L’incroyable attente

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Par S Ait Hamouda

L’uniformisation est une façon d’harmoniser le bien et le mal. Une autre façon de rendre crédible aux yeux de tout mortel l’insensé et l’incongru, voire l’impossible idée que l’on a de l’Algérie. De cette façon, harmonisons tous ces paramètres pour trouver dans nos rêves l’illusion cauchemardesque que nous faisions avant que tout bascule, et que tout se métamorphose en un soupçon de normalité maintenue. Qu’à cela ne tienne, il n’est pas de contrainte qui nous lie au firmament, tandis que le ciel est toujours gris, et la mer éternellement agitée. Que l’on soit de cette frange éberluée, ou de cette horde folle qui habille de froc ou de pauvres linceuls, les hères qui rassemblent au lieu de nous séparer comme du sable jeté aux vents multidirectionnels et nous voilà à l’orée du bout de soleil, menés à tort et à travers de toutes les contingences farfelues.

Ce qui coûtera l’avenir, comme le présent, comme le passé, aux trublions que nous croyons être. Pour l’avenir, nous savons qu’au demeurant il nous dépasse, le présent il nous menace de ces griffes acérées, et le passé nous ne nous souvenons plus de ses turpitudes, ni de ses héroïques résistances. Nous parviendrons quand même à outrepasser l’alphabet qu’il nous dicte, à l’ombre du chêne lépreux qui nous accable de son malaise. L’heure n’est pas aux incantations de textes qu’on annone par tradition, sans conviction, sans foi, et surtout par habitude.

Car nous sommes habitués aux canulars de toutes sortes, et les avions enregistrés, sans calcul, sans feintes, sans faire illusion. De nos subreptices cavales et de nos insipides stratagèmes, la façon de considérer les illuminations que nous avions eues, comme des prophéties venues tard dans la nuit sans étoiles, nous déranger dans l’obscurité. Pour retrouver, et encore, notre aura qui aura du temps de se plaindre de ce qui nous accable durant la sempiternelle promesse de jubilation à venir. Qu’il soit permis ou non aux hommes de ce pays de se donner rendez le vendredi pour marcher et de faire la sieste le samedi, il est aussi permis, au-delà du raisonnable, de penser à toutes nos incroyables attentes.

S. A. H.

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