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JUSTICE - Le procès de Karim Tabbou ouvert hier au tribunal de Sidi M’Hamed : Quatre ans de prison ferme requis

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Il y avait foule hier devant le tribunal de Sidi M’Hamed où s’est tenu le procès de Karim Tabbou, en détention provisoire depuis le 12 septembre dernier. Le très attendu procès d’une des figures du mouvement populaire, Karim Tabou, secrétaire général de l’UDS (parti non agréé), s’est ouvert hier en milieu de matinée au tribunal de Sidi M’Hamed, en présence d’une centaine d’avocats pour sa défense et d’une foule venue manifester son soutien au détenu. Quelques minutes avant l’entame du procès, le chef de l’UDS entre dans la salle d’audience sous les applaudissements de l’assistance, dont l’ancien détenu du Hirak, Lakhdar Bouregâa, assis à côté des parents de Karim, mais aussi Fodil Boumala, l’ex-détenu acquitté la semaine dernière.

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À peine le procès s’est-il ouvert que les magistrats le suspendent pour consultation sur la non-constitutionnalité des poursuites judiciaires à l’encontre de l’accusé du jour. Après une heure de suspension, le procès reprend avec une mise au point de la juge, à l’adresse de l’accusé invité à la barre : «Ne nous racontez pas de ce que vous ressentez !», a stoppé la magistrate le discours de Tabou qui commençait à raconter ses ressentis à l’égard des accusations portées contre lui.

Il est à rappeler que le chef de l’UDS, parti non agréé, est poursuivi pour «Atteinte au moral de l’Armée» et à «l’unité nationale», et «incitation à la violence», accusations qu’il a rejetées en bloc devant les magistrats du tribunal. À l’adresse de la juge, Tabbou dira : «Je suis jugé en tant que chef d’un parti non agréé et non en tant que citoyen. Je refuse d’être poursuivi en tant que militant politique par les services de sécurité sous couverture judiciaire, ce qui fait de la justice un instrument».

«Incitation à la violence, atteinte au moral de l’Armée et à l’unité nationale sont de graves et dangereuses accusations, mais la justice algérienne s’est contentée de 25 minutes d’enquête, ça prouve que même la justice ne croit pas en la véracité de ces accusations», a encore déclaré le détenu à l’adresse de la magistrate, pour battre en brèche les accusations portées contre lui et ayant conduit à son arrestation à deux reprises. En parallèle, la centaine d’avocats, présents pour la défense de l’accusé, se consultaient afin de désigner ceux qui plaideront en sa faveur, vu leur nombre important et l’impossibilité de plaider tous.

Répondant aux questions de la juge, Tabbou déclarera : «Nous étions les premiers à parler de l’Algérie nouvelle, ensuite le système s’est emparé du concept et l’a employé de façon officielle, après l’avoir vidé de son contenu, comme il l’a fait avec la guerre de libération. 60 ans après l’indépendance, le peuple est descendu dans la rue sous le slogan ‘’le peuple veut l’indépendance’’», a-t-il répliqué avec des évocations purement politiques. S’en suivra un clash entre lui et la juge, les deux usant d’un langage virulent, notamment lorsque Tabbou évoquera l’Armée.

Là, la juge n’hésitera pas à le couper d’un ton ferme. Questionné par la magistrate sur son opposition aux élections, Karim Tabbou répliquera qu’il était «contre le premier mandat, le deuxième, le troisième, le quatrième, le cinquième et le cinquième mandat bis». A signaler qu’après le réquisitoire du procureur, une peine, de quatre ans de prison ferme, assortie d’une amende de 200.000 DA, a été retenue, en fin de journée, par le parquet près le tribunal de Sidi M’hamed à l’encontre de Karim Tabou. Après quoi, il a été laissé place aux plaidoiries avec plusieurs avocats qui allaient se succéder dans la soirée pour la défense.

M. A. T.

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