Navigation à vue et pifomètre

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L’épreuve par laquelle sont passées un certain nombre de wilayas du nord du pays pendant plus de deux semaines, du fait de la quantité historique de neige qui s’y est abattue depuis le début du mois de février, aura marqué les populations d’une façon indélébile. La mémoire humaine de la Kabylie n’a qu’une seule référence en la matière pour imaginer une comparaison : l’hiver 1944-45, dernière saison d’une atroce guerre mondiale qui a enregistré des chutes de neige historiques ayant obstrué sur toute leur hauteur les portes des maisons kabyles de la montagne. Il s’y greffa des maladies épidémiques mortelles (typhus, grippe espagnoles) qui ont emporté des milliers de personnes.

Du fait de l’épaisseur de neige, les cadavres ont attendu plusieurs jours, voire des semaines, avant d’avoir droit à une tombe. Un vieux de la région de Aïn El Hammam raconte que, à la levée du jour, l’on ne cherchait pas à savoir qui est mort pendant la nuit passée, mais combien sont morts. Le manque de produits alimentaires a donné un nom à l’année en question : il s’agit de l’année du « bon » ; ce qui signifie le bon donnant accès à une distribution limitée de nourriture.

Pendant des années, la misère, la maladie, l’insécurité et la déchéance humaine ayant caractérisé cette période noire de l’histoire de l’Algérie et de la Kabylie ont hanté la vie des montagnards kabyles et leur ont servi de leçons et de réflexes. Les provisions de bois de chauffage, de semoule, d’huile d’olive, de figues sèches et d’autres éléments nécessaires à la vie sont faites à temps, c’est-à-dire dès la fin de l’été pour parer à toute mauvaise surprise.

Pendant les premières années de l’indépendance du pays, ce comportement de préparation des provisions d’hiver et l’esprit de solidarité entre villageois se prolongeront, mais ils seront de plus en plus battu en brèche par la progressive dépendance de la région par rapport à un certain mode de vie ‘’importé’’ de la ville et sanctionné par l’abandon graduel du travail de la terre et de l’artisanat. Bien sûr que des facteurs objectifs entrent en ligne de compte dans l’émergence de ces nouvelles réalités sociales et économiques : mouvement d’émigration sans précédent vers la France au début des années 1970, développement du salariat en Algérie suite à la politique d’industrialisation (Rouiba, Oued Aïssi, Hassi Messaoud,…) quelques années plus tard,…etc.

Cette ‘’normalisation’’ inexorable de la Kabylie- qui n’a pas été suivie d’un dépeuplement comme l’ont été certaines autres régions montagneuses du pays- ne fera que s’accroître par une sort de rente faite de pensions de retraite en euro ou de pension d’anciens moudjahidine en dinars. Insensiblement, la société de consommation remplace l’ancienne société de labeur, de prévention et de réflexe de défense.

A une telle évolution sociale s’est greffée une organisation hyper-centralisée du pays qui est loin de pouvoir répondre aux besoins spécifiques des régions du pays. L’uniformisation de l’administration et de l’économie à partir d’une vision centrale développée dans les bureaux feutrés de la capitale est, en vérité incapable de prendre en charge la gestion complexe des régions de montagnes, des espaces steppiques ou des zones désertiques. Personne ne trouve son compte dans une telle typologie de gestion jacobine.

Pendant les années soixante-dix du siècle dernier, certaines communes de haute montagne étaient dotées de vrais chasse-neiges, c’est-à-dire des engins adaptés au travail de terrain qui ne défigurent pas le bitume et qui ne laissent pas des bourrelets de neige aux abords des routes qui rendraient trop étroite la chaussée.

Ce sont des engins équipés de rouleaux à hélices qui aspirent la neige et la font entrer dans le ventre de la machine. Par la suite, la neige est rejetée par deux tubes latéraux et est projetée à plusieurs mètres au-delà de la chaussée. Des carcasses de ces engins demeurent encore sans doute dans certains parcs communaux.

Cette gestion spécifique des communes de montagne manque gravement aux tablettes des actuels gouvernants. Elle ne concerne pas seulement des dotations en engins adaptés au déneigement ; elle va plus loin et touche encore d’une manière dramatique la question de l’énergie.

La mythique bouteille de gaz a touché des sommets historiques avec 1200 dinars.

Normes de construction (devant prendre en compte le poids de la neige, les frais colossaux des terrassements sur les pentes, l’acheminement des matériaux,…), schéma de désenclavement par un maillage efficace en infrastructures routières, une politique intelligente de règlement des litiges fonciers pour achever les projets de raccordement des foyers au gaz naturel et d’autres éléments concourant à la facilitation de la vie des habitants des zones de montagne, sont autant d’initiatives urgentes que les pouvoirs publics se doivent de prendre en direction de ces régions si l’on tient à ce que les mésaventures et les souffrances de février 2012 ne se reproduisent et entrent dans le registre de simples mauvais souvenirs.

