“Ma commune est sans ressources”

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La Dépêche de Kabylie : Monsieur le maire, ou en êtes-vous avec l’ambitieux programme que vous avez tracé lors de votre installation ?lAkli Moussouni : La situation financière des plus dérisoires que connaît notre commune qui, il faut le rappeler, est sans ressources, vivant seulement des subventions et allocations budgétaires, ne permet donc d’ambitionner aucun programme. Néanmoins, fidèles à notre engagement pour la promotion de la bonne gouvernance, nous gérons ces maigres subventions dans la transparence et en concertation avec les citoyens.

En général, les nouveaux élus ont toujours expliqué leur échec par la mauvaise situation qu’ils ont héritée ou par le manque de subventions, mais, il y a toujours quelque chose à faire, au moins au plan de la communication avec la population, n’est-ce pas ?l Non seulement nous n’avons pas à expliquer un quelconque échec, bien au contraire, la mauvaise situation que nous avons héritée n’a rendu que plus visible nos réalisations. Quant à la communication avec la population bien qu’ayant fixé deux journées de réception par semaine (dimanche et mardi), nous recevons, au besoin, quotidiennement les citoyens et nous nous déplaçons parfois dans les villages.

Pourtant, les citoyens que nous avons interrogés disent être insatisfaits et que rien de notable n’a été réalisé ?lQuelles que soient les réalisations qui sont pourtant nombreuses et visibles sur le terrain, il y aura toujours des insatisfaits. Dire que rien de notable n’a été réalisé, c’est être hypocritement aveugle pour l’affirmer, mais ne dit-on pas qu’il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir ? Aussi, je vous rappelle notre entretien du 22/12/2003 durant lequel j’ai cité les différentes réalisations de 2003. Quant à l’année 2004, voici quelques unes de nos réalisations :- Électrification du hameau Bekar, du village d’Aghouled et de trois lotissements à Adekar-centre ainsi que l’extension du réseau à Tighzert.- Le revêtement des pistes Mechnoua et Takhamra restées en souffrance depuis 2002.- Bitumage des artères du chef-lieu de la commune.- Construction d’un canton pour la garde communale qui occupe actuellement le centre culturel.- Extension de divers réseaux d’AEP et d’assainissement.- Aménagement du stade communal.- Organisation de plusieurs manifestations sportives.- Ouverture ces jours-ci d’une cellule de proximité de l’ADS à Tizi Ougueni, celle-ci apportera aide et assistance aux handicapés et aux nécessiteux.

Passons maintenant à autre chose. Comment se fait-il que la distribution des logements n’a pas encore eu lieu ?l La distribution des logements n’a pas eu lieu pour diverses raisons. Il y a lieu de rappeler qu’il s’agissait d’un cumul d’arrêtés depuis 2001 pour un total de 54 logements dont la situation demeure précaire à cause des déblais et autres glissements de terrain qui n’ont pu être évacués empêchant la réalisation des VRD. L’ampleur des demandes et difficultés rencontrées par les brigades d’enquête ont retardé énormément le travail de la commission qui, en dépit du prolongement du délai, n’a pu finaliser la liste des pré-bénéficiaires avant l’expiration de son mandat au mois de mais 2004. De ce fait il y avait lieu de renouveler la commission ou de transférer conformément aux textes en vigueur, le dossier à la commission de daïra. Le transfert a été décidé le mois de juillet 2004. Je saisis cette opportunité pour dénoncer cette énième aberration qui consiste à écarter les citoyens et leurs représentants de la gestion des affaires sociales. En effet, le récent décret vient d’effacer tout simplement la commission communale qui est représentative de toutes les couches sociales de la distribution des logements pour la confier à des commissions administratives. Je tiens ici à déclarer que nous ne pouvons cautionner ni nous impliquer dans une telle démarche.

Le transport scolaire et un autre problème auquel vous faites face depuis longtemps. Y a-t-il amélioration ces jours-ci ?l Il n’y a aucune amélioration. La commune n’a aucun bus (le seul bus dont nous disposons a été volé par les terroristes en 1993). Depuis, aucune indemnisation ni compensation n’a été accordée à la commune. Le ramassage scolaire est assuré donc par les transporteurs privés, cela demeure insuffisant. Et depuis le départ de certains transporteurs qui ont contracté des conventions avec le COUS de Béjaïa pour assurer le transport des étudiants, cela a aggravé le déficit déjà existant.

On a entendu dire qu’une commission d’enquête est passée chez vous ces derniers jours. Peut-on savoir les raisons ?lNous avons eu la visite des inspecteurs de la wilaya pour une inspection (selon eux) concernant le fonctionnement des différents services de la commune. S’agit-il de la commission d’enquête à laquelle vous faites allusion ?

Que prévoyez-vous de réaliser avant la fin de votre mandat ?l Dois-je encore rappeler que la commune est sans ressource et n’est subventionnée même pas pour ses dépenses obligatoires ? Comment voulez-vous que nous prévoyons des réalisations qui sont tributaires de subventions octroyées dans les cadre des PCD dont le canevas de cette année est estimé à 9 000 000,00 Da pour la première priorité et ce quelle que soit la situation de la commune et les propositions de l’APC. Il y a lieu aussi de signaler les inégalités incroyables constatées dans toutes les répartitions. Nous ignorons même les critères pris en considération.Enfin, pour l’année 2005, nous avons comme actions de première priorité :- La réalisation de la 2e tranche du réseau de distribution d’eau du chef-lieu.- Le confortement et l’élargissement du pont Kiria dont l’expertise à été réalisée en 2004.- Extension des réseaux d’assainissement de divers villages.- Réalisation de deux aires de jeux pour les activités sportives.- D’autres actions peuvent être réalisées dans d’autres cadres.

Un mot, peut être, à votre population ?lQue dire à une population confrontée quotidiennement à des conditions de vie déjà insupportables ? Elle constate avec exaspération l’obstination de l’administration à réduire les prérogatives de ses élus, les privent de ressources consistantes à même de répondre à ses besoins minimaux. Néanmoins, sa mobilisation et son organisation demeurent impératives pour défendre ses droits et préserver les acquis.

Entretien réalisé par Boualem B.

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