Le village Imezdhourar, au nord du chef-lieu de la commune de Saharidj, est à 80 % vidé de ses habitants. Les raisons sont multiples. On citera la fermeture de l’unité de soins, de l’école primaire et l’absence de transport public. Cela a contraint les malheureux villageois à quitter les lieux, abandonnant terre et maison pour aller vivre à proximité des grands centres urbains afin de permettre à leurs enfants de suivre leur scolarité et à eux-mêmes de se rapprocher de leur lieu de travail, sans oublier le fait d’avoir à leur portée les services de santé et les administrations, entre autres.
Ceux qui n’ont pas où aller, environ 20 familles, vivent un calvaire continu, en entament une régression effrénée en matière de développement. Lors de notre déplacement, lundi dernier, dans ce village, le dernier en haute montagne sur les flancs ouest du Djurdjura, à 1 200 mètres d’altitude, les villageois rencontrés affirment que l’éclairage public est absent depuis plusieurs années à cause d’un insignifiant court-circuit survenu sur l’ouvrage.
Aussi, le village étroitement ceinturé de toutes parts par la forêt vierge se transforme en zoo dès la tombée de la nuit, avec l’arrivée de hordes de sangliers, de hyènes et chacals, qui déambulent à l’aise à travers les ruelles. Aucun villageois n’ose alors s’y aventurer. Les singes prennent le relais le jour mais sont moins agressifs. Nos interlocuteurs se plaignent aussi de la rupture du réseau de l’AEP depuis plus d’un mois. On nous explique que la conduite qui alimente le village, à partir du captage des sources Amane-Melloulen et l’Ainser-Gguidaou, a été transpercée en trois endroits par l’équipe de la STP.
Cette dernière a procédé à la pose de glissières sur le tronçon de la RN 30, qui traverse la partie rocheuse surplombe ce village sinistré. Nos interlocuteurs déplorent la fausse promesse des autorités quant à leur raccordement au gaz naturel à partir du village voisin Ath-Illiten distant de mois de 1 500 mètres. Cela fera bientôt une année que cette promesse leur a été faite sans que rien ne soit entrepris. A noter que les meilleurs enfants d’Imezdhourar, au nombre de 65, avaient sacrifié leur vie durant la guerre de libération.
Ce village à vocation agro-pastorale n’a pas été non plus épargné par les hordes sanguinaires du sinistre Hadj Tayeb, émir terroriste de la région durant la décennie noire. La dernière contrainte qui nous a été signalée est liée à l’assainissement. Actuellement, plus de la moitié du village n’a pas bénéficié d’un raccordement au réseau d’assainissement. Les villageois utilisent toujours des fosses sceptiques sommairement aménagées, lesquelles sont situées sur la partie supérieure du village. Ces fosses sceptiques rudimentaires sont une véritable menace pour la source noire située à environ 500 mètres sur la partie basse du village et dont le captage alimente 80 % du territoire de la daïra de M’chedallah. Cette source est exposée au risque d’infiltrations souterraines des eaux usées à partir de ces fragiles fosses sceptiques.
Oulaid Soualah