Retenir les leçons et développer une autre stratégie

En tout cas, en matière de risques naturels, et même industriels, l’Algérie a eu son lot de mésaventures censées instruire suffisamment les gestionnaires de l’économie du pays quant aux moyens à mobiliser et aux schémas d’aménagement à mettre en place pour éviter la reproduction à l’infini des mêmes aberrations pénalisantes et des mêmes erreurs fatales.

Des efforts en la matière sont fournis par des techniciens et des gestionnaires algériens sans que les résultats sur le terrain soient encore palpables.

La dernière innovation technique dans la prévention des risques majeurs dans notre pays est cette carte des zones inondables. Elle est appelée à être exploitée par l’ensemble des services techniques et les administrations impliqués dans les projets de construction. L’amère expérience des deux dernières décennies où des quartiers entiers ont été engloutis sous le poids des eaux et de la boue a amené les pouvoirs publics à réfléchir sur la solution permettant d’éviter de construire sur les zones inondables au lieu d’avoir à apporter des solutions de rafistolage après que des dégâts auront été déplorés dans une région. Malheureusement, les cas d’inondation se sont multipliés au cours de ces dernières années. Le sommet de l’horreur a été atteint en septembre 2008 à Ghardaïa où les premières pluies automnales ont emporté des vies humaines, des véhicules et des maisons.

La semaine passée, c’est la RN 12 (Alger-Tizi Ouzou) qui a été fermée à la circulation suite au grave déchaussement que la furie des eaux de l’oued Bouguedoura ont fait subir piliers soutenant le pont de Draâ Ben Khedda.

Sur la carte des zones inondables, seront identifiées les courbes de niveau que peuvent atteindre les hautes eaux constituant la crue. À partir de ces côtes d’alerte, les zones non constructibles seront portées en ‘’rouge’’ et tous les services versés dans des projets de construction devront avoir cette carte à leur disposition.

Outre ce précieux outil technique, des travaux de protection de certaines villes contre les inondations ont été réalisés au cours de ces dernières années. Il s’agit généralement de travaux de gabionnage sur les berges des oueds, de la fermeture par une dalle en béton de certains tronçons de ruisseaux ou oueds traversant les villes (comme c’est le cas de l’oued Aïn Sefra à Mostaganem et de la Mekerra à Sidi Belabbès) et des travaux de corrections torrentielles effectués sur les menus ruisseaux du bassin versant dans lequel se trouve la ville. Ces corrections du régime des eaux se fait généralement en seuils successifs de pierres sèches ou en caisses de gabions.

Dans le domaine des prévisions météorologiques, une nette avancée est enregistrée au niveau mondial. Cette avancée concerne aussi bien le matériel technologique que les calculs probabilistiques traduits sous forme de logiciels numériques. Dans ce cadre, l’Algérie a lancé en 2009 un supercalculateur de prévision météo. Cet appareil entrant dans le dispositif des prévisions météorologiques, établi par le ministère des transports, augmentera considérablement la résolution d’observation. Ainsi, la maille d’observation sera ramenée à une dimension 100 fois plus petite de façon à mieux en analyser la surface.

Si les prestations des services de la météorologie se sont nettement améliorées au cours des dernières années, c’est grâce à un travail de formation du personnel et d’acquisition de matériel de plus en plus performant. En tous cas, les utilisateurs des résultats de l’ONM ne cessent de croître d’année en année, allant de l’agriculture à la navigation aérienne et maritime en passant par les services de l’armée, de la wilaya, de la protection civile, des gardes-côtes et de la pêche.

Au-delà des BMS

Les bulletins de météo spéciaux (BMS), destinés aux walis, aux directeurs d’exécutifs, à la protection civiles et aux chefs de daïras, sont officiellement pris en compte par les autorités locales, les services techniques et la protection civile. Cependant, les préventions des catastrophes liées au climat ne se contentent pas d’attendre un BMS pour se mettre en branle. Mieux, c’est un travail quotidien que sont censés intégrer tous les intervenants dans les programmes d’urbanisme, du cadre de vie, de l’environnement et de l’aménagement du territoire.

Les pluies automnales- connues pour leur caractère souvent orageux- emportent presque chaque année en Algérie des vies humaines et des cheptels, comme elles détruisent des maisons et des infrastructures de base. Cela nous rappelle les efforts qui restent à faire en matière de prévention des risques d’inondation. Depuis que le couvert végétal a disparu sur certains versants de collines ou de montagne, les inondations ne se limitent pas à une surcharge d’eau dans un espace limité ; elles se matérialisent aussi par des coulées de boue qui sont autrement plus destructrices.

