La 11e édition lancée

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La Zaouïa Sidi Ali Ouyahia de l’aârch d’Ath Kouffi, sur les hauteurs de la ville de Boghni, ne cesse de se faire connaître grâce à l’enseignement coranique et les sciences islamiques qu’elle prodigue durant toute l’année, mais surtout grâce à ses sessions d’été réservées exclusivement aux filles, notamment des étudiantes.

Samedi dernier dès huit heures du matin, les filles accompagnées de leurs parents, venues de contrées très lointaines d’Algérie, ont commencé à prendre d’assaut ce point culminant d’Ath Kouffi, dominant toute la vallée Sud de la wilaya. En effet, il ne suffit que de relever quelques plaques d’immatriculation pour dire que l’événement est national : 19, 10, 35, 02, 16, 09, 42… ce ne sont là que des exemples. Selon les organisateurs, 250 filles, pratiquement toutes des étudiantes en fin de cycle, vont passer leurs vacances dans ce haut lieu à apprendre le Saint Coran et se perfectionner dans le domaine des sciences islamiques grâce aux efforts de toute l’équipe, à leur tête Cheikh Said Kadi et Abderrahmane Mostefaoui. Dans une salle archicomble, on a remarqué la présence d’éminents théologiens et hommes religieux que M. Ali Kadi, président de l’association de la Zaouïa. «La tradition est ancrée au sein de notre Zaouïa, ouverte à tous les Algériens et Algériennes sans aucune distinction. Si durant l’année, nous recevons jusqu’à 40 talebs pris entièrement en charge, les week-ends nous comptons une quarantaine de filles qui viennent pour apprendre le Livre Saint. Pour cette 11e édition que je déclare ouverte, nous avons 250 filles venues de 17 wilayas du pays. Elles seront encadrées par nos éminents enseignants et chouyoukhs sous notre protection. Le problème de sécurité ne se pose pas. Nous l’assurons avec nos propres moyens», soulignera M. Kadi, avant de céder la parole aux invités. Il y avait dans la salle en plus du maire de Boghni, le chef de daïra, Mohamed Tahar Ait Aldjet, le doyen des théologies qui, en dépit de son âge avancé, n’a pas hésité à faire ce périlleux déplacement jusqu’au Djurdjura, le docteur et professeur Amar Talbi, Mohamed Belghit, professeur à l’Université des sciences islamiques de Kharrouba (Alger), El Hadi El Hassani, Ali Naili, représentant de la direction des affaires religieuses et des waqfs et bien d’autres. Ce fut à Ait Aldjet que l’honneur sera donné en premier pour prendre la parole. Ce théologien reviendra longuement sur l’apport de l’Islam dans la lutte pour l’indépendance du pays, tout en souhaitant que cette édition sera réussie d’autant que ce sont les filles, qui, à l’époque coloniale, étaient exclues de l’enseignement, qui recevront cet enseignement empirique de la part des enseignants de cet institut. De leur côté, le maire et le chef de daïra trouveront que cette Zaouïa mérite d’être sauvegardée et préservée. Ils promettront leurs aides dans la mesure du possible et appelleront les bienfaiteurs à aider cette école, laquelle est la fierté non seulement de la région, de la Kabylie, mais aussi de l’Algérie. Le professeur Amar Talbi souhaitera que le ministère de l’Éducation nationale et celui de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique pensent ensemble à trouver un moyen d’intégrer ces talebs dans la formation à l’université : «Je proposerai à ce que les diplômes délivrés par ces Zaouïas soient reconnus afin de former de vrais théologiens parce que l’enseignement général n’offre pas cette possibilité», soulignera-t-il. Et d’expliquer : «L’apprentissage du Coran doit être modernisé. Il faut une autre méthodologie à l’heure du son et de l’image. On doit opter pour une méthodologie scientifique». Dans son intervention, un ex-wali en retraite, originaire de Djemaâ Saharidj, très heureux de se retrouver au milieu de ce panel de personnalités, fera part de son projet de construction d’une mosquée et d’une Zaouïa dans sa localité. Mohamed Belghit, le docteur Mekerkeb, Mechnène et bien d’autres monteront sur le podium pour, chacun de son côté, remercier les animateurs de la Zaouïa pour tous leurs sacrifices pour propager un islam tolérant et aussi pour donner leurs différents points de vue. De son côté, cheikh Said Kadi n’ajoutera rien de plus parce qu’il considère que ce choix qu’il fait pour aider cette Zaouïa n’est qu’un devoir comme les autres que doit accomplir chaque musulman, là où il se trouve. Abderrahmane Mostefaoui, en sa qualité d’encadreur dans cette Zaouïa et coordinateur des Zaouïas de la wilaya, évoquera la même expérience en cours au niveau de la wilaya, qui est à sa 4e édition et où des milliers de jeunes filles et jeunes hommes ont réussi à apprendre le Saint Coran en entier. L’assistance a eu droit à des interventions de haut niveau par d’autres professeurs que nous ne pourrons citer tous ici. En outre, le coup d’envoi de cette 11e édition a été un moment, aux étudiantes, de monter sur l’estrade et de lire des versets coraniques. Il y a eu aussi des poèmes récités en tamazight. En tout cas, ce fut une rencontre de haute facture, où les présents se sont régalés aussi bien par les intervenants que par ces étudiantes dont les compétences sont aussi avérées dans les autres domaines. Elles sont des dentistes, des médecins, des enseignantes, des économes… Avant de clore cette fête, un couscous a été offert aux invités et à toute l’assistance.

Amar Ouramdane

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