Les étudiants appréhendent une année blanche

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L’arrêt de cours à l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou semble s’éterniser. La grande majorité des étudiants n’ont toujours pas regagné les amphis. Se dirige-t-on tout droit vers une année blanche ?

C’est la question que se posent nombre d’observateurs surtout que les activités estudiantines organisées dans le sillage de la révolte populaire pour le changement se poursuivent, voire se renforcent. A cela s’ajoute le fait que toute la semaine en cours est dédiée à la commémoration du double anniversaire du Printemps berbère et du Printemps noir, deux événements sacrés aux yeux de la communauté universitaire.

Lors d’une virée, hier, dans le campus de Hasnaoua, ce dernier donnait l’image d’un espace en pleine effervescence pacifique. Le cycle des rencontres-débats avec des personnalités du monde politique et culturel se poursuivent et connaissent même un regain avec l’anniversaire du Printemps berbère qui a donné un nouveau souffle à la protesta dans l’université.

A l’occasion de la commémoration de ces événements historiques et à forte charge symbolique, les étudiants ont fait appel à de nombreuses figures de proue du Mouvement culturel berbère (MCB) qui ont répondu favorablement l’invitation à animer des conférences-débats aussi bien à l’auditorium qu’au niveau de la grande esplanade de l’ex-bibliothèque centrale du campus de Hasnaoua.

Des militants de premier plan du combat identitaire et pour les droits de l’Homme en Algérie, comme Saïd Khelil, Saïd Doumane, Mohand Ouamar Oussalem ou encore Ramdane Achab, ont réoccupé l’espace universitaire, trente-neuf ans plus tard, comme pour assurer la mission de transmission du flambeau du 20 avril 1980 à la génération nouvelle. Une affluence exceptionnelle et record a été enregistrée dans toutes les rencontres organisées jusque-là depuis le début du soulèvement pacifique, exigeant un changement radical du système politique dirigeant le pays.

Certes, cette mobilisation et adhésion de la communauté estudiantine sont un signe de maturité politique des étudiants, mais, au train où vont les choses, le spectre de l’année blanche plane sérieusement sur l’année universitaire 2018/2019. Un retard immense a été accumulé dans l’exécution du programme annuel, et ce, au niveau de la majorité écrasante des départements. Il en est de même pour les examens devant avoir lieu au deuxième trimestre et qui ont été renvoyés à des dates ultérieures et indéterminées.

Pour rappel, depuis le début du soulèvement populaire et pacifique du 22 février 2019, les étudiants et les enseignants de l’université «Mouloud Mammeri» ne se sont pas limités à soutenir le peuple dans sa démarche, mais ils se sont, également, impliqués directement en observant, entre autres, chaque mardi la marche des universitaires, à l’instar des autres étudiants du pays. Un rendez-vous hebdomadaire que les étudiants de Tizi-Ouzou ne manquent pas depuis son enclenchement.

En effet, chaque mardi, des milliers d’étudiantes et d’étudiants affluent systématiquement vers le portail d’accès principal de l’université Mouloud-Mammeri, d’où démarre la marche de cette communauté. Les étudiants de Tizi-Ouzou, compte tenu du passé militant de leur université, ne pouvaient aucunement rester en marge de ce qui se passe dans le pays. C’est donc tout naturellement qu’ils ont rejoint le train de la révolte populaire même si le prix à payer pourrait vraiment être une année de leur cursus universitaire. Mais le jeu en vaut la chandelle, semblent-ils se dire avec conviction.

Certes, il y aura peut-être toujours un moyen de rattraper ce grand retard, mais si le mouvaient de protestation en question venait encore à se prolonger pendant quelques semaines, il y a fort à parier que l’année blanche deviendra une certitude, voire une fatalité. Mais les étudiants de Tizi-Ouzou ont l’air d’être plus que jamais déterminés à ne pas courber l’échine et à maintenir la flamme de la mobilisation vivace jusqu’à ce que les revendications populaires soient satisfaites.

Aomar Mohellebi

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