La tradition perpétuée

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Après Zoubga et Aït Abdellah, c’est le village Aït Atsou qui a organisé, durant le week-end dernier, le rituel traditionnel « Assensi » (veillée) à Azrou N’Thour, dans la commune d’Illiltène.

Assensi est une tradition séculaire que les habitants des 03 villageois précités continuent à célébrer de génération en génération, chaque année au mois d’août. « Le rituel consiste à sacrifier des bovins, des ovins ou des caprins et veiller pour préparer le déjeuner à offrir aux pèlerins qui s’y rendront le lendemain, pour partager ensemble, en toute convivialité cette nourriture bénie par Dieu avec eux », dira Allouche Moussa, un sexagénaire du village d’Aït Atsou. Et d’ajouter : « Pas moins de 28 moutons ont été égorgés en la circonstance. Du couscous a été préparé la veille. Chacun aura sa part de viande et du couscous à manger à satiété ». « Les dons amassés, des habillements, des bêtes et autres objets seront vendus aux enchères, le jour de Timachret qu’organisera le village une semaine après, alors que le reste de la nourriture est distribué aux démunis », expliquera notre interlocuteur. Vers 10h, un « agraw », une sorte d’assemblée constituée de religieux, s’installe en demi cercle dans une placette aménagée en la circonstance, pour accueillir les gens venus offrir des dons « Sadaka ». Ces derniers qui offrent de l’argent, de l’habillement ou des bêtes, reçoivent en contrepartie la bénédiction de Dieu par la voix de ces fidèles qui le prient du sommet d’Azrou N’Thour dans l’espoir de voir leurs vœux exaucer. Certains montent même, jusqu’à la « Takarabt », une baraque où s’enfermaient les premiers saints qui communiaient avec le Seigneur pour le prier à leurs tours, tout en allumant des bougies. « Azrou », en français (pierre) et « Thor » est la deuxième prière de la journée pratiquée par les musulmans, entre midi et 13 heures. Azrou N’Thour indique le repère de cette prière au moment où le soleil atteigne ce mont, situé à plus de 1 800 mètres d’altitude d’où l’on peut admirer, à perte de vue, les paysages paradigmatiques de la vallée de la Soummam, les plaines de Bouira, ainsi qu’une grande partie des versants sud-est de la haute Kabylie. Nous avons constaté à travers les plaques d’immatriculations que les gens affluent de presque tous les quatre coins du pays. Nous avons abordé plusieurs personnes étrangères à la Kabylie, afin de nous dire ce qu’elles pensent de cette cérémonie. Tout le monde s’accordent à « évoquer la bonne organisation et la générosité des gens de cette région très sociables et très accueillants », notamment cette femme venue de Biskra qui nous a dit : « Azrou N’Thour est un site à double vocation, c’est un lieu de pèlerinage, mais aussi un endroit touristique, de par sa situation géographique et ses paysages enchanteurs, notamment son eau fraîche ». « Nous déplorons l’état caillouteux de la piste conduisant vers le site. Nous pensons déjà à y retourner l’année prochaine et nous espérons retrouver ce chemin aménagé afin de permettre un meilleur accès et ne pas trop marcher à pied », ajoutera-t-elle.

Madjid  Aberdache

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