A Ath Laâziz, la vie est intenable

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Sans l’apport en euros des retraités et de l’argent des récoltes d’olives, les habitants d’Ath Laâziz ne pourraient pas à vivre décemment. En effet, les villageois souffrent du manque flagrant de plusieurs commodités nécessaires et, à ce sujet, il est utile de rappeler que la circonscription d’Ath Laâziz, pourtant issue du dernier découpage administratif datant des années 80, n’a toujours pas évoluée, et ce en dépit du fait même que cette région ait payé un lourd tribut lors de la Révolution algérienne.

Crise d’eau et pistes impraticablesMalgré ses énormes sacrifices pour le recouvrement de l’indépendance, les populations de la région d’Ath Laâziz, se retrouvent aujourd’hui à vivre comme au Moyen Age. Les commodités les plus élémentaires sont, pour ainsi dire, inexistantes.La crise d’eau potable continue de défrayer la chronique dans cette localité et de nombreux villageois se plaignent quotidiennement de l’absence du précieux liquide, même en hiver. Lors de notre déplacement dans quelques villages de ladite commune, des citoyens n’ont pas cachés leur colère tout en dénonçant les autorités locales qui, selon eux, ont “marginalisés les villageois”. La réalité est bien visible sur le terrain. Notre première visite s’effectue au village d’Ivoughardanen. Cette bourgade, située au sud du chef-lieu, est complètement oubliée. Un habitant rencontré sur les lieux nous parle de la pénurie d’eau qui persiste dans tous les foyers de la commune d’Ath Laâziz. Ace propos, il nous a confié : “Nous avons le droit à 05 litres par jour.” Il convient de noter que ce problème trouve son origine dans la mauvaise distribution et la défaillance des canalisations des principales sources. “El Anasser” est un endroit situé entre les deux communes de Draâ El Mizane et d’Ath Laâziz, regorgeant de sources naturelles mais qui demeurent toujours mal exploitées. Une autre localité qui est mal desservie en ce précieux liquide est celle d’Ighil Bdoumouren qui regroupe quelques hameaux et bourgs avec une population qui dépasse les 3000 âmes, à savoir les villages de Idjemaâthen, Ighachamen, Iguerrachen, et Ath Khelouf. Notons que l’ancien exécutif communal avait réalisé deux forages pour alimenter ces populations mais l’eau ne coule toujours pas dans les robinets. Les raisons avancées par les uns et les autres diffèrent, mais la souffrance des familles d’Ighil Bdoumouren demeure.Un autre problème accentue la vie déjà difficile des habitants de la circonscription d’Ath Laâziz, c’est celui des pistes et de l’impraticabilité des chemins. Certains villages tels que Semman, Ivoughardanen et Ivarvaren demeurent, à ce jour, coupés du monde pour défaut de pistes aménagées. Même lorsque des pistes existent, leur état est lamentable. Elles sont boueuses en hiver, poussiéreuses et cahoteuses en été. Comme c’est le cas dans les villages de Chekouh, d’Ihambarken et d’Imbarken car une simple virée sur les lieux renseigne le visiteur sur l’état déplorable dans lequel vivent ces habitants. En conséquence, les citoyens affirment que pour acheminer des matériaux de construction ou des sacs d’olives en cette saison oléicole, ils sont contraints de les porter sur leurs dos où d’utiliser des bêtes de somme. Il est bon de rappeler que ceux qui souffrent le plus de cet état de fait, ce sont bien les habitants d’Ibourassen et ce du fait que le village est implanté sur les hauteurs d’une colline. Cet enclavement dû à une absence totale de chemins et de pistes, aménagées et menant à ce village, obligent les familles qui y vivent à parcourir des kilomètres à pieds pour rejoindre les arrêts de transport sis au village Ifoudhien. A rappeler que, dernièrement, les citoyens sont passés à l’action en procédant à la fermeture du siège de l’APC. Ils ont tenu à dénoncer les responsables locaux qui- selon eux – n’ont pas respecté leurs promesses, avancées lors des campagnes électorales. Notons que la commune d’Ath Laâziz enregistre plus de 30km de pistes non encore bitumées à ce jour.

