«On n’arrive pas à percer dans l’apiculture»

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La Dépêche de Kabylie : La saison oléicole va bientôt commencer. Qu’est-ce qui a été fait pour améliorer la qualité et la quantité de la production et quelles sont les prévisions pour cette saison ?

Makhlouf Laïb : La saison s’annonce prometteuse parce que cette année il n’y a pas eu de maladies et la pluie est venue à temps. Les premières pluies ont sauvé la saison car l’été a été long et très chaud. La chaleur a ridé les olives, heureusement qu’il y a eu des précipitations importantes qui ont sauvé les fruits et ont permis la fabrication de l’oléine. Toujours est-il que nous ne sommes pas à l’abri de maladies, comme la mouche mais jusqu’à présent, rien n’a été signalé. Concernant nos prévisions, je dirai que cette année on dépassera les 13 millions de litres d’huile d’olive. Nous avons lancé notre plan depuis plus d’un an et demi avec tout d’abord le diagnostic de l’oléiculture au niveau de la wilaya. Nous avons, donc, identifié tout ce qui freine la production, comment lever ces freins et vers quelle perspective.

On a tenu plusieurs réunions à l’ITMA avec des experts universitaires et avec toutes les parties intervenantes dans l’oléiculture on a constaté qu’il y a beaucoup de contraintes, notamment la pratique du gaulage. Aujourd’hui, beaucoup de producteurs et de paysans ont abandonné cette pratique qui détruit les olives et la production. Nous avons aussi constaté que les oléiculteurs ne respectent pas la période de cueillette des olives, hors il existe une période pour cela. Il faut cueillir les olives au début de la saison pour avoir plus d’huile extra-vierge et vierge et au début il n’y a pas de mouche. À présent, il y a aussi des huileries qui triturent les olives le jour de leur cueillette et cela est encourageant. Il faut savoir que lorsque l’huile devient lampante, elle perd sa qualité et devient acide.

Avez-vous expliqué tout cela aux agriculteurs ?

Oui bien sûr, on a été sur le terrain pour expliquer tout cela aux oléiculteurs. Nous avons aussi insisté sur le stockage des olives qui se faisait dans des sacs en plastique. Mais à présent, les fellahs commencent à utiliser des caisses. Nous avons aussi expliqué la taille de fructification afin d’avoir des oliviers avec des branches pendantes pour plus de production. Nous avons aussi insisté sur le travail des oliveraies dès la fin de la saison car les pucerons, les virus et les insectes dorment dans le sol jusqu’à la prochaine saison, donc il faut labourer le terrain pour éliminer ces pucerons et ces insectes. C’est une méthode mécanique et biologique qui permet d’éviter l’utilisation des pesticides. Les paysans sont en train de prendre conscience et de mettre en pratique ces nouvelles méthodes.

Où en est le projet de labellisation de l’huile d’olive, notamment celle d’Ath Ghobri ?

S’agissant de la labellisation, on a tenu récemment une réunion à Azazga, les cahiers des charges sont ficelés et transmis à Alger et nous sommes à l’application. Dorénavant, les prescriptions des cahiers des charges doivent être observées parce que l’arbre doit être préparé pour l’année d’après, éviter les pesticides chimiques et opter pour les produits organiques. À partir de la margine et du grignon, on peut fabriquer des engrais organiques. Il faut aussi éviter le gaulage et tailler l’arbre correctement. Nous avons pour cela une école de formation au niveau de l’ITMA de Boukhalfa qui est itinérante et qui fait un travail de longue haleine. Cette année déjà, les gens ont introduit des caissons pour le stockage et évitent le gaulage et commencent à produire de l’huile vierge. Cela veut dire que nous avons avancé et que nous sommes sur les rails.

Jeudi (NDLR, aujourd’hui) aura lieu le Salon de l’apiculture…

En effet. Il y aura huit exposants de miel qui viendront de sept wilayas. C’est surtout une rencontre de diagnostic pour déterminer les causes de la baisse de notre production. Nous allons soulever ce problème et celui de l’investissement dans ce domaine et pourquoi nous n’arrivons pas à percer dans l’apiculture. Les solutions sont connues mais elles doivent être partagées. Un cahier des charges doit être établi avec des prescriptions techniques à respecter. Nous allons discuter sur tous les problèmes de la filière avec des spécialistes en la matière. Il y aura le directeur central qui sera présent et on prendra des résolutions le jour-même. Il faut travailler ensemble. À Tizi Ouzou, il y a un travail formidable qui se fait mais il n’est pas valorisé. Nous avons des gens qui font de la transhumance vers le sud mais quant ils reviennent, ils restent à huis clos. Nous allons aussi appeler à déplacer les ruches des maquis vers des parcelles sécurisées et à moindre risque d’incendie pendant l’été. Concernant notre production cette année, elle est de 3 500 quintaux. Ce manque est dû à la chaleur excessive. Chose qui a aussi détruit la production de la figue fraîche et la figue de Barbarie, l’été a été des plus chauds.

Il y aura aussi en ce mois d’octobre une rencontre sur la femme rurale…

Oui il y a une rencontre sur la femme rurale qui va avoir lieu à l’ITMA. Cette rencontre regroupera les structures de l’État avec les institutions financières et les femmes rurales. Nous allons essayer de proposer des fiches techniques sur les investissements des femmes rurales au ministère de la Solidarité nationale pour les prendre en charge. Nous aurons aussi, le même jour, la visite de représentants de l’Union Européenne. Nous discuterons avec eux sur l’aide que peut apporter l’UE aux femmes rurales.

Il y a également une grande manifestation prévue le 16 octobre à Yakouren, où toute la production alimentaire de la wilaya de Tizi Ouzou sera exposée. Ce sera une grande démonstration. Il y aura pas moins de 80 exposants et il y aura aussi un débat public. Ce sera de courtes conférences mais très instructives. Le 23 du même mois, nous recevrons la FAO qui s’intéresse au financement de la figue de Barbarie à Tizi Ouzou. Nous allons nous réunir à Larbaâ Nath Irathen pour mettre en place une association et discuter avec la FAO pour voir de quelle manière elle pourra nous financer. Le 20 octobre, une rencontre est également prévue à Boghni sur l’oléiculture. Il y aura un expert en oléicole qui va venir parler avec les oléiculteurs de Boghni. Il y aura aussi un séminaire caprin à Tigzirt au début du moins de novembre. Notre logique c’est de travailler afin d’améliorer la production et le rendement dans toutes les filières. Par exemple à Lemsela, une région connue pour sa figue, nous allons remettre beaucoup de plantes gratuitement, nous allons aussi réaliser une école de formation pour les former et ouvrir une piste agricole. Il y a également un projet de pépinière et un jumelage entre Béni Maouche (Béjaïa), une autre région de Boumerdès et Lemsela pour l’échange des expériences.

La saison des labours est lancée. Quel est l’objectif cette année ?

L’objectif cette année est de 8 000 hectares. Nous avons demandé de labourer tôt, d’ailleurs nous sommes à 3/5. Il faut labourer tôt et ensemencer tôt pour éviter le stress hydrique du mois d’avril. S’agissant de la production à l’hectare, nous avons atteint par endroit 25 quintaux à l’hectare mais la moyenne est de 21 quintaux à l’hectare. Il y a des subventions importantes de l’État pour augmenter la production. Nous avons reçu 40 tracteurs, 8 moissonneuses batteuses et des subventions pour justement booster la production.

Entretien réalisé par H. T.

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