Y a-t-il quelqu’un pour désamorcer la crise ?

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La scène n’a pas changé d’un iota. Toujours la même banderole étalée sur le portail donnant accès à la mairie.

Un groupe de jeunes, dos audit portail, barre le passage. Un peu à l’écart, par groupes de cinq à six, les contestataires discutent entre eux de l’éventuelle évolution de la situation. Plus loin, les fonctionnaires de l’APC observent la scène médusés. De l’autre rive de la rue, les curieux observent la scène avec parfois un commentaire, mais le plus souvent dans l’indifférence totale. «Par les temps qui courent, la chose publique n’intéresse plus les gens. On ne se préoccupe de cette mairie que quand le besoin nous y force, sinon on fait comme si cette institution n’existe pas», dira un des citoyens approchés par nos soins pour nous donner leur avis sur ces fermetures à répétition du siège de l’APC de Timizart, dans la daïra d’Ouaguenoun. Et d’ajouter : «cela ne constitue plus, et ce, depuis belle lurette, un événement au niveau de notre municipalité tant la chose est devenue monnaie courante. Ce n’est pas la première fois et ce ne sera pas la dernière que les gens auront recours à ce procédé pour faire valoir leurs droits !». Toutefois, pour cette fois-ci, les choses semblent se corser puisque les habitants du village Mahbouba semblent résolus d’aller jusqu’au bout de leur action tant que les autorités, interpellées de cette manière, ne daignent pas répondre à leurs doléances. Or, il semble que pour le moment, c’est le statu quo ! Au moment de notre passage pour en savoir plus sur l’évolution de la situation, aucun responsable de la mairie n’était présent sur les lieux. Cette absence des élus fera ironiser un des contestataires : «il parait qu’ils sont tous pris par la célébration de la journée du 8 mai. Or, à notre avis, la meilleure façon de rendre hommage à nos martyrs, c’est justement d’œuvrer à solutionner les problèmes dont souffrent les citoyens, de concrétiser cet idéal de justice, de liberté et de dignité pour lesquels nos martyrs se sont sacrifiés. On fait semblant d’honorer la mémoire des disparus alors qu’on piétine les droits des vivants». C’est dire le courroux des habitants du village Mahbouba face à ce qu’ils prennent pour un déni, voire même du mépris. Pourtant, aux dires de Da Belkcem, le responsable du comité du village Mahbouba, Ils étaient étaient disponibles au dialogue. «Nous nous sommes rendus le premier jour de notre action (mercredi) à la wilaya et nous avons eu un entretien avec le chef du cabinet de monsieur le wali. On tenait à ce qu’un compromis soit trouvé pour ne point gêner nos concitoyens par notre action. Nous avons aussi vu le P/APW qui semblait ignorer totalement l’engagement pris par les différentes directions de la wilaya lors de notre réunion du juin 2015 et leurs promesses d’agir en vue d’apporter des solutions au marasme que vit notre village depuis des années de cela. De ces deux rencontres, mis à part des promesses timides, rien d’officiel ne fut dégagé. Cela nous à poussés à organiser une assemblée générale au village pour voir la suite à donner à notre action. C’est forts de l’appui de la majorité absolue du village que nous avons décidé de continuer à fermer la siège de la mairie, et ce, jusqu’à ce que nos problèmes, cités dans notre plate-forme de revendications, soient réellement pris en charge sur le terrain, en vue de les solutionner», dira notre interlocuteur. «Il suffit de visiter notre village pour constater de visu l’état des routes défoncées et impraticables. Depuis 2010 qu’on nous promet leur aménagement sans rien voir venir. Le prétexte trouvé pour ne pas réaliser ces travaux était d’attendre à ce que le réseau d’assainissement soit réalisé (2010), ensuite, il nous fallait patienter à ce que celui d’AEP soit fait (2012), mais il nous fallait encore patienter et attendre la finalisation du réseau d’alimentation en gaz naturel (2014). Or, aujourd’hui, tous ces travaux sont finalisés ; dès lors, on ne comprend pas pourquoi la route principale qui dessert le village ainsi que les ruelles adjacentes sont laissées en l’état, c’est-à-dire complètement défoncées !», nous expliquera un autre membre du comité du village. Mais apparemment, les griefs sont plus nombreux encore, puisque selon Da Belkcem, le réseau devant alimenter le château d’eau du village est complètement vétuste et nécessite un renouvellement total. «Nous ne sommes alimentés en eau potable que tous les dix jours et cela alternativement par quartier. Tout cela à cause du tuyau qui relie le château d’eau principal de la commune à celui de Mahbouba et dont la dimension fut réduite de 100 de diamètre à 76. Cette conduite totalement rouillée subit des fuites et nécessite son renouvellement dans sa totalité pour un approvisionnement juste et en adéquation réelle avec les besoins de notre village», expliquera-t-il. Dès lors, la question que se pose le citoyen est la suivante : «Que faire pour que ces actions qui consistent à fermer la mairie et à prendre en otage toute une commune cessent ? Pourquoi nos élus n’anticipent pas sur ces problèmes ? Ne dit-on pas gérer c’est avant tout prévoir ? Si à chaque fois, pour se faire entendre, il faut assiéger la mairie, dans ce cas, que font ces élus et à quoi servent-ils ? Nous sommes las de ce genre d’action, mais peut-on faire autrement ? Tant de questions qu’il nous faudra bien débattre un jour ; il me semble que faire de la politique devrait commencer par ce point essentiel : quel doit être le profil de l’élu que devront présenter les partis politiques en lisse pour une élection électorale aux électeurs. Peut-être qu’une fois cette équation élucidée, on n’arriverait pas à ces actions extrêmes qui portent préjudices aux citoyens». Tels sont les propos qui reviennent dans la bouche des citoyens que nous avons questionné sur cette situation qui risque de durer encore longtemps.

A.S. Amazigh

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