L’unanime alarmant constat

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C’est un conseil de wilaya dédié à la lutte contre les MTH qui s’est tenu, hier matin, au niveau du siège de la wilaya et qui a été présidé par le secrétaire général assurant l’intérim du wali. L’ensemble des secteurs étaient ainsi conviés à établir leurs rapports sur différents points noirs recensés à travers les 45 communes que compte la wilaya de Bouira. Les APC, représentées par les chefs de service des bureaux d’hygiène, ont dressé un tableau noir de la situation.

A noter que c’est le cas de la commune de Lakhdaria qui sera examiné en premier, suite aux manifestations des citoyens, la semaine dernière. Ainsi, on apprendra que certains points d’eau potable, actuellement fermés à cause de leur proximité avec des décharges publiques ou des réseaux d’assainissement défectueux, demeureront scellés jusqu’à ce que les travaux de nettoyage soient pris en charge. Le secrétaire général, pour sa part, exigera que la surveillance de ces points d’eau soit permanente pour éviter que les citoyens viennent s’y ravitailler. «Nous ne pouvons pas laisser les gens s’approvisionner en eau impropre à la consommation, il y va de la santé publique, et on ne tolérera aucun écart dans le but de préserver la santé de nos concitoyens», s’adressera le S/G aux représentants des bureaux d’hygiène communaux.

A signaler que les autres communes de la wilaya seront aussi passées en revue avec leurs points noirs, mais c’est l’APC d’Aghbalou qui va s’illustrer en matière de danger concernant les MTH. En effet, selon le rapport transmis aux instances de la wilaya, cette commune de haute montagne, dont le chef-lieu, Takerboust, n’est toujours pas alimenté par le réseau de l’ADE, possède 529 puits dont seulement 120 ont été traités, au cours de la période allant du 1er juin au 15 août. Toujours selon le rapport, il est indiqué que la distribution des galettes de chlore se fait à la demande des citoyens mais qu’au cours de la saison estivale, l’alimentation en eau potable s’effectue à partir des oueds, tout en soulignant l’état «catastrophique des eaux du village de Takerboust».

D’autre part, le document attire l’attention des responsables de la wilaya sur le fait que bien que le traitement des eaux se fasse au niveau des châteaux d’eau, les résultats sont toujours de mauvaise qualité bactériologique à cause des eaux des oueds et du tarissement des sources d’eau de montagne. Par ailleurs, il est indiqué que sur les 120 prélèvements effectués au cours de cette période estivale, 90 tests au chlore se sont révélés négatifs, alors que 30 étaient positifs. Il en est de même pour les analyses bactériologiques, où sur les 25 prélèvements effectués, 15 se sont avérés négatifs et 10 positifs. Pour couronner le tout, à propos du contrôle des établissements à caractère alimentaire et des lieux publics, durant la période estivale, les services de l’APC d’Aghbalou n’ont effectué aucune visite.

«Le bureau d’hygiène communal ne fonctionne qu’avec trois éléments», indique-t-on. Trois éléments pour une population excédant les 23 000 habitants de cette commune de haute montagne ! Un état des lieux qui n’honore guère les responsables de la wilaya qui, chaque année, ne font que déplorer cette situation sans pouvoir y remédier et font des promesses sans lendemain. Quant au secteur de l’agriculture, qui dépend du secteur de l’hydraulique, il sera aussi interpellé sur la lutte contre les MTH. A ce propos, le directeur des services agricoles de Bouira, Djoudi Ganoune, préconise une approche plus pragmatique : «On a 34 retenues collinaires à travers la wilaya de Bouira disposant d’un volume théorique des plus appréciables avec un volume d’irrigation de 100 hectares par retenue. Toutefois, il s’avère que la plupart de ces retenues sont envasées à moitié ou un peu plus. Donc, les quantités d’eau sont assez faibles. Certaines retenues sont également polluées à cause des réseaux d’assainissement défectueux se trouvant à proximité.

C’est pour cela que nous exigeons la réparation des avaries sur ces conduites d’assainissement, afin de préserver la qualité de l’eau et éviter les risques de contamination par les MTH. Il faut savoir que la majorité de ces retenues sont gérées par la Chambre de l’agriculture, mais cette que dernière n’est pas en mesure d’assurer leur entretien du fait que les agriculteurs qui utilisent cette eau ne s’acquittent pas de leurs redevances. Un immense fardeau pour la Chambre de l’agriculture. On essayera de trouver la meilleure formule afin que ces retenues collinaires soient gérées par l’Office national de l’irrigation et du drainage (ONID).

Aussi, on a programmé une séance de travail pour le mois de septembre, au cours de laquelle on étudiera cette possibilité avec l’élaboration d’un cahier des charges confectionné à cet effet pour une gestion efficace des retenues collinaires», précisera Ganoune. Il convient de signaler que si ces retenues collinaires étaient gérées de manière convenable, elles ne seraient plus désignées comme responsables des dizaines de noyades enregistrées chaque année. Aux agriculteurs de s’associer dans un Groupe d’intérêts communs (GIC) afin d’optimiser les ressources en eau existant au niveau des 34 retenues collinaires de la wilaya de Bouira. Des agriculteurs qui devront bien sûr s’acquitter de leurs redevances, en assurant l’entretien et le gardiennage des lieux pour empêcher les jeunes de se baigner dans ces points d’eau.

Hafidh Bessaoudi

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