Un malade mental pas comme les autres

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D’habitude des malades mentaux qui meublent les rues dans nos villes et villages sont souvent assimilés à la violence et la peur qu’ils exercent sur les populations, particulièrement les femmes et les enfants.A Assi Youcef, un malade mental a débrayé la chronique.S’étant enfermé chez lui pendant plusieurs années, ce quadragénaire donne, chaque jour que Dieu fait, une leçon de civisme et d’humanisme aux gens soi-disant normaux, sur la place publique du chef-lieu de la commune.En effet, tantôt il ramasse des débris de verre, des bouteilles de limonade et de bière sur la chaussée ou sur le trottoir pour les jeter dans une décharge pas loin de là, tantôt il s’attaque aux détritus, sachets en plastic, pierres et autres coincés dans les caniveaux pour eaux pluviales. Parfois encore, il invite tous les passants à partager avec lui son sachet de cacahuettes, ou autre chose qui lui a été offerte ou qu’il a acheté.Mais son vrai tic, plutôt son geste le plus habituel, célèbre, c’est le salut militaire qu’il “présente” aux gardes communaux durant plusieurs minutes, sans bouger, mais aussi à d’autres passants, y compris les enfants.Ces derniers d’ailleurs se plaisent à merveille à sa rencontre et l’incitent souvent à les saluer. C’est l’école primaire du centre, à vrai dire, qui est son fief idéal quotidien. Son sourire n’a pas d’égal chez les dizaines d’enfants pour lesquels il est plutôt éducateur que malade mental. Si être souriant et tendre et aimable est le propre de malades mentaux, auraient pensé ces chérubins, autant rendre mentalement malades tous les gens “normaux” qui aiguisent la violence et sèment la peur, la haine.Autrement dit, un malade mental peut donner des leçons de civisme et d’humanisme. Tant pis pour ceux qui ne sont pas malades.

Salem Amrane

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