Face à la psychose la DSA rassure !

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En dépit des assurances de la direction des services agricoles, de celle de la Santé et des spécialistes en reptiles (herpétologistes), la population de Tizi-Ouzou s’est laissée envahir par la psychose de l’apparition de reptiles dans les oliveraies. Suite au décès d’une jeune trentenaire dans la commune de Makouda, début décembre, (faute de prise en charge médicale dans les temps au niveau de l’EPSP locale, doit-on le rappeler) suite à une morsure de serpent dans le champ d’oliviers familial, et avec l’apparition d’autres reptiles dans d’autres localités, à l’instar d’Iferhounen, distante de plus de 70 km de Makouda, la panique s’empare des populations vivant en campagne.

Une panique qui s’est amplifiée ces derniers jours engendrant une véritable psychose, notamment chez les propriétaires d’oliveraies. Depuis, des voix se sont lancées, sur la place publique dans des explications, pour le moins farfelues, sur l’origine de ces reptiles : «Ce sont des vipères du Sahara qui sont arrivées dans la région à travers les chargements de sables ramenés de là-bas pour les besoins de construction…»

«Complot virtuel» ou phénomène naturel ?

Du fait que ce phénomène soit inhabituel et rare, les ruraux de la wilaya de Tizi Ouzou succombent facilement aux «ouïes-dires». La doctrine du «complotisme» qui est relayée à grande vitesse sur les réseaux sociaux accentue la tentation de mal informer, alors que la duperie a déjà pris dans le subconscient des citoyens, notamment la gent féminine.

D’où cette peur-panique engendrée par le décès de la jeune trentenaire de Makouda, et le partage effréné sur les réseaux sociaux d’images de serpents de couleur jaune dorée prises dans une oliveraie en Kabylie. À titre illustratif, les postes portant sur les attaques de serpents et leur prolifération «douteuse» en Kabylie sont partagés à grande échelle sur le réseau social Facebook, pendant que les postes expliquant le phénomène et ses origines ne sont que rarement repris ou partagés. Ce qui dénote de l’échec des campagnes de sensibilisation menées jusque-là par les différents services étatiques.

Il va sans dire que ces derniers n’ont pas jugé nécessaire de renforcer leur campagne de sensibilisation laissant les aventuriers en mal de sensation prendre le dessus et apeurer les ruraux en mal d’informations fiables et rationnelles. La direction de l’Agriculture dans l’espoir d’atténuer la psychose, a indiqué que l’apparition des ces serpents est «un phénomène naturel, et il n’y a aucun motif à se laisser prendre par la panique». «Avec les changements climatiques et le dérèglement des températures constaté du jour au lendemain, il est tout à fait naturel que les reptiles, qui n’ont pas encore entamé leur hibernation, sortent de leur tanière pour aller se réfugier dans un gîte plus confortable», explique Mme Fadhila Akli, cadre de la DSA.

Celle-ci s’adresse ensuite aux oléiculteurs à l’attention desquels elle préconise certaines «mesures simples et utiles», au lieu de se laisser emporter par la panique : «Au lieu de se laisser emporter par la psychose, ceux qui partent à la cueillette des olives doivent prendre des mesures qui empêcheraient les reptiles de peupler leurs oliveraies, telles les opérations de défrichement de leurs champs avant d’entamer la cueillette». Mêmes clarifications données par Kahina. D, présentée par le site d’information Observ’Algerie, comme une agronome enseignante à l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou qui explique : «Cette année, il y a une prolifération des serpents, c’est vrai.

Elle est due aux conditions climatiques propices, à savoir la chaleur de la saison printanière. Ces conditions ont fait que les serpents ont proliféré», dit-elle. Et d’ajouter : «Ce dérèglement climatique et les chaleurs qui persistent empêchent ces reptiles de rentrer en hibernation». L’agronome ne s’est pas privée de tancer les citoyens leur reprochant d’être «responsables de ce phénomène». «Les gens abandonnent leurs champs toute l’année.

Ils ne s’en souviennent que quand arrive le moment de la cueillette des olives et ils croient que la nature doit cesser d’exister en cette période dans leur champs», dira-t-elle. Pour démystifier l’information sur la présence de vipères, l’agronome est catégorique, tel que reprise par le site d’information : «On a une seule vipère en Kabylie. Elle est petite et très rare. On n’a que des couleuvres qui ne présentent aucun danger».

À la recherche du serpent tueur

Au lendemain du décès de la jeune femme de Makouda des suites d’une morsure de serpent, une équipe, présentée sur les réseaux sociaux comme étant spécialiste des reptiles, s’est déplacée sur les lieux pour traquer l’invertébré en question dans l’espoir de savoir de quelle espèce il était. «Nous sommes dans le champ où a eu lieu la morsure mortelle du serpent, nous avons mobilisé plusieurs personnes pour rechercher le reptile et éventuellement le sortir de sa tanière.

Hélas, jusqu’à présent, nous n’avons rencontré aucun serpent, même l’olivier sur lequel la jeune femme fut mordue, nous venons carrément de le déraciner, espérant trouver une quelconque trace», commente dans une vidéo un homme présenté comme un spécialiste de reptiles. Les explications données par ce dernier témoigne en tout cas de ses connaissances sur le monde des invertébrés : « En Kabylie, il n’existe pas de spécimens de serpents dangereux tels les vipères qui, elles, vivent dans des régions à température très élevée», annonce d’emblée le spécialiste.

Puis de répertorier les espèces de reptiles vivant en Kabylie, consistant en «six couleuvres, dont cinq inoffensives, alors que la sixième, appelée couleuvre de Montpelier, peut constituer un risque de morsure au venin mais sans grandes dangerosité sur l’humain». Et d’expliquer : «La couleuvre de Montpelier, qui porte le nom du scientifique qui l’a découverte en Kabylie durant l’époque coloniale, n’attaque les humains qu’en dernier recours, quand elle se sent en danger, et son venin n’est pas aussi agressif que celui de la vipère».

Comment la reconnaître ? Le spécialiste décrit cette couleuvre d’abord par sa taille, faisant d’elle la plus importante parmi toutes ses compères vivant en Kabylie : «Elle peut mesurer 2,5 m, sa couleur vire du gris au bleu clair, comme la couleur de la sardine, ses crochets sont à l’intérieur de sa bouche, ce qui fait qu’elle ne mord que lorsque on y introduit le doigt». Et d’indiquer : «Cette couleuvre évite d’attaquer les humains, car elle préserve son venin et le réserve pour anéantir les proies dont elle se nourrit.

Et puis, avant d’attaquer, elle donne des signaux avant de prendre la fuite, mais si elle est attaquée, elle peut mordre pour se défendre». Pour ce scientifique, tant que le serpent ayant causé la mort à la jeune femme n’est pas retrouvé, sa race restera inconnue, ce qui continuera à alimenter les esprits les plus craintifs.

M. A. T.

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