Par Ali Boudjelil
La Journée internationale de la femme n’est pas l’œuvre de l’homme, même quand il a fini tardivement par comprendre que sa moitié est née pour vivre dignement, l’aider à voir la vie en rose et à mourir dans des draps propres. La femme a lutté pour ne pas être objet ou ustensile. Elle a compris depuis déjà longtemps, bien avant Cléopatre, Kahina, Jeanne d’Arc et L’la Fadhma n’Soumer que, pour reprendre De Beauvoir, on ne naît pas femme, on le devient, et que la femme courageuse vaut deux hommes courageux.
Et elle a lutté pour qu’aujourd’hui, elle quitte tôt sa cuisine pour prendre le volant ou le fourgon pour être à l’heure à son lieu de travail, où il lui arrive souvent de donner des ordres à un homme qui s’oublie, où siéger dans une assemblée pour construire son pays. Il est révolu ce temps où même des chanteurs reprochaient à la femme de parler français. Heureusement que Chérif Kheddam était là pour dire : «Puisque nous nous disons évolués, laissons-la travailler et en sus elle éduquera ses enfants».
Ce n’est qu’en avril 1945 qu’il était permis en France à la femme de voter ! Ne pourrait-on pas dire que le Siècle des Lumières avait aussi des œillères ? Il est heureux de constater que depuis des années, les collégiennes et les lycéennes surclassent hautement leurs camarades garçons. Car l’Algérienne d’aujourd’hui, qui sait que ses aînées ont combattu le colonialisme, ne veut plus être colonisée par son homme sorti des étroitesses de l’obscurantisme. Elle rend hommage, par sa soif de se libérer, à Djamila Bouhired, Zohra Drif, Hanifa, Malika Domrane… Elle veut voir des buts au stade, marcher pour sa nouvelle Algérie tout en accomplissant ses tâches professionnelles et ménagères.
Elle ne voudra plus jamais quémander sa part de réjouissances et de confort. Elle l’arrache haut la main. Et un jour viendra où l’on entendra une voix féminine chanter : l’homme est l’avenir de la femme, le jour où l’homme luttera pour arracher son droit de sortir de chez lui. Et aujourd’hui, 8 mars, c’est la fête des femmes qui ont brisé des tabous et des hommes qui ont déclaré avec Aragon que la femme est l’avenir de l’homme.
A. B.