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Nouvelles marches hier à Tizi-Ouzou, Bouira, Béjaïa… : Les étudiants maintiennent la mobilisation

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Comme chaque mardi, hier encore, des milliers d’étudiants de l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou ont battu le pavé pour réclamer le départ du système.

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Du portail principal de Hasnaoua jusqu’à la place de la bougie, les manifestant ont scandé des slogans hostiles au pouvoir en place et réclamé son départ et le changement du système. Dès les premières heures de la matinée, les étudiants ont afflué en nombre vers devant le portail principal de Hasnaoua. Des carrés denses se sont formés au fur et à mesure. Bien avant le début de la marche, les étudiants ont scandé des slogans appelant au changement du système, au départ des «4 B» et à plus de démocratie.

Vers 11h30, la foule forte de plusieurs milliers de manifestants s’est ébranlée, criant haut effort le rejet de Bensalah et du gouvernement. Sur les banderoles on pouvait lire, entre autres : «Dissolution des deux chambres, sénat et APN», «Les étudiants s’engagent, le système dégage», «Un peuple magnifique face à un pouvoir archaïque», «Pour une Algérie démocratique et sociale», en plus du classique «ulach, smah ulach» et autres revendications écrites dans les 3 langues.

Tout le long de l’itinéraire, allant du portail principal de Hasnaoua, jusqu’à la place de la bougie en passant par le stade du 1er novembre, l’hôpital, le rond-point et l’axe routier de l’ancienne gare, les manifestants ont observé plusieurs haltes, appelant à chaque fois les tenants du pouvoir à dégager et à laisser place à une véritable transition vers une République démocratique et sociale. Des chansons d’Oulahlou, Ferhat Imazighen Imoula, Ali Ideflawen et autres chanteurs engagés de la région ont été reprises par les marcheurs.

Vers 13 heures, après une longue halte sur la place de la bougie, les marcheurs se sont dispersés dans le calme. A signaler que la marche fut très bien organisée et encadrée par les étudiants, malgré le fait que la circulation automobile n’avait pas été coupée. Des étudiants apostrophés nous diront : «Nous restons mobilisés tant que le pouvoir ne changera pas. Nous ne faiblirons pas, nous ne fléchirons pas et nous sommes déterminés à poursuivre notre combat pacifiquement jusqu’au départ du système avec l’ensemble des ses symboles et jusqu’à l’instauration d’une République démocratique et sociale où toutes les Algériennes et tous les Algériens seront égaux en devoirs et en droits».

Les enseignants ont aussi marché

Des milliers d’étudiants, d’enseignants et de travailleurs de l’université Abderrahmane Mira de Béjaïa sont sortis, hier encore, dans les rues pour réclamer le départ du système en place depuis 1962. La foule, qui a entamé sa marche depuis le campus de Targa Ouzemmour jusqu’à la placette Saïd Mekbel, pour un 8e mardi de mobilisation, a scandé des slogans hostiles au pouvoir, tout en appelant à «un profond changement du système politique».

«Nous voulons un changement de système, pas un changement dans le système», pouvait-on lire sur une banderole déployée par deux étudiantes. Encadrés par leurs enseignants, les étudiants de l’université de Béjaïa ont manifesté, encore une fois, leur rejet de toutes les figures du système, notamment les trois «B». «Bensalah dégage», «Bedoui dégage», «Belaïz dégage», scandaient-ils à gorges déployées à leur arrivée au rond-point Daouadji, rebaptisé récemment place Matoub Lounès.

Sous un grand soleil, les manifestants, scindés en plusieurs carrés, ont entonné leurs traditionnels refrains : «Pouvoir assassin», «Djazaïr Houra démocratia», «Ya Salah ya Bensalah, système rayeh rayeh», «système dégage», «Béjaïa, Alger solidarité», «A bas la répression, liberté d’expression». «Nos aînés ont toujours réclamé de profondes réformes du système de gouvernance, et ce depuis avril 80.