En tout cas, au regard des drames que la collectivité a eu à vivre du fait du déchaînement des éléments de la nature ou d’autres calamités, la gestion des risques majeurs et des catastrophes naturelles dans notre pays fait l’objet de plusieurs innovations et mises à jour aussi bien techniques que législatives. Cela, au fur et à mesure que le pays apprend des leçons venant du dérèglement de la nature ou d’accidents technologiques sur des sites industriels.

Ainsi, l’Algérie a initié en 2005 une législation plus rigoureuse inhérente aux catastrophes naturelles et aux risques majeurs. Ce qui était naguère un fatras de lois et instructions dispersées dans le temps et sur plusieurs documents a été synthétisé et renforcé par la loi de 2005 entrant dans le cadre du développement durable conçue et élaborée par le ministère de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement. Ce corpus législatif est censé servir et protéger la communauté tout entière dans l’ensemble des ses activités économiques, domestiques et industrielles. Elle tend aussi à réduire les coûts économiques liés aux dysfonctionnements et dérèglements des processus et dispositifs industriels et à réduire les dépenses de prise en charge d’éventuelles pandémies pouvant affecter les populations ou les cheptels.

Les pouvoirs publics ont aussi fait réaliser en 2010 un autre instrument technique susceptible de service d’aide à la prise de décision dans ce créneau particulier de la gestion d’un territoire. Il s’agit de la carte des risques majeurs et des catastrophes naturelles. Cette carte, destinées aux différentes administrations et aux techniciens, est censée faire connaître les zones du territoire national potentiellement exposées à des risques spécifiques en en définissant la nature exacte. Elle permettra, par conséquent, une meilleure efficacité dans la stratégie d’intervention et une meilleure prise en charge des conséquences qui découlent de tels phénomènes. Mieux encore, la carte des risques majeurs et des catastrophes naturelles aidera les décideurs dans l’établissement d’un schéma de prévention avant que l’événement survienne. À ce titre, l’ancien ministre de l’Intérieur a fait savoir aussi que ce précieux instrument devait accompagner l’établissement de la loi de Finances du fait que son élaboration et son exploitation généreront nécessairement des dépenses budgétaires.

Il y a deux ans, le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales a fait état aussi de l’élaboration d’une carte des risques sismiques pour la partie nord du pays. Cet outil a été réalisé par des cadres algériens conjointement avec des ingénieurs et techniciens chinois dans le cadre de la coopération technique.

« Aujourd’hui, je peux affirmer que nous disposons d’une carte de risques sismiques, particulièrement dans la partie la plus exposée (à l’activité sismique) au Nord du pays et dans les Hauts-Plateaux. C’est une carte crédible et précise, fruit d’un travail important fait dans l’anonymat », avait déclaré le ministre de l’Intérieur lors de la cérémonie de finalisation de stations sismologiques.

En tout état de cause, ce département ministériel, l’Intérieur, se trouve être le réceptacle et le point de jonction de tous les efforts, recherches et dispositifs visant à prévenir les risques et les catastrophes. Cette organisation réticulée dont le noyau se trouve être le ministère de l’Intérieur est assise en vertu de la position de ce ministère dans la pyramide de l’État, des missions réglementaires qui lui sont confiées par la Constitution pour la protection des biens et des personnes et de la multiplicité de ses démembrements à l’échelle du territoire

Pour plusieurs raisons objectives et à différents niveaux de responsabilité le ministère de l’Intérieur est ainsi complètement impliqué dans le processus la prévention et la gestion des risques majeurs ; autant dire qu’il est au cœur d’une problématique qui, dans ses prolongements et ses incidences, touche plusieurs autres départements ministériels, principalement l’Environnement et l’Aménagement du territoire, l’Agriculture, les Travaux public, la Pêche, la Santé et la Défense nationale, en plus des organismes techniques et de recherche scientifique. Dans la plupart des schémas d’intervention, le département de l’Intérieur- directement ou à travers ses démembrements au niveau des wilayas, des daïras et des communes- assure la coordination des actions de sauvetage, du rétablissement des équipements et des infrastructures ainsi que l’action de communication.

Déficit de la culture de la gestion des risques

À ce niveau de raisonnement, et à la lumières des constats évoqués et des idées suggérées plus haut, l’on ne peut occulter le poids du schéma d’organisation du pays dans la stratégie de prévention et d’intervention liée aux catastrophes naturelles et aux risques majeurs. En effet, le processus de décentralisation territoriale et administrative, supposant subséquemment décentralisation et fluidification de la décision d’intervention en cas de catastrophe naturelle ou industrielle, revêt une évidente urgence. Le projet d’un nouveau découpage administratif dont le gouvernement ne cesse de rappeler l’existence depuis 2006 n’a pas encore trouvé sa voie d’expression. Il est appelé d’après les déclarations du ministre de l’Intérieur, à installer un schéma d’organisation où des chefs-lieux de daïra devront évoluer en wilayas-déléguées, avant de prendre le statut de wilaya de plein exercice.

