Tebboune ordonne l’élaboration d’une loi

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Les discours de haine et racistes se sont dangereusement multipliés ces derniers mois sur les réseaux sociaux et certains médias. Pour y mettre fin, Abdelmadjid Tebboune ordonne l’élaboration d’une loi. Le président de la République a instruit, hier, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, d’élaborer un projet de loi criminalisant toutes formes de racisme, de régionalisme et de discours de haine dans le pays, a indiqué un communiqué de la présidence de la République.

«Cette mesure intervient après avoir constaté une recrudescence du discours de haine et d’incitation à la fitna (discorde), notamment à travers les réseaux sociaux», explique la Présidence. Cette nouvelle instruction, ajoute le communiqué, vise aussi à «faire face à ceux qui exploitent la liberté et le caractère pacifique du Hirak (mouvement populaire) pour brandir des slogans portant atteinte à la cohésion nationale».

Cette nouvelle démarche de Tebboune est à saluer, outre mesure, tant les dérapages verbaux d’un large pan de la société algérienne, entrainé par des personnes publiques, prennent une proportion de plus en plus alarmante et touchant directement des groupes sociaux bien définis, mais aussi des symboles historiques. Le dernier en date est celui dont l’auteur est un commis de l’État de la wilaya de M’Sila, en l’occurrence le directeur de la culture de cette wilaya, traitant Abane Ramdane de «traitre» et applaudissant son exécution.

Ce fut le discours haineux de trop pour que le président de la République décide, au lendemain même de cette sortie irresponsable d’un représentant de l’État, pour ordonner de mettre fin à ce genre de comportements qui, au rythme où il est pratiqué, disloquerait irrémédiablement la société algérienne. Désormais, note la présidence de la République, «tout un chacun est appelé à se conformer à la Constitution et aux lois de la République, notamment le respect des constantes de la Nation et ses valeurs, les principales composantes de l’identité et de l’unité nationales ainsi que les symboles de l’État et du peuple».

La sulfureuse députée Naïma Salhi, qui s’est fait une triste renommée par ses discours racistes et appels à la haine contre une large frange de la société, devra désormais retourner à sa case et se faire oublier. Ayant échappé à la justice qui n’a pas répondu à la plainte déposée par un collectif d’avocats, Naïma Salhi ne pourra plus désormais chauffer les esprits sur les réseaux sociaux. En septembre dernier, la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH) a mis en garde contre la propagation des «discours de haine faits d’accusation en trahison et de racisme», après que ce phénomène a atteint son point culminant 6 à 7 mois après la survenue du mouvement populaire appelant au changement du système politique en Algérie.

Qualifiant le phénomène d’«escalade» la LADDH avait mis en garde le «pouvoir réel» contre la propagation des «discours de haine faits d’accusations en trahison et de racisme entre les individus d’un même peuple». Elle s’en est prise également à «l’utilisation des médias publics et privés comme fenêtres pour ces dépassements et la haine symbolique qu’ils comportent». Avertissant contre «tout dérapage qui pourrait survenir», l’ONG algérienne s’en est prise au pouvoir d’alors le tenant pour responsable. Pour cette ONG, qui soutenait déjà l’idée du dialogue comme «mode de solution des crises et de construction des consensus », «le langage de la force et de la violation des droits de l’homme ne permettront pas de construire un nouvel horizon pour le peuple algérien».

M. A. T.

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