine, selon elle, dans «la confiscation de l’indépendance et la prise du pouvoir par la force du groupe d’Oujda».

Plus loin, elle affirme qu’«à chaque fois que le pays se retrouve en difficulté, ce sont ses ‘’vrais’’ enfants qui volent à son secours pour le protéger en se sacrifiant corps et âme». «A cause d’une gestion rentière, le pays a entamé une dangereuse régression», note la députée, estimant que ce que vit le pays aujourd’hui n’est pas une crise politique mais une «impasse qui n’est qu’une suite logique et une conséquence de la prise du pouvoir par ce groupe d’Oujda, privilégiant une orientation arabo-islamique au détriment de la culture amazighe et contre la volonté populaire».

Évoquant l’élection présidentielle, la conférencière soutient que les processus électoraux en Algérie sont «biaisés» depuis l’indépendance. «Le pouvoir en place a rejeté toutes les propositions qui lui ont été faites par l’opposition… 1 300 milliards de dollars ont été dilapidés durant les 20 ans de règne de Bouteflika parce que l’espace politique a été séquestré par le pouvoir militaire», ajoute-t-elle. Dans le même ordre d’idées, l’oratrice révèle que «Bouteflika n’a pas tenu sa promesse de faire des réformes, de donner plus de prérogatives aux politiques et de réduire l’influence des militaires». «Bien que durant le règne de Bouteflika, il ait été enregistré des rentes hallucinantes, le pays n’en a tiré aucun bénéfice.

Il (Bouteflika) a arrangé la Constitution pour se donner les pleins pouvoirs et opter pour une économie de rapines, dont a profité son clan. Les énormes recettes lui ont permis d’acheter la paix sociale à travers des actions inutiles et stériles sur le plan économique, tel le programme ANGEM à cause duquel des milliers de jeunes traînent des dettes, pour absence d’encadrement et de suivi dans leurs investissements, improductifs. Par son mépris, le régime a poussé la classe intellectuelle à l’exil», assène-t-elle, en citant s’appuyant sur le chiffre de 1 500 médecins qui ont quitté le pays durant les dix dernières années.

Continuant son intervention, l’oratrice dira que toutes les communes sont déficitaires et «ne tiennent que par les insignifiantes subventions distribuées au compte-gouttes et les PCD». «Ce pouvoir a poussé le mépris jusqu’à gérer le pays à travers un cadre, c’est ce qui a poussé les jeunes à la harga dans des barques de fortune, refusant de subir ce mépris. C’est aussi ce qui a fini par pousser le peuple dans la rue pour exiger le départ de ce système.

Un mépris identique à celui qui a contraint le peuple à prendre les armes contre le colonialisme», ajoute-t-elle. La conférencière, en spécialiste du droit, étant avocate de formation, condamna les «arrestations» et les «mises en scène». Et d’enchaîner : «Le mouvement ne doit pas s’arrêter jusqu’à la chute du système. Les provocations pour le casser ne réussiront pas». Concernant sa proposition de sortie de crise, elle préconise la mise sur pied d’une commission de transition composée de syndicalistes, magistrats et universitaires, âgés des moins de 60 ans, rappelant que 80% des Algériens ont moins de 30 ans.

«Cette commission doit être composée de 20 personnes pour préparer une nouvelle Constitution en parallèle à la préparation des élections», souligne-t-elle. Sur ces élections, elle insistera : «En 2012, le fichier électoral a augmenté de 4 millions d’électeurs en 3 mois. Le peuple doit aller en urgence au vote d’une nouvelle Constitution pour passer à d’autres élections». L’intervenante pense qu’une période de transition d’une année, qui doit être menée par la société civile, est «en toute logique acceptable». «La haute instance doit rétablir la justice dans son plein droit sachant qu’une justice forte constitue un contre-pouvoir», estime l’hôte de M’Chedallah, qui souligne, par ailleurs, que le Hirak doit rester «autonome jusqu’à l’aboutissement de sa revendication : le départ du système et de tous ses symboles».

Oulaid Soualah

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