Les salines de Feraoun, un patrimoine à réhabiliter

Partager

La commune de Feraoun dans la daïra d’Amizour, wilaya de Béjaïa, est connue pour ses salines situées dans trois villages, à savoir Ikechaven, Iadnanen et Ath Ouni, qui représentent un patrimoine aussi bien naturel, culturel qu’historique.

Ces trois villages forment la région d’Imellahen, qui veut dire «travailleurs des salines», alors que Tamelahth veut dire «saline». Quant à la distance qui sépare les deux salines, elle est de près d’un kilomètre. Jadis, la population de ces villages exerçait des activités économiques axées sur l’agriculture de montagne avec une forte tendance à la culture de l’olivier, qui est roi dans cette région. L’exploitation collective des salines était, elle, assurée à tour de rôle par les familles, lesquelles vivaient de la rente du sel recueilli, en plus d’autres produits. Classé comme patrimoine de wilaya, en 2014, ce site est désormais à l’abandon. Pis encore, dans certains endroits, il est devenu un véritable dépotoir, où sont déposées les ordures ménagères. A cet effet, l’association culturelle «Sans frontières» du village Iadnanen dans la commune de Feraoun est montée recemment au créneau, via une déclaration dont on détient une copie. Dans cette missive, l’association interpelle les décideurs pour la réhabilitation de ce site.

«C’est regrettable de constater que le périmètre du site naturel de Tamelahth est désormais transformé en dépotoir, alors que le but est de le réhabiliter. Ce lieu est un patrimoine de la région. Mais hélas, il est oublié. Après la fermeture de la décharge municipale, la population jette ses ordures partout y compris dans ce lieu historique et touristique. Un endroit féerique désormais défiguré. Dans ce sens, l’APC n’a pas tenu ses promesses électorales. Les associations locales, en collaboration avec la Direction des forêts, l’association «Asirem», l’association «Talssa», ont organisé plusieurs fois des campagnes de sensibilisation, de reboisement et alerté les autorités. La Direction de la culture n’a pas non plus fait son devoir. Malgré les visites des responsables dans la région, rien n’a changé. La dernière fut celle du wali de Béjaïa, en date du 28 mars 2019. Aujourd’hui, après la mort d’Abdallah Gasmi et Bouzid Beldjoudi, il ne reste environ que six personnes travaillant au niveau de ces salines.»

Réquisitoire du mouvement associatif contre l’APC

Poursuivant son réquisitoire, ladite association a rappelé : «En 2015, nous avons saisi les responsables de la culture, au niveau de la wilaya, afin de sauvegarder le patrimoine de notre région menacé par un glissement de terrain, en vain. Les dernières activités de l’association «Sans frontières» à Tamelahth étaient en date du 3 février 2019 à l’occasion de la Journée mondiale des zones humides, en collaboration avec la Direction des forêts, l’association culturelle pour tamazight «lbachir Amellah» et l’Association culturelle du village Aït Aounir.» Pour sa part, l’association «Assirem Gouraya» a indiqué : «Les salines d’Imellahen offrent un panorama somptueux. Malheureusement, elles souffrent d’abandon et de dégradation. Il y a quelques anciens des trois villages qui perpétuent ces gestes maintes fois pratiqués et tentent de les restaurer. Ces salines sont d’un intérêt patrimonial évident et leur réhabilitation pourrait permettre aux villages de créer et développer un site touristique des plus envoûtants.

La population des trois villages d’Imellahen est enthousiaste quant à son engagement à redonner vie à ces salines ancestrales à travers les associations de village très actives et très conscientes des grands enjeux du développement durable.» Pour préserver ces patrimoines naturels, des associations comme «Assirem Gouraya» organisent des activités qui ont pour but de garantir la protection des ressources naturelles, culturelles et patrimoniales des régions de la wilaya de Béjaïa. En ce qui concerne ces salines, l’association «Aaj Tafthilt» d’Iadnanen a estimé que «c’est inconcevable que ce lieu historique et touristique soit devenu un dépotoir à ciel ouvert.» Adnane Abdeslam du même village a ajouté : «Ce patrimoine représente l’histoire de toute la commune de Feraoun, pas seulement de la région d’Imellahen. Ce site nous est cher. Je souhaite que tous les citoyens puissent travailler de concert pour le sauvegarder et le sauver.»

La version de la direction de la culture

Contacté à ce sujet, la direction de la culture de Béjaïa a apporté les précisions suivantes: «Le site Tamelaht est protégé réglementairement par un texte (n° 1400/14 du 13 juillet 2014). On a saisi, en date du 6 mai 2015, le ministère afin de nous accorder une subvention pour des mesures d’urgence pour prendre en charge ce site. Mais vu qu’on était en période de gel de projets, compte tenu des conditions économiques, le ministère l’a ajourné. Nous attendons toujours cette subvention. Pour ce qui est de la décharge publique qui existe sur les lieux et suite à la sortie technique de nos services effectuée le 27 février 2017, il a été question avec le P/APC de Feraoun de mettre fin à la prolifération des ordures et déchets sur ces lieux. Avec l’APC, nous avons préconisé des actions de nettoyage et de sensibilisation afin de protéger ce lieu de mémoire. En outre, la mairie est tenue de veiller sur le site et prendre des mesures pour arrêter cette prolifération de déchets.»

Achour Hammouche

Partager