Hommage au Tigre de la Soummam

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L’association Mechaâl Echahid a organisé le 10 novembre 2011 dernier un hommage à Abderrahmane Mira, à l’occasion du 53e anniversaire de la disparition du chef de la Wilaya III historique, survenue le 6 novembre 1959 non loin du Col de Chellata, au nord d’Akbou.

Beaucoup de participants ont célébré cet hommage, tant en termes d’affluence que d’intervenants. Pour ces derniers, il y avait des compagnons d’armes et de maquis du Chahid (Delles Abdellah, Smaïl Ali Ouchouche, Abderahmane Scoutchi, Mohand Tahar Moualfi), des amis de son séjour tunisien en 1958 (Mohand Salah Seddik, Mohand Chérif Kharroubi), un responsable de bataillon aux frontières tunisienne (Abderrezak Bouhara) et, enfin, ses deux fils, Smaïl et Tarik. L’ouverture de la séance fut confiée à Saïd Abadou en tant que responsable de l’Organisation Nationale des Moudjahiddines (ONM).

Chacun des participants a apporté son témoignage sur la tranche de vie dans laquelle il a rencontré Abderahmane Mira. Il en ressort un trait unanime, le refus de l’injustice et la témérité. Le moment le plus émouvant est, sans doute, celui évoqué par Abderahmane Scoutchi, geôlier des victimes de la bleuite, lorsque celui-ci raconte comment Abderahmane Mira a libéré ces derniers, au grand désappointement du garde-chiourme qui ne comprenait pas, à l’époque, ce geste. Mieux, il a raconté comment toute une propagande a été menée pour dire que Mira a libéré des traîtres et comment celui-ci a rapidement circonscrit la propagation de la nouvelle en convoquant une réunion au lieu-dit Tizi N’Taghat.

C’est son fils Tarik qui a conclu la rencontre en donnant un bref aperçu sur le parcours de son père qui se résume en ces termes :

– Militant du MTLD et chef de section du XIX arrondissement de Paris, à la veille du 1er novembre 1954.

– Fondateur des maquis dans les vallées de la Soummam et du Sahel.

– Première grande attaque, en Wilaya III, contre l’armée française, le 28 juin 1955 au lieu-dit Tighzert Iquedaane, qui a fait 9 morts parmi les soldats français.

– Trois terrains de lutte et d’intervention (Wilayas III, VI et frontières).

– Médaille de la résistance obtenue le 16 mars 1956, l’une des premières attribuées sur le champ de bataille, en faisant se rencontrer pour la première fois les troupes des Zones (futures wilaya) III, IV et V, près de Boussaâda.

– Un dossier judiciaire des plus étoffés, dont une condamnation à mort pour son engagement dans l’ALN prononcée le 3 janvier 1957 par le tribunal militaire d’Alger;

– Fait partie du dossier des quarante responsables FLN, fichés à la fin de l’année 1955, qu’il fallait arrêter ou «mettre hors d’état de nuire».

– L’un des rares officiers supérieurs et membre du CNRA (Bencherif Ahmed, Kafi Ali, Souaï Ali, Zamoum Salah, Zbiri Tahar) parti à l’extérieur puis revenu à l’intérieur, de son plein gré (franchissement de la frontière par le sud – Negrine – le 18 février 1959).

– Il fait partie du cercle restreint (Benboulaid Mustapha, Didouche Mourad, Zirout Youcef, Ait Hamouda Amirouche, Bouguera M’hamed, Zamoum Salah, Boudghène Benali dit Lotfi, Mellah Ali, Benabderezak Haoues) de chefs de Wilaya à tomber au champ d’honneur ;

– Il fait partie des quatre officiers supérieurs et chefs de Wilaya (M’hamed, Amirouche, Haoues), dont le corps, récupéré par l’armée française, a été séquestré et reste introuvable;

– Le retentissement de sa mort est commenté ou couvert en Une par l’ensemble de la presse quotidienne française, toutes tendances confondues (L’Echo d’Alger, La dépêche de Constantine, Le Monde, Le Figaro, L’Aurore, La Croix, Le Parisien, Combat) y compris aux USA (The New York Times).

Une fois ce parcours évoqué Tarik Mira a abordé le sujet de la disparition de son père et a dit que ses recherches, bien qu’aidé par d’anciens militaires français, n’ont pas abouti. Selon lui, les dernières traces de son père disparaissent définitivement le samedi 07 février 1959, au lendemain de sa mort, au centre de Transit d’Akbou, selon les archives du SHAT (Service historique de l’armée de terre) qui se trouve au Fort de Vincennes. Il invite donc l’Etat algérien à poser officiellement la question aux autorités françaises.

Par Tarik Mira fils du Colonel Abderrahmane Mira.

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