C’est un véritable pavé dans la mare qu’a jeté, dans la soirée d’avant-hier, le porte-parole du RND, Seddik Chihab, sur le plateau d’une télévision privée. «L’Algérie est gérée par des forces non-constitutionnelles», a déclaré M. Chihab, dans une interview télévisée, diffusée sur El-Bilad Tv.
Dénonçant ce qu’il qualifie de «forces non structurées, de forces anticonstitutionnelles» qui mènent des campagnes contres les partis politiques, Seddik Chihab affirme que celles-ci ont dirigé l’Algérie ces dernières années : «Il y a des forces qui sont gênées par les partis. Il s’agit de forces non structurées. Des forces non-constitutionnelles, non organisées… Elles sont partout.
L’Algérie a été dirigée par ces forces durant les cinq, six ou sept dernières années», a-t-il asséné. Selon le bras droit d’Ahmed Ouyahia, ces forces «existent dans le Hirak, et ce qui les dérange, ce sont les partis de l’opposition et les partis pro-pouvoir». «Pensez-vous pouvoir faire la démocratie sans les partis ?», interrogea-t-il son interviewer, comme pour donner une réponse cinglante à «ces forces» qui appellent à dissoudre tous les partis politiques.
«Nous nous sommes trompés dans l’évaluation, dans la prospective, dans le manque de vision», a-t-il déclaré, tout en tentant de rectifier le tir sur ce qu’il avait déclaré au début de l’interview sur la candidature de Bouteflika au 5e mandat, la qualifiant d’«erreur». «Nous nous sommes trompés, mais je dois dire qu’il y avait un climat, une atmosphère et un entourage qui nous ont poussés dans cette direction».
Interrogé, «qui vous a trompés, ce n’est pas le Président ?», Seddik Chihab tape des mains, cherche ses mots pendant quelques secondes, avant de répondre : «Moi je connais le Président, tout ce qui est décidé vient du Président, reste à connaître ces choses-là (qui décide), faites venir quelqu’un de la présidence qui sait (…) Le RND ignore ces détails. Nous sommes un parti discipliné, nous avons des engagements pris avec le président de la République pour le soutenir d’autant que sa politique réformatrice est conforme à nos visions (au sein du parti), même si parfois le train déraille, nous, nous sommes restés sur notre engagement».
Deux jours plus tôt, c’est le chef du RND qui avait appelé le gouvernement à «répondre favorablement aux aspirations des citoyens dans les plus brefs délais». Mais hier, dans une déclaration rendue publique, le RND a tenu à réagir aux propos de son porte-parole. Sans se démarquer clairement des déclarations de ce dernier, le parti a tenu à justifier l’état d’esprit de son porte-parole lors de cette interview : «Seddik Chihab, porte-parole du RND, a participé dans la soirée de mardi 19 mars 2019 à une interview diffusée par une chaîne de télévision algérienne.
Le débat s’est déroulé dans un style parfois provocateur et orienté qui a fait réagir notre frère qui s’est, par moments, éloigné des positions qui sont connues au sein du Rassemblement national démocratique», a justifié le document du RND. Et d’indiquer que «les positions du parti demeurent celles exprimées avec clarté dans la lettre adressée par monsieur Ahmed Ouyahia aux militants en date du 17 mars 2019 concernant sa lecture des évènements sur la scène nationale ou celles inhérentes aux rapports et la fidélité qu’entretient notre parti avec le président de la République», a conclu le communiqué du RND. M. A. T.