Sisyphe, le mythe et la réalité

Partager

S. Ait Hamouda

Heureusement que Sisyphe ne s’est pas trop aperçu de l’absurdité de ses récurrences. Heureusement qu’il ne s’est plaint de rien, tant qu’il transportait un rocher qu’il faisait rouler jusqu’au sommet de la colline. Mais avant d’atteindre le sommet, il retombait et répétait l’opération itérativement, sans jamais se lasser.

C’est la mythologie qui le dit. Voyons un peu ce que la réalité, la nôtre, nous raconte… La première, c’est qu’on prend l’Algérien pour un mouton de Panurge, un taré, un parvenu. La deuxième, qui semble du reste avoir beaucoup d’adeptes, c’est de croire, qu’il (l’Algérien) obéit au premier signe de l’index de n’importe qui, qu’il est à la disposition du dernier des hurluberlus.

La troisième, c’est de supposer qu’il est disposé à se mettre en rang de combat au nom de n’importe quel manipulateur insidieux. Il va de soi que Sisyphe a pu sauver le monde, son monde, mais pas plus. Alors qu’a-t-on à voir avec lui, produit de la mythologie, pour se résumer à un mythe réducteur au point de s’agenouiller devant des sermonneurs obscurs. Seuls les imprécateurs de pacotille songent que leur peuple se tient au garde-à-vous à chacune de leurs sollicitations.

L’appel à une marche pour hier tient un peu de tout ça, d’abord parce qu’il est anonyme, son message peut atteindre quelques-uns mais pas tous ceux qui portent l’Algérie dans leur cœur, leur trippes, étant leur raison d’être. Et le fait d’être aussi obtus n’exclut en rien le «politisme» de ses auteurs. Quoi qu’il en soit, surtout lorsqu’on quitte la mythologie, on entre de plain-pied dans la réalité et celle-ci n’est pas du tout facile.

L’appel pour la manifestation d’hier, venant d’un au visage caché, d’un anonyme, d’une personne identifiable, c’est ce qui subodore la casse, et la casse suppose la destruction. Sûrement que le ou les auteurs de cet appel veulent la subversion, oubliant qu’on a assez vécu de perturbation, de troubles et de sang qui n’ont épargné aucun Algérien, pour les conduire, encore une fois, à mettre leur pays à feu et à sang. L’appel à la procession est une invite cachée à un aggiornamento déguisé en marche pacifique.

S. A. H.

Partager