Dans ce grand chapitre de la vie de la nation qu’est la prévention des risques majeurs, une chose paraît certaine : l’expérience à l’échelle mondiale a montré que ce genre de gestion relève surtout d’une culture, culture qui doit être perceptible aussi bien au niveau de l’administration, des Collectivités locales, des entreprises industrielles, des organisations de la société civile que de la vie domestique et des ménages. Le secteur des finances, concerné à plus d’un titre par les opérations d’assurance matérielle et corporelle, commence à peine à s’intéresser à un grand ‘’gisement’’ d’argent laissé longtemps en friche. Les bilans établis régulièrement par le secteur des assurances en Algérie traduit une timide prise en charge des risques naturels et industriels. Les ménages et mêmes certaines entreprises sont loin de prendre en considération la part de risque qui pèse sur les personnes et les biens, d’où une faible propension à contracter des polices d’assurance.

Suite à ce déficit d’assurance, les pouvoirs publics font souvent face à des situations complexes du fait que les victimes de catastrophes espèrent et réclament des indemnisations totales de la part de l’État. Sous d’autres cieux, l’État est interpellé sur deux points : déclarer officiellement l’état de catastrophes sur les lieux où les événements se sont produits (localités, commune, portion de commune) ; ensuite, assister, dans le cadre de la solidarité nationale, les populations et les structures touchées en complément des remboursements censés être effectués par les organismes d’assurance.

L’évolution des structures sociales, de l’économie et de la culture a fait que, à travers le monde, les lois et règlements de l’urbanisme, de la construction, de l’aménagement du territoire font valoir d’une façon impérative leur conduite à suivre dans la gestion générale de la cité. Ces règles- outre l’harmonie, l’esthétique et la cadre de vie général qu’elles essayent de promouvoir pour le bien de la communauté- s’imbriquent aux dispositifs liés à la protection des biens et des personnes contre toutes sortes d’agressions qu’elles viennent de la nature-laquelle n’a jamais fait de cadeaux à l’homme- ou de la société elle-même lorsque les normes et la morale qu’elle s’est tracée se trouvent quelque part ébranlées ou biaisées.

L’on oublie souvent aussi que les risques naturels ou industriels sont aussi des coûts économiques qu’il y a lieu d’introduire dans les prévisions budgétaires. Il est vrai que l’ancienne économie administrée était peu regardante sur ce côté ‘’imprévisible’’ de la gestion. L’ouverture de notre économie sur le marché ne permet plus ce genre d’errements. Car, partout dans le monde, les coûts économiques (matérialisés en devis) prennent en compte les impondérables liés aux risques sécuritaires, sanitaires, industriels et naturels. Mieux, les banques qui financent les projets ne mobilisent les crédits qu’après avoirs jaugé des différents aléas qui pèsent sur eux. De même, les compagnies d’assurances modulent les niveaux de garantie et les prestations de remboursement en fonction des risques auxquels sont exposés les personnes et les objets assurés (projets, marchandises, immeubles, unités industrielles, personnel des ateliers…).

C’est d’une véritable culture de la gestion des risques et des assurances qu’il s’agit ici, culture qui, dans notre pays, peine à pénétrer les structures administratives, les entreprises et les foyers.

L’Algérie, instruite par une série de calamités liées à sa géographie physique et à la gestion approximative de son économie, ne peut pas se permettre de continuer à gérer anarchiquement et dans la précipitation la survenue de catastrophes au prix de vies humaines et d’infrastructures économiques qui auraient pu être sauvées avec un minimum d’organisation des méthodes d’intervention. La loi définit le risque majeur comme étant ‘’une menace permanente du fait de catastrophes naturelles ou d’activités humaines liées au progrès technologiques et à l’usage accidentel qui pourrait être fait de certaines matières’’. Dorénavant, l’installation d’unités industrielles seront tributaires des études d’impact sur l’environnement comme cela se fait à travers tous les pays du monde. En outre, il est fait obligation aux industriels, aux agriculteurs et aux particuliers exerçant certaines activités spécifiques de contracter des assurances contre les catastrophes.

Certains exemples, récents ou lointains, nous montrent que la préparation des pouvoirs publics et de la société aux éventuelles calamités naturelles ou industrielles est des plus aléatoires.

Outre des accidents domestiques ou industriels circonscrits dans un espace déterminé et ayant une envergure limitée, il y en a qui prennent des proportions plus dramatiques. Ces sont les catastrophes naturelles liées au climat (inondations, neige, longue sécheresse), aux grands incendies de forêts, qui menacent même les villages et les bourgades, et aux mouvements sismiques.

Amar Naït Messaoud

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