Pour que nul n’oublie le Printemps noir

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Cela fait maintenant 18 ans, 21 juin 2001 – 21 juin 2019, que les deux jeunes Kamel Khalfouni (âgé de 26 ans) et Samir Didouche (âgé de 14 ans) sont tombés sous les balles assassines des gendarmes antiémeute dans l’oliveraie qui surplombe l’hôpital Krim Belkacem.

Dix-huit ans après, les événements du Printemps noir sont dans la mémoire des habitants de la Kabylie, alors que le peuple algérien est, aujourd’hui, dans la rue réclamant un changement radical du système vers une deuxième République, où régneront la démocratie, les droits de l’homme, la liberté d’expression et surtout plus de libertés, plus de justice sociale et, bien sûr, la réappropriation de l’identité nationale dans toutes ses composantes, notamment l’identité amazighe.

Ce sont d’ailleurs les revendications du mouvement citoyen dans la fameuse «Plate-forme d’El Kseur» que réitèrent, aujourd’hui, les millions d’Algériens depuis le 22 février dernier. Pour que ces deux jeunes ne soient pas oubliés, comme tous les martyrs de cette tragédie, un hommage leur sera rendu le 25 juin prochain, qui coïncide avec la commémoration du 21e anniversaire de l’assassinat de Lounès Matoub, le 25 juin 1998, sur la route d’Ath Douala, précisément à Tala Bounane.

Une gerbe de fleurs sera déposée au carré des deux martyrs du Printemps noir et une autre devant la stèle «Lounès Matoub». Le programme de ces commémorations a été déjà préparé jeudi dernier par l’APC et le mouvement associatif. Il en est de même pour celui du 57e anniversaire de la Fête de l’indépendance et de la jeunesse.

«C’était un jeudi apocalyptique. Il y avait un grand renfort. De bon matin, des dizaines de jeunes venus de toute la région commencèrent à assiéger la brigade de Gendarmerie. Les hommes en tenue verte venus d’ailleurs n’hésitèrent pas à tirer sur les manifestants. Nous avions enregistré ce jour-là deux décès (Samir Didouche et Kamel Khlafouni) et plus de 150 blessés. L’hôpital était submergé», se rappelle un membre du mouvement des Aârchs de Draâ El-Mizan. Et de poursuivre : «L’hôpital manquait de sang. Des appels étaient lancés et des centaines de donneurs étaient arrivées au service de transfusion sanguine. La solidarité avec les blessés était exceptionnelle. De nombreux blessés étaient évacués vers d’autres hôpitaux, notamment d’Alger. Certains sont restés des mois à se soigner à l’hôpital. Aujourd’hui, certains d’entre eux sont encore paralysés et traumatisés».

Les événements ont commencé dans la région le 25 avril juste après l’assassinat de Massinissa Guermah dans une brigade de la Gendarmerie à Ath Douala. «Depuis le 25 avril, il n’y avait plus de répit. Tous les jours, il y avait des marches et les établissements scolaires étaient paralysés.

Cependant, les événements ont été plus violents la journée du 28 avril à Tizi-Gheniff , où il y avait beaucoup de blessés dont certains dans un état grave, et Aït Yahia Moussa, où était tombé le jeune Hocine Chaibet à l’âge de 15 ans, un jeune collégien, à quelques mètres de l’ancien siège APC», raconte un émeutier.

En définitive, le combat de ces jeunes n’a pas été vain, car c’est grâce à eux, qu’aujourd’hui, Tamazight est une langue nationale et officielle qui, rappelons-le, était la revendication phare du mouvement. Le combat continue pour plus de libertés et une réelle démocratie.

Amar Ouramdane

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