Ils voulaient une Algérie libre et démocratique. Leur rêve va se concrétiser sous peu, car, nous, étudiants, paysans, salariés, chômeurs, entrepreneurs ou autres, sommes déterminés à réaliser leur rêve. Un rêve qui est désormais le nôtre, depuis le 22 février, voire depuis la marche de Kherrata, un certain 16 février. Et nous n’allons rien lâcher ; nous poursuivrons la lutte jusqu’à ce qu’ils partent tous ; et nous allons ainsi construire l’Algérie de demain, celle voulue par les martyrs de la guerre de Libération», souligne Mourad, étudiant en sociologie. A ne pas s’y tromper, ces jeunes manifestants insistent sur le caractère pacifique des manifestations, tout en appelant à «l’unité des rangs pour dégager ce système».

D’ailleurs, sur l’une des banderoles déployées, il est indiqué que «Silmeya Silmeya. Le peuple est un et indivisible, l’Algérie est une et indivisible». La manifestation des étudiants, comme à l’accoutumée, s’est déroulée dans une ambiance bon enfant et s’est achevée dans le calme.

Les fonctionnaires de diverses entités également de la protestation

En grève depuis le début de la semaine en cours, les étudiants de l’université Akli Mohand Oulhadj de Bouira ont, une nouvelle fois, battu le pavé, hier, à travers les rues de la ville de Bouira. En effet, ils étaient plusieurs centaines d’étudiants, mais aussi d’enseignants et de fonctionnaires de l’université de Bouira, à participer à cette marche pour revendiquer «un véritable processus de changement démocratique».

La marche des étudiants qui s’est ébranlée du principal campus de l’université de Bouira s’est poursuivie à travers plusieurs rues du centre-ville. Également en grève, des fonctionnaires des directions de la culture, des affaires religieuses, de la conservation des forêts, de la poste, d’Algérie Télécom, de l’action sociale, de la santé, de la SDC, des services agricoles et des collectivités locales (wilaya, daïra et commune), ont rejoint cette manifestation, en plus des élèves de plusieurs établissements scolaires et de simples citoyens venus gonfler les rangs des manifestants.

Tout au long de l’itinéraire de cette marche, les manifestants ont brandi des slogans contre le pouvoir politique en place et appelant à un changement politique radical. Les manifestants ont aussi appelé à la «libération de l’espace public» et ont dénoncé, à cette même occasion, la répression dont étaient victimes les étudiants de l’université d’Alger ainsi que les militants de l’association RAJ et du MDS au cours de cette semaine : «Ce n’est pas en réprimant des manifestations pacifiques que le changement démocratique se fera.

Au fond, les Algériens réclament la libération de l’espace public et du champ politique. Nous avons le droit de manifester et d’exprimer nos opinions et même proposer des projets politiques. Ce qui s’est produit récemment à Alger est une preuve de plus que le pouvoir politique n’a aucune intention de changer les choses, mais plutôt essaye de manœuvrer et de dissuader le peuple de la nécessité de l’évolution et du changement démocratique», dira une enseignante de l’université ayant participé à cette marche.

Les manifestants ont aussi scandé des slogans pour le départ des 3B, qui sont notamment le président de la République par intérim Bensalah, le président du conseil constitutionnel Belaiz et enfin du chef du gouvernement Nourdine Bedoui. La dissolution des partis FLN et RND en plus de la centrale syndicale de l’UGTA ont été aussi évoquées par les marcheurs : «Nous réclamons une solution politique consensuelle, puisque la Constitution est devenue caduque depuis plusieurs années car elle a été bafouée dans son âme par l’ancien président de la République.

Nous réclamons un gouvernement de transition ainsi que des élections pour une assemblée constituante sans les symboles de l’ancien régime politique. La place du FLN est dans le musée de l’histoire algérienne car il appartient à tout le peuple algérien», ajoute un autre enseignant du département de sociologie. Les manifestants qui ont marqué une halte à hauteur du siège de la wilaya, se sont rassemblés par la suite au niveau de la place de la maison de la culture de Bouira.

À noter, enfin, que l’information de la démission du président du conseil constitutionnel, Tayeb Belaïz, a été accueillie avec certaines réserves de la part des manifestants, qui ont scandé «Hadi lbidaya u mazal mazal», «Ce n’est qu’un début, il reste encore beaucoup à faire».

Hocine T., F. A. B. et Oussama Khitouche

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