Prélude
Que reste-t-il sous le bonnet ?
Une tête désertée par la cervelle.
Qu’a-t-il laissé pour nous l’esprit de vaillance ?
Un simple fantôme pour soutenir nos luttes.
Qu’a pu bien nous léguer notre authenticité ?
Son simple nom que nous débitons à tout va ;
Nous en avons perdu même les traits.
Malheur à nous le jour où nous devînmes
Simple troupeau de moutons !
Affluant de partout,
Ils sont au chaud tant qu’ils sont réunis serrés.
Le chacal fait incursion en leur sein,
Et les moutons dans la débandade n’ont pu
Ni se repaître ni regagner la bergerie.
O toi colporteur de courroux,
Ne te présente plus devant notre seuil !
Nous sommes las de l’infortune des jours
Qui ne nous laissent aucun choix.
Assez de nous débarrasser des épines
Qui jonchent le parterre
Du chemin qu’emprunteront nos pieds.
Chant
Si ton cœur veut déborder
Ouvre-lui grandes les portes.
Avec tes paroles et les fils de ta guitare
Tu berceras le monde.
Tant que le ciel a besoin de toutes ses étoiles,
Les hommes aussi ont besoin de l’artiste.
Même si des gens te raillent,
Tu en es bien au-dessus.
Même si on te couvre de médisances,
Même si des paroles malencontreuses te sont adressées,
Ceux qui t’admirent
Et ceux qui te comprennent,
D’eux tu es issu ;
Nul n’osera t’offenser.
Tu as vu l’arbitraire
Et ton soupir s’éleva.
Dans le soupir, il vit le jour,
Et chacun l’a entendu.
Tu l’as dénudé et pétri ;
Tout le monde l’a vu.
Tu as dénoncé l’arbitraire devant le brave homme
Qui s’est retourné contre lui pour l’éliminer.
Tu as entendu les lamentations
De celui qui a vécu toujours dans les malheurs.
A l’écoute de ton chant,
Ses douleurs se sont apaisées.
Quiconque ignore dans sa vie la joie,
Traînant une patente malchance,
Place ses espérances en toi.
Insuffle en lui l’espoir.
Tu as vu la beauté
Et en as fait un poème.
C’est toi qui réveilles en nous le souvenir
De tout ce que nous oublions.
Tu lèves le voile
Sur tout ce qu’on nous a ravi ;
Et à chaque fois que sa flamme s’éteint,
C’est toi qui la ressuscites.
(traduction : A.N.M.)