Manque d’infrastructures et crise du transport scolaireLa municipalité d’Ath Laâziz accuse un retard énorme en matière de réalisation d’infrastructures scolaires. En effet, des élèves continuent de parcourir de longues distances à pied et de supporter le foid afin de rejoindre leur collège ou leur lycée, lesquels sont situés loin de chez eux. Cette commune n’est pourvue que d’un seul CEM implanté dans la localité de Maâla, (80km à l’ouest du chef-lieu de la commune) où tous les élèves de la région sont scolarisés. L’établissement regroupe, actuellement, plus de 1000 élèves venant de tous les villages environnants. A noter qu’un autre CEM, qui devait ouvrir ses portes en 2004, est en cours de réalisation à Bezzit-Haut.A souligner qu’un projet de réalisation d’un lycée est en cours dans la localité de Malla. Actuellement, plus de 700 lycéens de cette commune étudient au chef-lieu de wilaya.Par ailleurs, trois bus assurent le transport scolaire, mais uniquement pour les filles issues des villages Bezzit Haut, Bezzit Bas, Ath Chatbi, Ikassarien, Iaalwachen, Ikhedachen et d’Ibourassen

Les jeunes livrés à eux-mêmesSi les plus chanceux réussissent à décrocher le BEF pour passer au lycée, les autres élèves qui n’ont pas pu suivre normalement leur scolarité à cause de l’éloignement des établissements, se retrouvent livrés à eux-mêmes. Ceci est d’autant vrai que la région ne propose aucun espace à même de leur permettre de s’occuper. Néanmoins, de temps à autre, de jeunes artistes prennent des initiatives pour rompre avec la monotonie en organisant des galas, tel les commémorations du Printemps berbère. “Heureusement que ces animateurs bénévoles sont là pour nous divertir de temps à autre” a dit un jeune mordu de la musique.Le domaine sportif n’est pas plus reluisant, pour ne pas dire que c’est quasiment le néant, car la seule association ASCAL, qui existe, est en cessation d’activités pour d’innombrables raisons dont l’absence d’infrastructures d’accueil (stades, salles de sport…). A ce propos, il est judicieux de préciser que d’importantes enveloppes financières ont été dépensées, mais sans connaître de finalité. L’exemple d’une aire de jeux non aménagée à ce jour, servant de stade et située au village Ikassarien, est flagrant. Un autre espace de ce genre, presque aménagée, sis au village Maâla, “aura coûté” au contribuable la bagatelle de 700 millions de centimes. Cette aire de jeux est malheureusement utilisée par un entrepreneur qui entrepose les remblais du lycée. Résultats, le terrain est impraticable. Les anciens membres de l’association ASCAL déclarent en substance que les responsables locaux ont failli à leurs missions. En conséquence, ce sont des centaines d’athlètes qui se retrouvent sans aucune activité sportive et ce sont les salles de jeux et les cafeterias qui accueillent massivement ces jeunes jusqu’à une heure tardive de la nuit. Dès notre arrivée au village Amen Greur, un jeune de notre connaissance annonce que la vie en ces lieux n’est pas toujours facile “A partir de 20h, notre village devient un marché ouvert à la “chira” et aux autres drogues qui font des ravages parmi les jeunes.” a-t-il souligné. Aussi bien à Maâla qu’à Bezzit, c’est la même image de déperdition juvénile. Où sont donc passer les pouvoirs publics ? Où sont passées les belles promesses des campagnes électorales ? Même les collégiens n’échappent pas à ce fléau.

Chômage : un véritable casse-tête pour les jeunesLe taux de chômage dans le villages d’Ath Laâziz a atteint un seuil alarmant, avoisinant même les 50%, et les nombreux jeunes livrés à présent au chômage ne risquent pas de décrocher de sitôt un quelconque emploi. En ce sens, il faut rappeler qu’en dehors des deux projets qui existent actuellment, pour l’avenir, la commune ne prévoit aucun autre en mesure de procurer du travail. Parlant de ces projets, à savoir la réalisation d’un lycée et la rénovation du tunnel de Oued Djemaâ, confié à une entreprise mixte Algéro-Allemande, une cinquantaine de jeunes ont réussi à être recrutés. En attendant, les centaines d’autres jeunes, seulement, n’ayant toujours pas déniché d’emploi se plaisent à rêver à l’eldorado et à s’exiler pour vivre sous d’autres cieux plus cléments, sans doute. En somme les habitants de la commune d’Ath Laâziz souhaitent ardemment, et il est grans temps d’ailleurs, que les pouvoirs publics prennent l’initiative de lancer des projets de développement et créateurs d’emplois, tels le revêtement des routes et l’ouverture des pistes.En attendant de pouvoir à l’avenir vivre des jours meilleurs, les populations d’Ath Laâziz espèrent néanmoins que les autorités publiques se penchent sérieusement sur le cas de leur commune. Les jeunes, quant à eux, attendent impatiemment qu’un changement se fasse pour le bien de la région.

A. Fedjkhi

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