Un hôpital en souffrance

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L’hôpital de 140 lits de la daïra de Boghni, dont la réalisation remonte à l’ère coloniale, est en souffrance.

Cette seule infrastructure hospitalière, qui couvre au moins trois daïras, à savoir Boghni, Ouadhias et Maâtkas et totalisant près de 200 000 habitants, est, aujourd’hui, submergée. Sa capacité d’accueil limitée fait que les malades subissent les contres coups de l’exiguïté et de l’indisponibilité de moyens adéquats et de médecins spécialisés. Les malades hospitalisés en souffrent, notamment au service homme où même l’aération et la lumière naturelle font défaut. Les malades sont entassés, parfois, dans des boxes sans grandes commodités. Au service femme, il nous a été donné d’assister à une scène choquante, mardi dernier. En effet, de retour de chez un cardiologue, une malade a rendu l’âme dans la salle malgré les efforts des médecins pour la réanimer. Mais le fait choquant est que la dépouille, qui logiquement devait être immédiatement transférée à la morgue de l’hôpital, a été juste couverte à l’aide d’un drap et laisser au beau milieu des autres patientes et des visiteurs pendant plus de 2 heures. Pendant les heures de visite, les services sont envahis par des dizaines de visiteurs créant une ambiance intenable, surtout pour les cas graves. On se croirait partout sauf dans un hôpital. «Sous des cieux plus cléments et plus respectueux, les malades sont mis dans des chambres et les visiteurs ne rentrent pas tous à la fois. Le silence est recommandé et le temps de visite limité pour ne pas fatiguer le patient», dira un visiteur ayant vécu à l’étranger.

Le scanner, les radios, les analyses et les médicaments chez le privé

Ce qui est plus frappant, c’est que les malades hospitalisés doivent payer leurs ordonnances. Les médicaments prescrits vont être achetés par le patient de chez un pharmacien privé. Si par hasard, le patient ne détient pas la fameuse carte Chifa, c’est le calvaire. Pour faire certaines analyses, comme la TSH (détection du goitre), il faut également aller chez un privé. A l’hôpital, cela n’existe pas. Pour une radiologie du cœur, il faut également transporter le malade, avec ses propres moyens, chez le cardiologue du coin et il faut bien sûr mettre, encore une fois, la main à la poche, car cette dernière se chiffre à 2 000 DA. Pour un scanner, il faut se rendre également chez le privé pour le faire à 12 000 DA et sans aucun commentaire ! La voracité financière des privés n’est plus à démontrer. Le pire, c’est que l’hôpital dispose d’un scanner flambant neuf acheté à coût de millions de dinars, mais point de radiologue pour le faire fonctionner. Le nouveau pavillon enfant-mère, construit il y a quelques années, ne fonctionne que partiellement. Le 2ème étage où se trouve le service pédiatrie est mis en service, mais le rez-de-chaussée et le 1er étage conçus pour le service maternité et la gynécologie obstétrique ne sont toujours pas opérationnels «pour indisponibilité de monte charge», précisera un praticien. Pour avoir un rendez-vous en vue d’une intervention chirurgicale, il faut attendre de longs mois, le temps que la maladie se complique ! C’est dire que l’hôpital est en souffrance, malgré la bonne volonté de l’encadrement et des praticiens. Il faut vite remédier à cette mauvaise situation qui prend en otage des centaines de patients déjà malmenés par la maladie. Il faut également penser à la construction des hôpitaux annoncés par les responsables du secteur à Ouadhias et à Maâtkas pour, d’une part, desserrer l’étau sur l’EPH de Boghni et de l’autre part concrétiser la politique chère à nos gouvernants, à savoir la proximité et la gratuité des soins.

Hocine T.

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