«Ulach l’vote ulach !» à Bouira

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Une fois de plus, pour le 13ème vendredi consécutif, les citoyens de la wilaya de Bouira étaient présents en nombre pour dénoncer la sourde oreille du pouvoir en place en descendant dans les rues. Le climat relativement clément comparé à vendredi dernier a permis aux familles de prendre part à cette manifestation bon enfant qui attire petits et grands malgré les effets du Ramadhan. «Nous serons présents chaque vendredi pour exiger le départ du système, nous n’aurons de répit qu’une fois tous les symboles représentant le pouvoir seront dégagés et surtout, nous nous opposons catégoriquement et pacifiquement à la tenue de l’élection programmée pour le 4 juillet…

Il ne faut pas être dupes et les procès qui se déroulent au tribunal de Sidi M’hamed à Alger sont organisés pour détourner l’opinion publique», indique Athmane accompagné de sa femme et ses deux enfants comme à son habitude depuis le 22 février dernier. Hier, la place publique de la ville de Bouira, d’où habituellement s’ébranlait la marche, a été entièrement clôturée par les autorités municipales. «Ils peuvent bien clôturer cette placette, nous nous regrouperons sur la chaussée», déclarent des marcheurs rencontrés sur place. «Vive l’Algérie, Yetnahew gaâ» était le slogan entonné par le premier carré des marcheurs, à majorité de sexe féminin, vêtues pour la plupart d’habits traditionnels kabyles.

Des femmes d’un certain âge mais également des plus jeunes qui scandaient «Makanch intikhabat ya l3issaba !, Système dégage !». Un autre carré plus imposant défilait avec un drapeau algérien géant de plusieurs mètres. Des couleurs nationales qui étaient tenu à bout de bras par les marcheurs qui scandaient leur amour de la patrie, en lançant des appels à la fraternité.

D’autres manifestants drapés dans des drapeaux imazighen lançaient des messages adressés aux instances internationales les priant de ne pas s’ingérer dans la révolution pacifique en cours. Des manifestants qui réclamaient un changement pacifique et une transition démocratique en refusant la date avancée du 4 juillet prochain pour l’élection. «Bensalah, Bedoui, FLN, RND dégage ! L’Algérie n’est pas la Syrie, ni la Libye et nous ne voulons pas d’un Abdelfateh Sissi», résumaient également les aspirations citoyennes suite à la tournure des événements au cours des dernières semaines.

L’information faisant état de l’utilisation de gaz lacrymogène à Alger envers les manifestants n’est pas restée sans écho auprès des marcheurs de Bouira qui ont fait entendre leurs voix pour dénoncer cette violence : «Silmiya, silmiya, djeich, policia khawa khawa, libérez l’Algérie», sont des slogans qui ont ponctué la procession humaine allant du siège de la wilaya vers la cité Évolutif pour rejoindre la vieille ville, en remontant vers le quartier Château pour redescendre enfin vers l’ex-gare routière.

Un itinéraire parfaitement rodé depuis le 22 février dernier. «Il va falloir vous le ‘vendredire’ combien de fois, dégagez tous !» s’époumonait avec beaucoup d’humour une sexagénaire devant le rond point de l’Émir Abdelkader. Une oratrice qui a été longuement applaudie par les marcheurs saluant son courage, sa témérité et son audace. Ainsi, la bonhommie ambiante n’aura pas été égratignée malgré le mois de Ramadhan, de même que la formidable mobilisation citoyenne qui continue à réunir, chaque vendredi, les habitants des 45 communes issus du territoire de la wilaya de Bouira.

Hafidh Bessaoudi

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